Silvia Velázquez
Silvia Velázquez est une artiste visuelle franco-uruguayenne. Née à Punta del Este en 1980, en Uruguay, elle vit et travaille en Suisse depuis 2009.
Entre recherches plasticiennes et interrogations de l’intime et de la mémoire, Silvia Velázquez propose des œuvres aux compositions géométriques permettant multiples lectures, mais où sa propre vision est volontairement exprimée à travers les titres. Pour ses dessins, elle utilise des formes simples, néanmoins méticuleusement travaillées à l’encre de Chine, fusionnant dans un tout du sensible et de la rigueur.
Elle s’intéresse aussi aux œuvres multiples et aux animations vidéo, accessibles à un plus large public et favorisant une démocratisation de l’art. De plus, l’artiste aime questionner le public au sujet du concept d’œuvre d’art original et unique qu’on a tendance à sacraliser.
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Nostalgias
Projet en cours de réalisation
La nostalgie a souvent été perçue comme quelque chose de négatif car elle est souvent confondue avec la mélancolie. Cependant, des études scientifiques récentes montrent qu'au contraire, l'activation des souvenirs nostalgiques permet de lutter contre la tristesse et de se protéger des sentiments négatifs.
Néanmoins, il est important de dénoncer l'usage commercial qui est donné à la nostalgie car elle nous prédispose à payer plus pour un objet que nous voulons. Ce qui nous rappelle que tout temps passé était meilleur aura une meilleure vente. Ou comme la nostalgie est également utilisée en politique. Le cas le plus clair est celui du slogan de campagne «Make America Great Again» utilisé par l'actuel président des États-Unis, mais aussi avant lui par Ronald Reagan et pour certains discours de Bill Clinton. Ainsi que l'expression «Hasta la vista, Baby» utilisée comme argument par Arnold Schwarzenegger lors de sa campagne électorale, pour son élection au poste de gouverneur de l'État de Californie.
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Point d'appui
« Mémoires et confidences »
Dessins à l’encre de ChineÀ travers cette série, Silvia nous dévoile des souvenirs d’enfance et de jeunesse dans son pays d’origine, l’Uruguay, ainsi que ses états d’esprit pendant et après son déménagement en Suisse.
L'artiste propose des œuvres mêlant géométrie et figuration, permettant des lectures différentes, mais dans lesquelles sa propre vision s'exprime volontairement à travers les titres.
Plusieurs pièces font référence à des lieux et traditions difficiles à déchiffrer pour ceux qui n'ont pas vécu ou connu l'Uruguay. Cependant, ils représentent également une opportunité pour elle de partager avec le public une partie de la culture et des traditions de ce pays d’Amérique du Sud. -
Le bon angle
« Montluçon Art Mobile », Fonds d’art moderne et contemporain, Montluçon, France
Le bon angle est un projet né de l’envie de Silvia Velázquez de partager son travail à travers les réseaux sociaux. A l’aide de son smartphone, procédant comme pour un selfie, l’artiste a pris des photos de ses dessins sur papier puis utilisé l’application Instagram pour appliquer des filtres aux images obtenues. Ces dernières devenant à leur tour de nouvelles œuvres indépendantes.
Article: Internet et les réseaux sociaux en prise sur l’art mobile - ArtsHebdoMédias
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Vous pouvez vous asseoir
« Ceci est une chaise »
Le point de départ pour la réalisation de cette installation a été la « chaise ». Après avoir parcouru brocantes et magasins de seconde main, je suis finalement tombée sur ce siège qui aurait pu être, à lui seul, une œuvre d’art.
Considérant absolument superflue l’intervention directe sur un tel objet, ici la « chaise », celui-ci devient une œuvre d’art non seulement par sa représentation dans le dessin accroché au mur, mais aussi, et surtout, par sa mise en scène.
C’est au travers du diptyque, que je laisse une empreinte tangible de mon intervention. Dans la première partie de celui-ci, j’ai voulu faire allusion au public qui viendra parcourir l’exposition et qui prendra place dans l’œuvre pour l’achever et la compléter par le simple geste de s’y asseoir. Afin de renforcer l’idée qu’il s’agit bien d’une œuvre d’art, j’ai non seulement représenté l’objet et son espace, mais j’ai également dessiné un piédestal sur lequel, en quelque sorte, le tout viendrait s’appuyer. -
Malley (gare)
« Géométries sensibles »
Dessins à l’encre de Chine et feutre
Le store est légèrement baissé. Dans la nuit presque tombée, les bâtiments d’en face ponctuent le paysage de lumières. A travers les vitres de l’atelier, la gare de Malley s’étale. A l’encre de Chine, Silvia Velázquez tire un trait, puis un autre. Serrant les rangs ou cernant une forme, ils ordonnent peu à peu l’espace. « J’ai voulu dessiner la gare, mais sans la regarder, pour voir ce dont je pouvais me souvenir. J’aime les lignes droites qui composent chaque chose ou être. Moi-même, je me vois comme un carré. » Rectangles, triangles et autres formes traduisent l’apparition nocturne. La feuille devient alors une « fenêtre ouverte[1] ». Non sur la ville, mais sur sa représentation. De ce premier dessin naît un deuxième, puis un troisième… Toute une série d’éléments architecturaux imaginaires. L’espace de papier troue le réel pour laisser flotter en son blanc des géométries souvent colorées aux caractéristiques singulières. Tantôt des parallélépipèdes glissent le long d’un même chemin de lignes formant un double sept. Tantôt un cube arbore des excroissances anguleuses. En majesté, chaque forme en contient d’autres qui s’imposent au regard avec simplicité et méthode. L’artiste s’inscrit dans la lignée des créateurs qui ordonnent l’espace en évoquant les règles qui régissent le monde, celles de la géométrie et des mathématiques. « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre. » Ainsi le fronton de l’Académie fondée par Platon indiquait que rien ne peut être créé en dehors des lois intrinsèques de l’univers. Et surtout pas la pensée philosophique. Présentes dès l’origine des civilisations, certaines figures préoccupent un monde antique en quête d’harmonie. Notion essentielle en histoire de l’art. De la géométrie plane naît l’art de la mosaïque puis des formes plus complexes se dressent dans l’espace inventant le volume, cher aux architectes. Avec Platon, l’icosaèdre renvoie à l’eau, le cube à la terre, l’octaèdre à l’air, le tétraèdre au feu et le dodécaèdre à l’univers. L’environnement tout entier peut alors se décliner à travers des formes conceptuelles. Ainsi, celles de Silvia Velázquez entraînent l’observateur aux confins de l’abstraction et des symboles. Les objets travaillés à l’encre et au feutre portent la rigueur des esquisses numériques qui les précèdent et la maîtrise parfaite de la main qui les engendre. D’abord combinaison de 0 et de 1, ils se multiplient, se décalent, s’associent et prennent vie en un jeu d’angles, de lignes et de couleurs. Une vie concentrée, ramassée, dans une géométrie sensible.Marie-Laure Desjardins, septembre 2017
ArtsHebdoMédias[1] Expression empruntée à Leon Battista Alberti, La Peinture, 1436, Le Seuil, coll. « Sources du savoir », 2004. I.19.