Camille Tsvetoukhine
Née en 1987 à Angers, Camille Tsvetoukhine vit et travaille à Paris. Elle a étudié à l'École Nationale Supérieur des Beaux-Arts d'Angers où elle obtient son DNSEP avec les félicitations du jury en 2010. Elle poursuit son cursus à la Haute École d'Arts et de Design à Genève où elle acquiert un Master HES-SO en pratique art contemporain. Elle est lauréate la même année du Prix New Heads Fondation Bnp Paribas. Elle est actuellement en résidence (EMMA, projet initié par Veronica Valentini) à Matadero, Madrid.
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Apogon, 2016
Apogon est la création d’un ballet contemporain qui se passe dans des bains thermaux. N’étant ni danseuse ni chorégraphe, je ne souhaite pas mettre en place un spectacle vivant. Ce qui m’intéresse ici est lié à la plasticité des éléments qui constituent un ballet. L’idée est de concevoir toutes les pièces attenantes à ce ballet fictif : musique, costumes, accessoires, décors, communication, conception de l’histoire. Cette recherche prend appui sur les archives des Ballets Russes que j’utilise comme outil méthodologique pour créer mes artefacts. Lors de mes recherches sur la compagnie créée par Serge Diaghilev au début du XXeme siècle, j’ai été frappé de constater que l’essence même du ballet, la danse est mise au second plan. Les enjeux de mon projet se situe dans la suggestion d’une représentation qui n’aura pas lieu ou plutôt
qui existera uniquement de manière fantomatique par des éléments construits ex nihilo. J’ai présenté une première partie de cette recherche à la Galerie Interface à Dijon en janvier 2016.Vue de l’exposition Comment ça va?, Galerie Interface, Dijon.
Installation : céramiques émaillées, peignoir, diffuseur, tissu éponge, sérigraphie, mousse, bois peinture, 2016.
+ sérigraphie sur papier et pastel gras.
(crédits photographiques : Marianna Capuano) -
Biométrie mon amour, 2015
« Les traces de quelque chose qui a disparu », voilà sur quoi se base l’archéologie : les restes, les vestiges, les derniers éléments d’une civilisation qui n’est plus. Comme dans tout autre domaine scientifique, parfois les grandes révélations peuvent tenir à un coup de chance. Camille, seize ans, jeune archéologue en herbe, accompagne une fouille, cet été 2015, dans les Pyrénées-
Orientales. Le hasard fait qu’elle tombe sur ce qui s’avère être, plus tard, une dent humaine de 550 000 ans.
Découverte majeure : il s’agit de la plus vieille dent en France. Mieux : il pourrait s’agir d’une pièce-clé pour répondre à une question cruciale de l’évolution de l’humanité. Mais la trouvaille ne saurait suffire à fonder une discipline scientifique. La plus importante partie du travail d’un archéologue est celle de replacer les découvertes dans leur contexte d’origine. Le travail de l’archéologue consiste surtout à retracer les événements ayant eu lieu grâce à ces traces du passé, de raconter l’histoire qui sommeille dans ces objets trouvés. L’Histoire, une histoire vraie, puisqu’elle se base sur ces artefacts réels, concrets, d’une autre époque.
Camille (Tsvetoukhine) n’est pas archéologue. Les objets qu’elle produit, les images qu’elle crée, semblent témoigner de civilisations qui pourraient être contemporaines de la nôtre, mais qui existeraient alors dans une réalité parallèle ou dans une autre dimension, et dont l’existence ne nous parviendrait qu’à travers des légendes ou des mythes. (extrait de Mythes&Archéologies - Ana Mendoza Aldana, 2015)Vue de l’exposition Pierre, feuille, ciseaux, L’Agence, Paris.
peinture acrylique, gouache, pastel gras, 1,03x1,20m, 2015. -
Sleeper Ship, 2015
Suite à la lecture de L’obscolence de l’homme de Gunther Anders que j’ai décidé de créer cette installation. Dans cet ouvrage (p.71), Anders discute avec un de ces amis qui se trouve sur son lit de mort : À mon «How are you?», il répondit par un geste qui ne semblait pas englober sa seule chambre mais l’humanité tout entière et murmura quelque chose comme : « Nous ne savons pas grand-chose, aucun de nous.» Alors que je lui demandai ce qu’il voulait dire, il haussa d’abord les épaules, comme si la réponse allait de soi, puis il me répondit en me posant à son tour une question : « Well... can they preserve us?» Le pronom «they» renvoyait aux médecins; quant au terme de «preserves», il sert à désigner des «fruits en conserves». Il voulait dire : «Peuvent-ils nous mettre en conserve?» Je répondis par la négative. Je pense que la situation a désormais évoluée, les hommes étant toujours en quête d’immortalité. Grâce au progrès de la médecine et de l’apparition des entreprises de cryogénisation, nous sommes face à une nouvelle situation comparable à celle que
l’on retrouve dans le premier épisode de Futurama.Capsule 1.20, Halle Nord, Genève.
bannière en satin et feutrine, biais doré, 1,60m x 1,20m,
sculpture en terre et boîtes de conserve, 2015.
(crédits photographiques : Quentin Lannes) -
Celestial Pavillion, 2015
Vue de l'exposition Call XVII, Galerie Luis Adelantado, 2015.
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Le ver doré, 2012.
J’ai assisté Claire Pentecost, artiste américaine, pendant deux mois
à la dOCUMENTA (13) en 2012. Ma tâche était de nourrir des vers de terre qui vivaient dans un compost. Cette artiste considère que la terre est devenue une valeur refuge comme peut l’être le pétrole. Elle prône donc la richesse de la terre. Suite à cette expérience, j’ai voulu créer un costume de ver à mon échelle. -
Hanter Belleville, 2014
Hanter Belleville est un projet in situ, réalisé avec Adrien Guillet,
qui est composé de déambulations, de conférences dans le cadre
de la Biennale de Belleville 3. Ce projet est né de l’envie d’investir
le concept d’hantologie créé par Jacques Derrida dans les années
70. Lorsque Derrida ou plutôt le fantôme de Derrida, affirme dans le film Ghost Dance de Ken McMullen que l’avenir est aux fantômes, il annonce de manière prophétique l’ère à venir : le développement sans précédent d’Internet, de l’industrie cinématographique, des microprocesseurs, des smartphones, du cloud, des jeux vidéo, de la livraison à domicile, des réseaux sociaux... Avec l’hantologie, Derrida tord le cou aux préjugés et affirme que les nouveaux outils numériques issus des progrès technologiques récents dans le domaine de la télécommunication ne restreignent pas l’espace des fantômes mais, au contraire, en facilitent les apparitions et en décuplent les pouvoirs. Des fantômes apparaissent dans les culs-de-sac de Belleville et se rejoignent simultanément en un même lieu. Les points de ralliement successifs désignés par les cartographies mystiques de ces fantômes bellevillois sont les lieux des conférences d’Alexis Guillier, Érik Bullot et Clémence De Montgolfier.crédits photographies : Bertha Espinoza Leon