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Artistes

Julie Maquet

Julie Maquet est artiste plasticienne, sa pratique est axée sur le dessin, la sculpture et l’installation. Diplômée d’un Dnsep à l’Esba Talm Angers en 2015, aujourd’hui elle vit et travaille à Nantes. Elle réalise régulièrement des résidences d’artistes en France, et depuis peu à l’étranger, ainsi que des expositions personnelles et collectives. Depuis sa première résidence au Centre d’Art de L’Ile de Moulinsart en 2015, elle a participé au festival d’Art des Hortillonnages à Amiens en 2017, a réalisé une résidence de six mois à Montluçon au sein de Shakers en 2018, suivie d’une seconde résidence de six mois à la Maison des Arts de Saint-Herblain la même année, qui seront suivies chacune d’une exposition personnelle. Elle rejoint les ateliers d’artistes de Millefeuilles production en Mars 2019 à Nantes et part ensuite pour la première fois réaliser une résidence internationale de trois mois au Taipei Artist Village, à Taipei, Taïwan, en partenariat avec le Lieu Unique de Nantes, l’Institut Français et la Taipei Culture Foundation. Fin 2019, elle fait partie des lauréats du Prix des Arts Visuels de la Ville de Nantes avec quatre autres artistes et rejoint les ateliers Bonus en 2020 sur l’Ile de Nantes. Elle obtiendra ensuite l’Aide à la création de la Région des Pays de la Loire, réalisera une résidence d’un mois au Centre d’art Contemporain de Pontmain en 2021 ainsi qu’une résidence de deux mois et demi à l’Abbaye Royale de Fontevraud, classée Monument Historique, qui seront chacune suivie d’une exposition collective des résidents. Elle participera ensuite à l’exposition collective des lauréat.e.s du Prix des Arts Visuels de la Ville de Nantes durant l’été 2021, suivie d’une résidence de deux semaines au Lieu Unique à Nantes. Après une exposition personnelle à l’Abbaye de Saint Florent le Vieil à l’Automne 2021 sur la communauté de commune de Mauges-sur-Loire, elle réalise actuellement une résidence de quatre mois au Site Saint-Sauveur, entre Janvier et Mai 2022 à Rocheservière, Terres de Montaigu, qui sera suivie d’une exposition collective du 15 mai au 25 septembre 2022.

"J’ai une pratique du dessin, du volume et de l’installation qui consiste à déplacer de manière poétique la fonction première d’objets utilitaires, calibrés et standardisés afin d'interroger justement les notions de standard, de norme et de conformité mises en place par le monde humain, et qui font ainsi apparaître et exister avec elles la notion de monstre et de curiosités. Plus globalement je pose la question : qui sont les monstres ? Je travaille avec des objets manufacturés et des matières industrielles achetés en gros, comme recyclés ou récupérés, auxquels on ne s’intéresse pas au-delà de leur usage domestique et pratique. J’utilise le potentiel esthétique et les propriétés physiques de ces objets ou matières afin de produire des artefacts qui évoquent la nature, vecteur par lequel je passe pour proposer mes interrogations. Ces artifices qui associent au sein d’une même forme nature et production industrielle, ont des formes hybrides, ambiguës et organiques, animales, végétales ou minérales, et peuvent avoir parfois une dimension sexuelle forte.

Le déplacement des objets s'opère à travers un processus simple, parfois précaire, mais organisé, d’une accumulation d'un objet et de la répétition d'un geste intuitif, hasardeux ou réfléchi, qui rappelle le labeur d’un tissage ou du travail à la chaîne. Par ailleurs, j’aime sublimer la matière en intervenant à la main sans savoir-faire particulier et avec peu d’outils, sur des objets fabriqués par des machines. Je travaille les objets avec une forme d’amateurisme, et cette idée du « fait main » rappelle une forme de précarité liée au bricolage, rendu possible par le temps passé à faire des tentatives et des manipulations diverses en atelier, d'objets en tout genre, permettant ainsi à des gestes intuitifs, aléatoires et accidentels de voir le jour. Souvent, j’exploite le caractère hasardeux et inattendu de ces manipulations d’objets, pour en faire une base de travail. Parfois, je choisis également de ne pas contrôler complètement la matière, et de laisser une part de hasard agir sur la forme de l’œuvre, ou de faire cohabiter des gestes contrôlés avec des gestes aléatoires.

En volume comme en dessin, j’essaye d’être aussi efficace et productive qu'une machine, mais sans jamais réussir à en égaler les performances. A travers ce désir d’automatisme, mes sculptures évoquent l'épuisement du labeur et apparaissent aussi comme des vestiges, des fragments ou des ruines, parfois grotesques, fantaisistes ou farfelues, souvent faussement naïves. Elles prennent la forme de trophées, de beautés monstrueuses, de curiosités morbides, précieuses, inquiétantes, rappelant à chaque fois le corps humain. Leur mise en espace est très souvent modulable, selon les caractéristiques des lieux dans lesquelles elles sont présentées. Je les fais aussi volontairement s’accorder comme digresser de leur contexte de réalisation et d’exposition, ce décalage d’une œuvre avec son contexte permettant de faire apparaitre la dimension de curiosité. Les œuvres deviennent alors des subterfuges qui suggèrent un monde chimérique, à la fois vivant et artificiel, en référence aux artificialias exposées dans les cabinets de curiosités. Ainsi, mon travail est un funeste hommage, poétique et ironique, à notre monde asphyxié d’objets et de surproductions en tout genre, qui façonnent nos gestes, nos façons de pensée et nos corps. Il est un miroir qui interroge cette volonté et obsession qu’a l’humain de standardiser le monde, le vivant et les choses."

Julie Maquet