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TAC! #1 – DISSOLUTION

Du lundi 23 au vendredi 27 mars 2020
Dissolution
by Karl Julienne

Note d’intention

Les artistes présents dans cette exposition confrontent le corps aux éléments, aux fluides, à l’écran, à une narration pour finalement le rendre vulnérable à leur pratique. Ainsi, il n’est plus tangible mais ce corps est en mouvement, se fragmente et disparaît soit pour ironiser sur sa situation, soit pour entrer dans un rituel qui va au delà de sa dimension charnelle. Il s’agit en soit pour ces artistes de fragiliser la matérialité du corps pour en proposer un dépassement ou un questionnement.

JOUR 1 : GLYTCHER LE CORPS

  • Andres Salgado, Sans titre, graphite sur papier, 2015

Andres Salgado entend explorer les imaginaires masculins à travers différents médiums. L’homme se retrouve ainsi détourné, parasité par une fiction qui utilise ses codes à son insu. Ici nous trouvons un corps athlétique mixé avec le jouet et la coulure comme pour le réduire à un état d’objet délaissé. Comme un abandon des stéréotypes véhiculés par ce type de jouets et d’images publicitaires.

La maladie vue à travers les technologies nous permet de réenvisager la dégradation du corps. SOMATOM_1513773 est une œuvre audiovisuelle utilisant des archives d’images issues d’un scanner effectué sur l’artiste. Des centaines de frames de cerveau et d’os semblent coaguler grâce à l’intervention de glitches et de textures.

Le film lui-même s’effondre dans cette création semie-vivante ou l’identité se multiplie partout jusqu’à l’épuisement de la représentation elle-même. Le titre fait pourtant référence à l’outil utilisé, pas au patient, révélant les risques du prisme technologique et des possibilités d’échappatoires».


JOUR 2 : CHANGER D’ÉTAT
  •  Léa Roch, OCM n°1 (Les nuages sont faits comme ça), acier forgé et gravé, vernis, 200 x 350 x 75 cm, 2018

 

 

Léa Roch place sa pratique entre art et science pour créer des situations à la fois concrètes et oniriques. Ce projet sculptural fait d’acier forgé évoque par son titre une fonction fictive à ces objets. Chaque élément correspond en effet à un type de nuage qui serait produit par ce laboratoire posé là.

La pesanteur visuelle est ainsi contredite et se dissous en vapeur dans une fiction poétique.

 

 

Ce retable vidéo propose de mettre en situation des corps qui se matérialisent sur un écran ou en réalité augmentée. Les corps apparaissent et disparaissent ainsi selon la volonté du spectateur ou de l’écran.
Semblant en lutte, presque comme pour briser le quatrième mur, le corps subit son médium, il souhaite changer d’état, se matérialiser peut-être, mais échoue dans son habitat numérique.
C’est ainsi que l’artiste réhabilite le corps, en donnant à voir sa volonté d’exister dans une société de l’image qui lui donne un
cadre de plus en plus contraignant.

JOUR 3 : CORPS ET NARRATION
L’heure bleue est une vidéo qui a été créée en référence au tableau L’Arrivée du pardon de Sainte-Anne à Fouesnant d’Alfred Louis Guillou. La scène filmée intègre donc une dimension religieuse, folklorique, que l’artiste vient accentuer par un jeu de lumière, de rythmes lents qui accompagnent ces figures féminines tout le long de cette procession fictive. Elles sont ainsi cadrées par l’image et une nature dans laquelle elles s’immergent totalement, ceci jusqu’à la disparition
finale.

Le geste cinématographique proposé raconte ainsi le déplacement d’un corps qui n’entre pas en lutte avec son environnement mais qui l’intègre dans un rituel référencé et onirique.

  • Pauline Le Pichon, Dialogues et interstices #1, série photographique, 2015
Cette série de photographies imprimées en ‪16/9‬ intègre des personnages figés comme sujets. Au delà de ce cadre visuel qu’est l’image photographique, une extension existe, une narration, qui fait exister ces corps dans un avant et un après. Ces sous-titres enrichissent ainsi l’image en leur donnant une interprétation. Les
corps se retrouvent incarnés et apparaissent comme les fragments d’une fiction qu’ils semblent subir en tout cas qu’ils ne semblent pas maîtriser ».
 
 JOUR 4 : L’IRONIE
  • Dounia Ismaïl, Les personnages récurrents – le matelas, Performance

Les personnages récurrents sont des entités qui semblent vouloir faire exister une situation absurde au premier abord. Il s’agit au final de personnages aveugles qui errent. La dimension de projet semble alors échouer. Le corps est à demi-recouvert, notamment par ce matelas. Il se réduit à un simple porte-objet. Il peut interrompre un vernissage, une foule, non par son action mais par l’objet qui lui sert de masque et de perte de repères.
Personnage absurde qui se met lui même en échec, le temps de son apparition semble créer une portion de fiction au milieu des spectateurs.
  • Francis Raynaud, Oeuf de coq, Installation 2014

Les sculptures et les performances de Francis Raynaud sont dans son travail un moyen de jouer avec le statut de l’exposition. Il donne à voir ce qu’est la mise en scène d’un corps, d’une sculpture, d’une pièce d’histoire dans un espace dédié. Cette mise en abîme se creuse lorsque dans l’Oeuf de coq il parodie le travail de l’archéologue avec le jeu de l’œuf ou la poule.

Ces deux méthodes de recherche de l’origine des choses prennent ici la même valeur et permettent à l’artiste de créer une installation qui accumule des icônes molles et fragmentaires. Il se joue des échelles et des sens pour fabriquer dans son atelier des artefacts qui perturbent la définition et le sérieux de l’exposition .


JOUR 5 : FINAL

Ce projet de Paul Maheke réunit installation, performance et vidéo dans une galerie pour proposer au regarder une expérience totale. Dans l’espace principal, il s’agit d’entrer dans un lieu à l’éclairage tamisé, agencé par des rideaux trempés dans du café froid donnant l’odeur particulière de cette installation. Parmi les éléments « à voir », des aquariums habités par des détritus au sein de flaques, deux cercles en fer forgé accompagnés de boules lumineuses et en fond une peinture murale représentant des planètes. Une autre pièce présente un écran sur lequel l’artiste se met en scène décrivant un cercle continu. Le tout s’accompagne d’une musique lourde (?) qui donne à l’espace des allures de lieu festif abandonné assumé par l’artiste. Une sorte de lieu à l’état entropique dont le nom renvoie à l’état liquide, à la somnolence des fins de fête. Une narration se met en place, Paul Maheke met en lumière des textes, eux mêmes dictés durant les performances programmées dans cet espace. Chacune de ces interventions décrit un ressenti, une situation, par la parole, la marche, la danse, le chant, la musique. Chaque personnage semble être dans une démarche introspective, utilisant un médium comme rituel. Les actions et les textes sont alors des actes de résistances, d’affirmation du genre ou d’une d’identité culturelle.

Paul Maheke nous présente ainsi une situation installée, performée qui fonctionne plus comme une perte de repère, une somnolence, une introspection partagée (et donc politique) où le corps porte le questionnement perpétuel dans un espace propice à la réflexion et au doute.
Retrouvez la vidéo dans son intégralité ici