Gwenael Porte
Né en 1993, Gwenaël Porte a suivi des études cinématographiques à Montpellier et Paris, et participé à la création d’une revue de cinéma en 2015. Il obtient le diplôme de l’école nationale supérieure de la photographie en 2019.
Il co-fonde la revue La nuit., dont il signe l’identité photographique et co-dirige la collection Penser, décider, agir (éditions Belopolie).
Il vit et travaille entre Paris & Toulouse.
La question du vide et du manque dans l’image est au centre de mes recherches plastiques.
Mon travail explore souvent les limites du médium photographique et vise à interroger notre regard sur ce que nous voyons. Ainsi, je questionne les conditions d’apparition des images dont la source peut être à la fois littéraire, photographique ou cinématographique.
Ces images se heurtent donc toujours à la question de la représentation : les photographies s’évident, se fragmentent, s’altèrent, ou bien se répètent inlassablement. Pour cela, je peux utiliser aussi bien des pellicules périmées, des appareils photo défectueux ou faire des expérimentations chimiques au développement. Tous ces dispositifs mis en place ont pour conséquence de laisser les spectateur•ices face à une impossibilité de voir et dans un état de désir.
Ce désir occupe ainsi une place centrale dans mon travail. Qu’il s’agisse aussi bien du désir amoureux ou du désir de voir, il est toujours confronté à une sorte d’impossibilité, une aporie, qu’il s’agit de révéler et de mettre en avant.
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Dépeuplements
Mon père est né et à vécu à Casablanca jusqu’à la fin des années 1960. De cette histoire personnelle, il ne reste à peine quelques souvenirs et peu d’images. Je n’imaginais rien de la ville. Elle n’existait pas, elle n’était qu’un nom sur un papier administratif.
Le titre du projet, Dépeuplements, fait à la fois écho à la question de la mémoire dans un contexte post-colonial et au dépleuplement à l’œuvre dans les images : les images se voilent, elles «bégayent», et deviennent insaisissables. Il ne reste plus que leur désir. Par analogie, la ville, elle aussi, demeure inaccessible : un pur objet de désir. -
Phantoms
Phantoms » présente une collection de captures d’écran de l’application de rencontres gay Grindr. À partir de photographies géolocalisées à Manasquan, ville reliée à Lannion par le câble Apollo South, il s’agit d’explorer l’uniformisation et la répétition des images qui se manifestent sur cette plateforme de rencontres en ligne. Ainsi, ces corps sans identité (les visages n’y apparaissent quasiment jamais) deviennent interchangeables. Les gestes et les cadrages se répètent à l’infini. Ces hommes deviennent ainsi seulement des corps répondant la plupart du temps aux mêmes critères esthétiques, aux mêmes canons de beauté. L’aspect fantomatique de ces silhouettes est renforcé par l’utilisation de l’aluminum brossé comme support pour les images. Les corps semblent ainsi se fondre dans cette surface métallique, devenant insaisissables, tels des apparitions fugaces, des images impossibles rejouant par ailleurs la virtualité de leur apparition originelle. Ces corps sont alors autant des sujets de désir que des images fantomatiques qui peuplent ces réseaux, le titre de la série, « Phantom », évoquant d’ailleurs autant des images spectrales impossibles à saisir que l’idée du fantasme avec laquelle il partage la même étymologie.
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On n'enchaine pas les volcans
Ce projet s’intéresse à la question de la représentation des volcans (Stromboli, Etna, Vésuve). Si ceux-ci, par l’histoire et la mythologie, ont été maintes fois représentés, ils restent, par leur dangerosité, par leur géographie, presque insaisissables et revêtent un aspect mystérieux au point de générer une sorte de mythologie autour d’eux. En effet, chacun ont participé et participent encore à la constitution de mythes. Ils sont souvent le topos d’un désir. Il semble ainsi que leur représentation soit toujours lacunaire, parcellaire du fait même de leur instabilité.
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I templi
Au grès de mes voyages en Italie, j’ai accumulé des photographies d’anciens temples. Ici, les photographies de ces vestiges antiques interrogent le devenir-ruine de l’image.