Laurent Santi
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Le repos du guerrier
"L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule."
"Le repos du guerrier" se propose d’être la préface ou la postface à cette citation d’André Breton.
En posant un simple fusil à eau sur un porte-fusil constitué des pattes d’un animal naturalisé, je tente d’interroger les rapports entre l’art et la violence, le surréalisme et sa réalité quotidienne, les idéaux révolutionnaires et leur mise en application dans la vie réelle.
Ici, on ne sait pas si le fusil à eau a servi ou servira. La seule certitude est que dans tous les cas, il ne peut que s’avérer totalement inutile aux visées révolutionnaires chères à Breton, aux Surréalistes et à leurs héritiers. Asperger d’eau le capitalisme peut éventuellement faire friper sa peau, jamais la déchirer.
Utopique, nostalgique, humoristique, Le repos du guerrier tente d’embrasser les lèvres des rêves surréalistes et se veut la réponse un rien désabusée à des questions que personne ne se pose jamais.
Installation réalisée pour l’exposition "Le hasard objectif", Centre européen de Poésie d’Avignon, 2016.
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La peau nue après le sparadrap
"La peau nue après le sparadrap" est une série de collages sans queue ni tête, comme l'eunuque décapité cher à Jean Yanne. Par le collage, je tente de créer des mondes poétiques, des univers de ciseaux et de colle, des galaxies où les étoiles sont des images. Le vrai monde est en lambeaux. Partout, la chair se déchire sous les coups de cutter du grand Capital. Peu importe, tant que j'ai de la colle, j'ai toujours le choix de fermer les yeux.
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Chiens de l'enfer
Par le biais de photos de famille trouvées à la poubelle et de mon écriture d'enfant, il s'agit, dans cette série, de parler de la famille à la fois comme d'une entité structurante mais aussi comme d'une fabrique à chagrins et d'une cage aux démons.
Dans cette série, la déchirure a autant d'importance que la photographie elle-même.
Cette série s'intitule "Chiens de l'enfer", en écho au recueil "L'amour est un chien de l'enfer" de Charles Bukowski.
C'est beau, adopter un chien de l'enfer. Le plus dur est de lui trouver une niche qui ne l'étouffe pas.
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Catharsis sauteuse
Faire se croiser les techniques et rimer les contraires. Mélanger poésie et humour noir, politique et poétique. A dada sur Dada, attendrir l'art à tire-larigot. Créer des rencontres entre Marx, Jésus, Van Gogh, des couches Pampers, Saddam Hussein et des légionnaires. Compter les moutons, les regarder pleurer. Faire de l'art, quoi.
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Luc et Sylvie
Le vent m'avait collé au visage l'un de ces catalogues de vêtements pour enfants qu'on trouve une fois par semaine dans toutes les boîtes aux lettres et sur tous les paliers.
Je me suis alors demandé si ces enfants aux sourires photoshopés avaient vraiment conscience de qu'ils faisaient. De ce qu'on leur faisait faire. Mes pensées ont vagabondé sur l'aspect sacrificiel de ce que les parents aux cerveaux morts imposent à leurs ex-spermatozoïdes.
J'ai réfléchi à comment tendre un miroir à des gens qui ne sont déjà plus que leurs propres reflets. Pour les choquer avec ce qu'ils ont engendré.
Torturer un bourreau est un plaisir de fin gourmet.