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TAC! #5 – LIBRA

Du lundi 27 avril au jeudi 30 avril 2020
Libra
by Lauren Overvoorde

Note d’intention:

Pour cette cinquième exposition virtuelle, je souhaite vous faire découvrir l’art par le biais de Libra. Libra désigne le point sur la sphère céleste qui se trouve diamétralement opposé au premier point Aries. Soit, le moment d’équilibre parfait entre la durée du jour et de la nuit. Ascension à droite de 12h et une déclinaison à zéro. C’est le moment précis où le Soleil passe du nord au sud dans l’équateur céleste. Ce moment particulier donne naissance à un équilibre parfait entre le monde du dessus et le monde d’en bas. Vous me direz : « pourquoi introduire la notion d’équilibre dans l’art ? » Je vous répondrai que l’art doit permettre d’aborder de manière conceptuelle chaque élément de la vie et son contraire, l’art permet d’aller en avant en scrutant le passé. L’art est aussi introverti qu’extravagant. Si le détail nous parle c’est qu’il est entouré, contrasté, d’un bruit assourdissant, de mouvements trop grands et d’espaces infinis. C’est ici au travers des corps que nous explorerons Libra : la découverte de deux entités en équilibre le plus total. Tout au long de la semaine, nous découvrirons l’équilibre sous différents thèmes : le mouvement, la mémoire, l’endurance et l’inertie.

JOUR 1: MOUVEMENT
  •  Valérie Lavital, Guadeloupe 2019, 2019, illustration –graphite sur papier.

L’artiste rend compte au travers de cette illustration la réalité dévastatrice du chlordécone en Guadeloupe. Prouvée neurotoxique en France à partir de 1979, cette molécule est utilisée jusqu’en 1993 aux Antilles françaises.
Dans cette série, l’artiste crée des scènes qui mêlent l’innocence du geste à un acte d’engagement politique.
«C’est aussi le nom d’EP de DJ Noss qui m’a inspiré cette série d’illustrations. Sa musique puise dans les rythmes traditionnels du bèlè martiniquais qu’il fusionne avec des sonorités électro. »
  • Ana Maria Millan, Monica Restrepo et la Liga Feminina de Baile, Caña de Azúcar, 2008

Le groupe est né d’une initiative collective d’artistes : Ana Maria Millan, Monica Restrepo et La Liga Feminina de Baile créent cette tournée musicale autour de la ville de Cali en Colombie. L’objectif engage un discours ironique sur les narratives de la performance et permet ainsi d’y infiltrer le patrimoine culturel et de manière ironique féminiser les espaces publics.

Ces chorégraphies tentent de signaler les différents éléments historiques et culturels majeurs de Cali par le biais d’une relation tripartite impliquant le lieu, la musique et la chorégraphie. Interprétation d’une version tropicalisée du célèbre Thriller de Michael Jackson en plein milieu d’une plantation de canne à sucre.

Détail: Cali Choreography Dancing ShowCaña de Azúcar, 2008 – performance vidéo 6”31
JOUR 2: LA MÉMOIRE
  • Viviane Sassen, Flamboya, 2004 – 2008

Après avoir vécu au Kenya pendant son enfance, Sassen décide à l’âge de 29 ans de retourner sur le continent Africain. Elle développe une série de photographie qui centralise ses sujets comme des éléments d’un souvenir passé. Les photos sont parfois spontanées, parfois performatives. La série matérialisée dans un livre est organisée de façon à créer une structure qui forme des liens particulièrement intéressants entre les photos. Le but d’associer les images permet alors de visualiser ces photographies comme un flot continu de personnes croisées dans des environnements variés qui rappelle le souvenir de moments passés.

Détail photographies: À droite: D.N.A 2007, 150 x 120cm /80 x 65cm. À gauche: Prosper 2006, 80 x 100cm / 40 x 50cm

  • Clio Simon, Camanchaca, 2012
Clio Simon au travers de son œuvre Camanchaca réinvente de nouveaux codes au cinéma documentaire. La Camanchaca matérialise le souvenir de l’Histoire comme réminiscence d’événements traumatiques.
« Au nord du Chili, on appelle Camanchaca la brume qui s’élève du Pacifique et vient buter sur les collines qui lui font face. Ce n’est pas seulement quelque chose que l’on regarde, c’est quelque chose qui vous pénètre, qui vient, véritablement, vous envahir. C’est la Loi du dehors. D’un dehors où il n’y a plus de recours. Autrement dit, l’Histoire ».

Détail: vidéo HD 16/9. Couleur, Musique : Constantin Dubois Choulik, disponible ici.
JOUR 3: L’ENDURANCE
  • Guido Van der Werve, Nummer 8 “Everything is going to be alright”, 2007.
Gui Van der Wervemmer 8 “Everything is going to be alright”, 2007.

L’artiste néerlandais Van Der Werve expérimente les limites de son propre corps par le biais de performances toujours plus risquées. On le voit marcher de manière régulière vers l’avant dans un désert de glace pendant une durée indéterminée. Derrière lui un navire brise-glace gargantuesque le suit. Celui-ci lui donne par contraste une allure fragile et minuscule à l’artiste. À tout moment l’artiste donne l’impression qu’il peut être happé par ce navire. Cette œuvre laisse à penser l’immensité de notre capacité à survivre dans des situations extrêmes dans un contexte aussi grandiose qu’absurde.

Vidéo disponible en intégralité sur YouTube. 

  • Thenjiwe Niki Nkosi, Gymnasium, 2020

Nous sommes face à des fragments d’espaces sans horizon qui par leur géométrie parfaite rappellent la rigueur de la compétition. Ces espaces calmes sont habités par des figures qui représentent de jeunes gymnastes noires en action. Nkosi explique dans une interview pour le #Document Journal que l’artiste est comme la gymnaste, elle est observée, jugée, essaye de réussir et parfois échoue. La notion d’excellence attribuée aux gymnastes a été utilisée comme outil de propagande nationaliste, de contrôle des corps au cours de l’Histoire. Son œuvre subversive joue sur une dualité qui évoque au même moment le calme et le trouble. L’œuvre parle de l’idée de performer l’identité en essayant de trouver sa place dans l’histoire de la création d’image.

———————————–Routine, 2019, huile sur toile, 91 x 100 x 4,8 cm ↵

 

 

Audience, 2020, huile sur toile, 150 x 150 cm
  • Nour Awada, L’art de s’asseoir, 2019 – performance.

L’artiste questionne au travers de la performance « L’art de s’asseoir » la place fragile des artistes dans la société et dans le monde de l’art. Interprétée à l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris le 7 décembre 2019, dans le cadre de l’évènement Libre Tribune, sur une invitation de Laura Ben Ami et du Cercle Chromatique, l’artiste est adossée contre le mur, les pieds au sol, les genoux pliés, avec seul son dos pour la soutenir. Le geste illustre l’endurance avec laquelle l’artiste confronte ses propres limites face à un monde qui impose toujours plus.

JOUR 4: INERTIE

  • Ludivine Large-Bessette, Archicorps, 2014 Vidéo (DVCAM) 3’41’’’

L’artiste crée à travers Archicorps, une symbiose créative parfaite entre corps et environnements urbains : « Si l’architecture pouvait être transcrite en état physique, quel serait-il ? C’est de ce postulat de départ que commence cette vidéo. Mais loin de rester dans la simple analogie, elle questionne le passage d’un état à un autre, d’un lieu à l’autre, les transformations qui s’y opèrent, d’un point de vue des sensations corporelles et de l’impact de l’espace architectural sur le corps et du corps sur l’espace architectural. »

  • Pauline Lavogez, De la Douceur, 7 interprètes, 2020, Performance Vidéo 10’’, Création musicale : Sacrifice Seul

« Pauline Lavogez filme le désordre des humains face à l’ordre lisse des bâtiments érigés pour les héberger. Il n’est plus seulement question des agitations tumultueuses d’un couple mais de l’ensemble des relations qui se trament dans nos vies, à l’œuvre derrière les vitres de ces tours ; de l’ambiguïté et de la complexité du corps collectif uni, puis déchiré l’instant suivant. Par cette danse viscérale dont le centre de gravité est en perpétuel chavirement, Pauline Lavogez saisit l’humanité dans ses conflits et ses désirs. » Mathilde Hivert.
Lien vers la vidéo ici.