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Rencontre avec Georgia Russell et Raúl Illarramendi à Méru – Partie 1

Le Collectif Culturel de Proximité (CCP) se mobilise pour les artistes du territoire. Les actions se définissent notamment par un engagement profond dans la visibilité des artistes qui résident dans la région des Hauts-de-France. Quelques jours avant l’annonce officielle du troisième confinement, nous avons eu la chance de rencontrer deux artistes internationaux qui résident depuis 10 ans à Méru (60). Aujourd’hui nous vous invitons à découvrir en toute intimité les lieux de création du couple d’artistes Georgia Russell et Raúl Illarramendi, tous deux représentés par la galerie Karsten Greve à Paris.

C’est au sein de sa maison à Méru que nous sommes accueillies par l’artiste Georgia Russell. Georgia est une artiste plasticienne écossaise de renommée internationale. Après avoir été acceptée à la Royal School of Artsà Londres en 1996 elle est invitée à une première résidence à la Cité Internationale des Arts de Paris (1998). L’artiste nous raconte :

« Mon histoire est semblable à celle du film Billy Elliott. Vous savez, je viens d’un petit village écossais où on ne voyage pas tellement et là je suis acceptée dans l’une des meilleures écoles d’art au monde : on disait, Oh regarde Georgia part à Londres dans une école d’art ! ».

Quelques années après, au cours d’une deuxième résidence à la Cité des arts de Paris, elle décide de rester définitivement en France. Voilà aujourd’hui près de 20 ansque l’artiste vit en France et un peu plus de 10 ans qu’elle et son mari Raúl, résident à Méru avec leurs deux enfants.

Georgia nous fait découvrir cet immense espace de travail. Un atelier lumineux au plafond haut et fenêtres larges. On y trouve des œuvres in progress ou terminées qui vivent face à la lumière naturelle.

« C’est important, car la lumière est essentielle à l’attention que nous portons aux couleurs », nous explique Georgia.

Cet atelier placé en haut d’une colline surplombe la ville. Cette vue rassemble l’identité de la ville dans toute sa diversité architecturale : bâtiments patrimoniaux, musée de la nacre, tours HLM, château d’eau et bien sûr tous ces arbres ; des cerisiers, dont un placé juste devant la fenêtre. Cette vue va pousser Georgia à créer la première œuvre dans son atelier qui sera effectivement pleinement inspirée par l’espace.

Cette inspiration prend son origine dans ce cerisier planté devant la fenêtre de son atelier, complétement dénudé de ses feuilles en plein hiver. Georgia nous dit : « En hiver, on regarde cet arbre et on se dit que bientôt il sera habillé de fleurs blanches qui annoncent un renouveau ». Quand l’artiste nous parle de ses œuvres, nous découvrons à quel point l’optimisme y est présent. Les lacérations deviennent des symboles d’ouvertures, de lumière, de légèreté. C’est un sentiment qui se mélange à des textures, des ressentis et matérialise ainsi un parfait équilibre.

Ces doubles, triples couches de toile cachent et révèlent dans un même moment. L’artiste visualise ces couches comme la création d’un mariage entre des couleurs qui de prime abord ne se complémentent pas mais qui au travers d’une union créent un univers esthétique merveilleusement unique.

C’est effectivement quelques notions que nous retrouvons souvent dans les œuvres de Georgia Russell : « On doit ressentir quelque chose devant mes œuvres » Ressentir quelque chose, c’est aussi ressentir le récit d’une œuvre. « Ces coupures, sont aussi l’action de couper une partie de moi-même, me mettre à distance, j’enlève une certaine partie de moi, parfois c’est trop et parfois pas assez alors je continue. »

Après cette première visite, Georgia nous guide à quelques kilomètres de Méru dans un nouvel atelier. Quelques mois avant le confinement, il a été décidé de trouver un autre espace de création qui lui permet de créer des œuvres grands formats.

Nous découvrons le deuxième atelier de Georgia, une ancienne bâtisse industrielle rénovée en atelier et une partie en menuiserie, le tout construit en quelques mois par son mari.

L’artiste nous confie que plus récemment, ces vides, ces trous, ces espaces symbolisent un souffle, une respiration, une ouverture. Une notion à laquelle elle n’avait pas pensé auparavant, une notion arrivée en pleine pandémie de Covid, et notamment à la suite de la médiatisation d’un énième meurtre raciste aux États-Unis, celui de George Floyd à Minneapolis. A ce moment, le monde a été témoin d’un insupportable spectacle mortuaire. « I can’t breathe » ont été les derniers mots de la victime avant d’avoir été déclaré mort. Ces mots ont eu un sens particulier et ont marqué le début d’une prise de conscience générale sur le besoin d’actionner des changements radicaux dans nos modes de vies.

L’artiste nous livre dans sa langue maternelle: «I asked myself: people are dying and what the fuck am I doing? » Je me demande : les gens meurent et moi qu’est-ce que je fous ? » Quand la réponse se trouve de manière évidente dans son œuvre.

Retrouvez cette rencontre sur la chaîne YouTube de Françoise via le lien suivant : https://youtu.be/TjEWGKDN2EA

Par la création du Collectif Culturel de Proximité nous renforcerons l’émergence de notre positionsur le territoire et l’impact de nos actions. L’association Françoise pour l’œuvre contemporaine en société, créée en 2015 et implantée dans l’Oise,a pour mission l’accompagnement des artistes et initie depuis décembre 2020, avec le soutiende la DRAC, celle de co-construire et animer une relation de proximité avec ses partenaires culturels pour valoriser la force de leurs identités ainsi que leurs atouts.
Le Collectif Culturel de Proximité #CCP doit fédérer les acteurs, stimuler les échanges, recenserles attentes, porter les visions, actions et ambitions afin de mieux soutenir les artistes de notre région.