Ioanna Neophytou
Vit et travaille à Athènes. Née à Chypre en 1986
Ioanna Neophytou pratique le documentaire filmé, l’installation et la performance pour mieux capter le réel. Plusieurs questions préoccupent l’artiste, et celles-ci sont toujours d’ordre politique.
D’une part, l’artiste a réalisé une performance intitulée Les limites du site archéologique (2012), en duo avec Spyros Charalampopoulos, dans les rues de Elefsina, une ville considérée comme la plus grande zone industrielle dans les environs d’Athènes. Avec une grande carte retraçant les territoires partagés entre les usines de la ville et les sites archéologiques, elle a montré les limites et les débordements de l’industrie à travers certaines actions, comme par exemple coller des affiches de slogans qui expliquaient où commençait ou s’arrêtait chaque site.
D’autre part, elle a réalisé deux documentaires autour de la guerre. C’est d’abord l’histoire de la frontière greco-albanaise délimitée pendant la Première Guerre Mondiale qu’elle va sonder avec Les fêtes du village (2018) : une population entre deux nationalités, déchirée par l'histoire. Dans le prolongement, la vidéo documentaire Painting… (2018) a été tournée dans un camp de réfugiés en Grèce, à Skaramangas, avec des enfants afghans qui décrivent, lors d’un atelier de dessin, la guerre et leur voyage vers l’Europe, véritable témoignage de la manière dont les réfugiés arrivent sur le territoire européen.
Autre oeuvre, autre thème, avec l’installation Room518, présentée dans une chambre d’hôtel en 2016, l’artiste s’est aussi intéressée au quotidien de deux femmes de ménages qui, de manière inattendue, se mettent à parler d’art et de différents aspects de leur travail qui sont ordinairement cachés, sujet tabou qu’elle souhaite poursuivre dans son travail actuel. Son oeuvre est ainsi ancrée dans la société contemporaine européenne, ce qui lui permet de mieux dégager les lignes de force et les tensions à travers lesquelles elle questionne les notions de nation, de minorité, d’invisibilité et de communauté.
Juliette Soulez
Publication à venir dans le catalogue du 64e Salon de Montrouge
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En peignant...
Documentaire, 26min, 2017
Réalisateurs : Ioanna Neophytou & Dimitris StamatisDans le camp d’accueil de Skaramangas, un groupe d’enfants afghans, âgés de 10 à 13 ans, dessinent leurs souvenirs et leurs expériences de la guerre et de leur voyage vers l’Europe. À travers leurs dessins, ils décrivent leur ville telle qu’ils se la rappellent, la ville qui les accueille et la ville dans laquelle ils aimeraient vivre dans l’avenir.
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Fêtes du village
Installation Documentaire, 15min, 2017
Réalisé par Ioanna NeophytouL'installation vidéo s’appelant « Fête Foraine » se réfère à un village de l’Épire qui a été séparé en deux en 1925, au moment de la fixation des frontières gréco-albanaises. Aujourd’hui, après des années de séparation, il existe deux villages frontaliers, « Ayia Marina », situé au côté grec de la frontière et le bourg Kossiovitsa en Épire du Nord, en Albanie. L’histoire de ces villages est donc intrinsèquement liée à la frontière qui séparait et sépare toujours les habitants des deux villages, et qui constitue une barrière sensiblement présente dans leur vie quotidienne. Le documentaire examine cette histoire de l’angle des fêtes foraines, organisées chaque été pour célébrer l’Assomption de la Vierge.
Commandé par l'exposition “The Opposing Shore”
Sous le commissariat de Kyveli Mavrokordopoulou et Sasha Pevak
Dans le cadre du programme parallèle de la 7ème Biennale Internationale d'art contemporain de Moscou, CCI FABRIKA, Moscou -
Message for London
Performance - Lecture
Presenté à l'exposition “I am NOT Tino Sehgal” – Une conception de Francesco Bonami
Nahmad Projects, 13 julliet 2016, Londres
Création et conception : Ioanna Neophytou, Spyros CharalampopoulosNous avons discuté avec les gens qui n’ont jamais vécu ou qui n’habitent plus à Londres et nous leur avons posé la question : “Qu’est-ce que vous pensez de la ville de Londres ?”. Nous avons recueilli des messages divers qui ont comme destination et comme sujet Londres et nous sommes arrivés en ville en amenant les réflexions, les idées et les émotions de gens de l’Europe entière autour de cette ville particulière. Le spectateur redécouvre la ville à travers des lettres et des documents générant un regard alternatif : noms, adresses, quartiers et images sont mis à la disposition du spectateur dans une lecture de messages qui a duré 6 heures.
“Message for London” a été inspiré par l’œuvre de Tino Sehgal où l’art se transforme en une expérience collective à travers des “constructed sitiuations” (situations construites), une description que l’artiste donne à son travail. Nous souhaitons rapprocher l’expérience publique de la lecture de l’expérience privée de recevoir et lire des lettres de quelqu’un qui nous est cher. Effectivement, l’art en ce cas se traduit par un acte de communication, ou le message oral reçoit une place égale aux nouveaux dispositifs de communication de l’ère contemporaine.Ioanna Neofytou & Spiros Klitoras Charalampopoulos
Athènes, 2016 -
Les œuvres de mort / prises au hasard / se passent des commentaires
Exposition aux Archives Nationales, Site Pierrefitte-sur- Seine, dès le 1 er octobre au 3 novembre 2015.
Une création de Ioanna Neofytou et Amélie DurandL’exposition Les/ œuvres de mort, / prises au hasard, / se passent de commentaires est le résultat du travail de collaboration que nous avons mené dans le contexte du concours international Traversée des Frontières – Regards sur la guerre de 1914 – 1918, organisé par l’Université Paris 8 et les Archives Nationales. Pour la réalisation de l’exposition nous avons utilisé des documents d’archive datant des 36 premiers jours de la Première Guerre Mondiale.
Dans un premier temps, nous nous sommes intéressées à la perception, la transmission et la commémoration de la Première Guerre Mondiale, cent ans après, par les sociétés contemporaines. Nous souhaitons examiner l’influence de ces démarches sur le rapport des nouvelles générations — nous-même incluses — avec cette guerre et avec la guerre. Dans un deuxième temps, nous nous sommes intéressées à l’engagement des sociétés contemporaines dans les guerres actuelles et à leur perception de ces guerres : Quelles sont les nouvelles formes de la guerre, cent ans après la Grande Guerre ? Comment la vie quotidienne des citoyens est-elle ou non influencée par les guerres menées par leurs pays à l’étranger ? À quel point la guerre est-elle aujourd’hui dématérialisée ? Ces questions sont les déclencheurs de notre travail qui, à partir des images et des documents d’archive, questionne sous la forme plastique notre rapport à la guerre et à l’Histoire.
Enfin, dans Les/ œuvres de mort,/ prises au hasard,/se passent de commentaires, nous souhaitons ouvrir ces documents d’archive à la possibilité d’un remploi, d’une révision, d’un déplacement, d’une falsification, de l’aménagement d’un passage entre réalité et fiction. Nous aimerions créer sous la forme d’un espace ludique les conditions permissives d’une approche singulière et nouvelle de la mémoire, du sentiment de conflit et de la perception du présent ; conditions permissives, donc, d’un résultat artistique. Les/ oeuvres de mort,/ prises au hasard, / se passent de commentaires est un titre-collage qui parle de notre tentative esthétique de réappropriation : pour pouvoir commenter et réfléchir à certaines données de l'Histoire, nous avons besoin d'y avoir accès, non au hasard du devoir de transmission et de mémoire mais par nos propres moyens, du fait de notre compréhension de ces documents comme parts de notre passé, de notre présent et des conditions de notre liberté.Ioanna Neofytou
Amelie Durand -
Les limites du site archéologique
Installation in situ et performance
Festival d’Eschyle, vieux port d’ Elefsina, 8 Septembre 2012, Elefsina, Grèce
Mis en œuvre et exécuté par Ioanna Neophytou et Spiros Klitoras CharalampopoulosL’installation, faite pour les actions parallèles du festival d’Eschyle à Elefsina en 2012, consistait dans la projection des actions réalisées les jours précédents, et dans la création d’une carte sur le sol devant le théâtre du vieux port de la ville, qui montrait la relation entre le site archéologique et industriel. La région d’Elefsina, l’un des plus grands districts industriels de la Grèce, était un lieu sacré dans les temps anciens, où avaient lieu les sacrements en l’honneur de Démétra, la déesse de l’agriculture, horticulture, des grains et de la récolte. La région est maintenant dégradée en raison des industries environnant la ville, envahie d’anciennes reliques et de ruines enfouies dans la terre. Un petit espace près de la nouvelle ville d’Elesfina, a été déclaré site archéologique. Notre intérêt principal a été d’observer le lien entre la nouvelle ville, les ruines de la vieille ville et la zone industrielle, et de voir comment cela affecte la vie sociale, la nature et l’héritage culturel.
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Room 518
Installation - vidéo
Exposition ROOMS 2016, à l’hôtel « St. George Lycabettus », 14 /1/2016 – 31/1/2016,
Athènes, Grèce.
Organisée par la Galerie Kappatos Athènes
Commissaire de l’œuvre : Maria Kybeli MavrokordopoulouDans le cadre de l’exposition ROOMS 2016, organisée chaque année à l’hôtel St Georges Lycabettus, l’artiste visuelle Ioanna Neophytou, profite de la coïncidence de l’objet de son travail avec le lieu d’exposition, pour se référer à une figure marginalisée du service de l’hôtel : la camériste. Pour sa nouvelle installation-vidéo sous le titre Room 518, l’artiste focalise son intérêt sur la chambre d’hôtel comme lieu de travail et cherche à esquisser le portrait d’une femme de chambre.
En arrivant au lieu de l’exposition, le spectateur se trouve face à une chambre d’hôtel, propre et prête à accueillir sa nouvelle clientèle. Dans ce contexte, l’artiste projette une vidéo montrant la camériste et écrivain Eleni Mpaliou nettoyer la chambre. En même temps, le spectateur écoute une discussion enregistrée entre Eleni Mpaliou et une de ces camarades travaillant dans une institution culturelle, qui reste pendant toute la discussion anonyme. À travers les gros plans sur les mains d’Eleni Mpaliou, l’acte du nettoyage, mécaniquement répété, acquiert un caractère paroxystique. Parmi les bruits du nettoyage domine le dialogue dynamique des deux femmes autour des expériences vécues au lieu de travail, qui révèle des informations ignorées sur leur activité professionnelle. Leurs propos souvent anecdotiques offrent une évasion passagère de la réalité brutale des conditions de leur travail. Ainsi, le travail domestique, quasiment synonyme du travail féminin, domine dans le noyau thématique de l’œuvre.
L’artiste intègre dans son vocabulaire artistique des formes courantes de la réalité sociale, en adoptant un regard critique.
Maria Kybeli Mavrokordopoulou