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Compte rendu de l’atelier #CCP – Isabelle Cavalleri à Angy (Oise)

Atelier n°4 animé par Estelle Francès – présidente de l’association Françoise Art Mémo, et Lauren Overvoorde – Chargée de développement Françoise Art Mémo et de l’animation du Collectif Culturel de Proximité (CCP).

Artiste : Isabelle Cavalleri.

Isabelle Cavalleri, née en région parisienne, vit et travaille à Angy, dans l’Oise. Elle définit son parcours de dessinatrice en ces mots : “je dessine depuis toujours et montre depuis peu”. C’est contre l’avis paternel qu’elle a voulu emprunter cette voie artistique, en passant le concours des Beaux-Arts, où elle a échoué. Un échec qu’elle considère comme une façon de mettre à l’épreuve son désir.

Elle découvre le livre d’artiste et se lance dans l’édition, qui sera une aventure de dix ans ; elle explore ce format de sa conception (emboitage, reliure, impression) à sa diffusion, tout en faisant intervenir des dessinateurs et écrivains, en évitant l’écueil du mot à mot de l’illustration. Voyant en parallèle son temps de création se restreindre, elle mis un terme à ce travail d’édition pour se consacrer au dessin. Elle trouve désormais un équilibre en travaillant à temps partiel en tant qu’enseignante en arts appliqués en lycée professionnel à Beauvais, pour pouvoir se consacrer à sa pratique l’autre moitié du temps.

Avant de s’installer à Angy, lieu découvert par hasard, avec son compagnon Jörg Langhans, elle a vécu à Montreuil avec lui, mais étant mère de deux enfants, la ville devenant trop coûteuse, et la nécessité d’avoir deux ateliers, les poussèrent à déménager.

Une installation qui nourrit son processus de création et ses relations de différentes façons :

  • –  Pourtant en phase avec l’idée de solitude “peuplée” des villes, elle trouve dans la campagne plus de confort pour accomplir son travail, et a appris à connaître et apprécier ce territoire où le silence résonne différemment qu’en zone urbaine. Son installation l’a poussé à s’adapter, à concilier vie de famille et vie d’artiste. Malgré le constat de la différence de traitement des femmes à la campagne, elle aurait maintenant du mal à quitter cet endroit.
  • –  Elle trouve dans ce paysage rural une mélancolie, qui l’habite et résonne avec ce qu’elle dessine. Si son processus de création s’élabore à huis-clos dans son atelier privé de vue sur l’extérieur, elle puise son inspiration dans l’environnement régional qui l’entoure, dans la désolation du paysage au nord de Saint-Quentin, dans la solitude des routes de campagne.
  • –  L’emplacement d’Angy, à proximité de Paris, comporte des avantages en termes d’offres culturelles et permet également à ses enfants de se familiariser avec la capitale et au mode de vie dans une grande ville. Bien que cet éloignement pèse sur les visites qu’elle reçoit, les personnes qui font le déplacement viennent plus longuement, alors qu’à Montreuil elles étaient seulement de passage.- C’est une installation qui entretient tout de même l’insuffisance d’actions pour être reconnu et se faire connaître. Bien que son travail d’artiste dans ce village soit peu connu, s’y établir en ayant des enfants en bas âges a facilité le fait de tisser des liens avec autrui. Cependant, depuis son installation elle n’a pas su créer un réseau, du fait d’un cheminement lent en tant que dessinatrice pour montrer ses œuvres ainsi que du manque de légitimité qu’elle ressent, non pas lié à son lieu de vie mais à son mode de vie “autarcique”.

Influencés par la littérature et le récit, ses dessins ouvrent un univers mystérieux nous plongeant dans son intériorité. Elle considère le dessin comme une sismographie intime, comme le moyen le plus simple de dire l’interne, de ré-agencer le réel et de présenter l’image de la pensée, dans un aller retour entre puissance et fragilité, humour et sérieux (ex : séries « La fiancée muette », « Je suis un oiseau qui marche », “Ma maison”, “Une menace”).

– En revanche, la logique inverse s’opère dans son métier d’enseignante, pour lequel elle multiplie les projets sur le territoire et les collaborations entre l’établissement scolaire et d’autres institutions (ex : FRAC à Amiens, défilé végétal à Beauvais). Une dynamique qu’elle aimerait également appliquer dans ses projets professionnels d’artiste sur le territoire, en ouvrant la porte de son atelier, dans une volonté de casser le tropisme parisien et de rendre l’art plus accessible pour que le public ait un rapport moins intimidant.

Retrouvez l’entretien complet sur notre chaîne Youtube : #FAM_CCP