TAC! #1 – DISSOLUTION
Note d’intention
Les artistes présents dans cette exposition confrontent le corps aux éléments, aux fluides, à l’écran, à une narration pour finalement le rendre vulnérable à leur pratique. Ainsi, il n’est plus tangible mais ce corps est en mouvement, se fragmente et disparaît soit pour ironiser sur sa situation, soit pour entrer dans un rituel qui va au delà de sa dimension charnelle. Il s’agit en soit pour ces artistes de fragiliser la matérialité du corps pour en proposer un dépassement ou un questionnement.
JOUR 1 : GLYTCHER LE CORPS
- Andres Salgado, Sans titre, graphite sur papier, 2015
- Adrien Ordonneau, SOMATOM_1513773, vidéo d’animation, 56 », 2019
La maladie vue à travers les technologies nous permet de réenvisager la dégradation du corps. SOMATOM_1513773 est une œuvre audiovisuelle utilisant des archives d’images issues d’un scanner effectué sur l’artiste. Des centaines de frames de cerveau et d’os semblent coaguler grâce à l’intervention de glitches et de textures.
Le film lui-même s’effondre dans cette création semie-vivante ou l’identité se multiplie partout jusqu’à l’épuisement de la représentation elle-même. Le titre fait pourtant référence à l’outil utilisé, pas au patient, révélant les risques du prisme technologique et des possibilités d’échappatoires».
- Léa Roch, OCM n°1 (Les nuages sont faits comme ça), acier forgé et gravé, vernis, 200 x 350 x 75 cm, 2018
Léa Roch place sa pratique entre art et science pour créer des situations à la fois concrètes et oniriques. Ce projet sculptural fait d’acier forgé évoque par son titre une fonction fictive à ces objets. Chaque élément correspond en effet à un type de nuage qui serait produit par ce laboratoire posé là.
La pesanteur visuelle est ainsi contredite et se dissous en vapeur dans une fiction poétique.
- Ludivine Large-Bessette, S’élever c’est d’abord être à terre, Installation vidéo interactive et performance
Semblant en lutte, presque comme pour briser le quatrième mur, le corps subit son médium, il souhaite changer d’état, se matérialiser peut-être, mais échoue dans son habitat numérique.
C’est ainsi que l’artiste réhabilite le corps, en donnant à voir sa volonté d’exister dans une société de l’image qui lui donne un
cadre de plus en plus contraignant.
- Charlotte Vitaioli, L’heure bleue, vidéo noir et blanc, court-métrage de 11 minutes, 2017
Le geste cinématographique proposé raconte ainsi le déplacement d’un corps qui n’entre pas en lutte avec son environnement mais qui l’intègre dans un rituel référencé et onirique.
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- Pauline Le Pichon, Dialogues et interstices #1, série photographique, 2015
corps se retrouvent incarnés et apparaissent comme les fragments d’une fiction qu’ils semblent subir en tout cas qu’ils ne semblent pas maîtriser ».
- Dounia Ismaïl, Les personnages récurrents – le matelas, Performance
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Personnage absurde qui se met lui même en échec, le temps de son apparition semble créer une portion de fiction au milieu des spectateurs.
- Francis Raynaud, Oeuf de coq, Installation 2014
Les sculptures et les performances de Francis Raynaud sont dans son travail un moyen de jouer avec le statut de l’exposition. Il donne à voir ce qu’est la mise en scène d’un corps, d’une sculpture, d’une pièce d’histoire dans un espace dédié. Cette mise en abîme se creuse lorsque dans l’Oeuf de coq il parodie le travail de l’archéologue avec le jeu de l’œuf ou la poule.
Ces deux méthodes de recherche de l’origine des choses prennent ici la même valeur et permettent à l’artiste de créer une installation qui accumule des icônes molles et fragmentaires. Il se joue des échelles et des sens pour fabriquer dans son atelier des artefacts qui perturbent la définition et le sérieux de l’exposition .
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Ce projet de Paul Maheke réunit installation, performance et vidéo dans une galerie pour proposer au regarder une expérience totale. Dans l’espace principal, il s’agit d’entrer dans un lieu à l’éclairage tamisé, agencé par des rideaux trempés dans du café froid donnant l’odeur particulière de cette installation. Parmi les éléments « à voir », des aquariums habités par des détritus au sein de flaques, deux cercles en fer forgé accompagnés de boules lumineuses et en fond une peinture murale représentant des planètes. Une autre pièce présente un écran sur lequel l’artiste se met en scène décrivant un cercle continu. Le tout s’accompagne d’une musique lourde (?) qui donne à l’espace des allures de lieu festif abandonné assumé par l’artiste. Une sorte de lieu à l’état entropique dont le nom renvoie à l’état liquide, à la somnolence des fins de fête. Une narration se met en place, Paul Maheke met en lumière des textes, eux mêmes dictés durant les performances programmées dans cet espace. Chacune de ces interventions décrit un ressenti, une situation, par la parole, la marche, la danse, le chant, la musique. Chaque personnage semble être dans une démarche introspective, utilisant un médium comme rituel. Les actions et les textes sont alors des actes de résistances, d’affirmation du genre ou d’une d’identité culturelle.–