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Portrait #4 Ioanna Neophytou – Montrouge 2019

 

Dans le cadre du Salon de Montrouge 2019, Françoise soutient 4 artistes contemporains exposés lors de la manifestation. Apportant une aide à la fois financière, de visibilité et d’intégration dans le marché de l’art, l’association poursuit ainsi son engagement auprès des jeunes artistes.

Chaque semaine, découvrez le portrait d’un.e artiste sélectionné.e.

Interview de l’artiste après ouverture du Salon par ici. 

 

Portrait #4 – Ioanna Neophytou

Née à Chypre en 1986, Ioanna Neophytou vit et travaille à Athènes. Après avoir intégré l’Ecole des Beaux-Arts d’Athènes et de Paris 8 au sein du Master Art Contemporain et Nouveaux Médias, elle est aujourd’hui étudiante en Arts Plastiques à l’Université d’Aix-Marseille dans le but d’obtenir un Doctorat. Ioanna Neophytou utilise comme matériaux principaux de son œuvre le documentaire filmé, l’installation et la performance. Elle tente ainsi de capter le réel, et de poser des questions politiques d’importance, concernant les territoires et l’industrie (Les limites du site archéologique, 2012), la guerre (Les fêtes du village, 2018), et les migrations qu’elle engendre (Painting, 2018), pour ne citer qu’elles.

L’artiste a participé à plusieurs expositions collectives et festivals d’art, notamment en Grèce, en France et dans d’autres pays, dont The Opposing Shore, Moscou, mars 2019, I am NOT Tino Sehgal, Nahmad Projects, Londres, 2016, Rooms 2018, Kappatos Galeries d’Athènes, 2016, ou encore Itinerant Performance Art Festival, New York, 2012. Ioanna Neophytou a aussi présenté, aux côtés d’Amélie Durant, en 2015, l’exposition Les / œuvres de morts / prise au hasard / se passent de commentaires aux Archives Nationales de Pierrefitte-sur-Seine.

Elle s’attache plus récemment aux lois du travail, et en particulier aux conditions quotidiennes des femmes de ménage, auxquelles elle donne la parole avec Room518. Le travail de Ioanna Neophytou donne donc à voir un réel, souvent caché, ou oublié, et s’ancre dans des problématiques contemporaines de nos sociétés, creusant les notions d’identité, de minorité, et de communauté.

Découvrez son site personnel par ici.

Exemple d’œuvre : [ Sans-Papiers ]

« La performance s’est inspirée de la grande grève de la faim de 44 jours de 300 immigrés irréguliers, accompagnée par l’occupation de l’Ecole de Droit, au centre de la ville d’Athènes, réalisée en janvier – mars 2011. C’était la plus considérable manifestation publique de leur lutte de recognition et de leur demande d’égalité. Des millions de personnes se sacrifient chaque année au cours d’une longue transhumance vers les pays de l’ouest, considérés comme des terres d’asile loin des guerres, de la misère et des souffrances vécues dans leur pays. La Grèce étant un pays limitrophe entre l’Europe et le Moyen Orient, de nombreux immigrants y transitent pour atteindre leur destination finale. La représentation se déroulait dans une gare située dans un quartier délabré proche du centre d’Athènes. Les spectateurs étaient entassés dans un wagon étroit, prêts à embarquer illégalement pour une destination inconnue en Europe. Les passagers devaient faire face à la perte de l’espace familier tandis que les acteurs se déplaçaient parmi eux, au-dessus et au-dessous du train. L’objectif était de créer une atmosphère de malaise parmi les spectateurs afin qu’ils prennent conscience de l’origine des nations, de l’immigration et des effets sociaux que cela entraîne. Les actions étaient autonomes et reflétaient des clichés d’expériences humaines aux frontières des nations et des pensées.  » I.N.

 

[ Sans-Papiers ], Performance Interactive dans un vieux train, Festival des 12 wagons, théâtre ‘To treno sto Rouf’, 5-15 Mai 2011, Athènes, Grèce. Mise en scène et exécuté par Odysseas Konstantinou, Yianna Neophytou et Spiros Charalampopoulos, Images : Kourakou Antigoni.

Projet pour le Salon de Montrouge 2019 : Les spectatrices invisibles

Ioanna Neophytou propose pour la 64e édition du Salon de Montrouge un travail sur le sujet des femmes de ménage, en se focalisant sur leur présence dans les lieux culturels. « Comment une femme de ménage voit les œuvres d’art dans un lieu d’exposition ? Quel est son rapport avec cet espace et comment elle perçoit les artistes, les commissaires d’exposition et les expositions elles-mêmes? »

Elle souhaite documenter leur travail quotidien, son aspect répétitif, mécanique, aliénant, et de plus en plus difficile pour ces femmes au fil des années. A l’aide de deux vidéos, qui transmettent au spectateur la durée réelle de leurs tâches, l’artiste donnera à voir à la fois le travail dans un hôtel et dans une galerie d’art contemporain :

« En entrant dans l’espace de l’installation, le spectateur entend une discussion entre ces deux femmes qui décrivent de manière anecdotique les différents aspects de leur travail. La vitalité et la liberté avec lesquelles ces deux femmes décrivent leurs expériences au milieu d’art et d’hôtel contrastent avec la sévérité des deux vidéos qui montrent des femmes sérieuses, travailleuses, exécutant leur boulot à une vitesse acquise. »

Femme de ménage et femme de chambre s’observent et se racontent leur travail. Un travail impacté par nos gestes, notre attitude quotidienne, dont nous connaissons les conséquences. Ioanna Neophytou renvoie ainsi le spectateur de son œuvre à son propre comportement, qu’il soit artiste, touriste, etc. : « Selon elles, la façon même dont on jette nos déchets montre quelque chose de notre caractère et la façon dont le système traite les nettoyeurs dévoile quelque chose sur la culture de notre époque. »

Photos de la première installation de l’œuvre dans une chambre d’hôtel, pour l’exposition « Rooms 2016 », Athènes, 2016.

 

Visuel bandeau : Les limites du site archéologique, Installation in situ et performance, Festival d’Eschyle, vieux port d’Elefsina, 8 Septembre 2012, Elefsina, Grèce. Mis en œuvre et exécuté par Ioanna Neophytou et Spiros Klitoras Charalampopoulos.