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Artistes

Hélène Caiazzo

Construit autour de notre relation au non-humain, et notamment autour de l’image de l’animal et de l’imaginaire de la bête, mon travail sert d’écran de projection afin de questionner et remettre en cause l’identité humaine et ses activités au-delà du mythe, de la fable, ou de l’image fantasmée. Mes installations sculpturales sont comme des fac-similés dont on aurait perdu le modèle d’origine, comme des copies incomplètes et tronquées dont l’opérativité est symbolique.

Le choix des matériaux que j’emploie me permet d’annuler ou de sublimer la trivialité, la banalité ou la brutalité des choses et des images représentées. Ce sont des scènes immobiles dont on ne sait pas vraiment s’il s’agit d’un avant, d’un après ou d’un pendant. Chaque élément fait partie d’une histoire qui nous est inconnue, mais qui pourtant sonne familière. Je conçois chaque pièce comme un échantillon, indépendant dans son propos et dans sa forme plastique, mais faisant partie d’un tout, car née de recherches qui s’entrecroisent et se suivent afin de créer une genèse. L’homme s’efface derrière l’omniprésence de la figure animale qui pourtant laisse perceptible sa voix. Mutisme résonnant qui convoque faille et fragilité dans un jeu de miroirs où apparaît en filigrane une douce brutalité. La plupart de mes pièces font référence de manière directe ou non à l’esprit des natures mortes du 16/17ème siècle et plus largement à la peinture d’Europe du Nord. Mes sculptures/installations sont conçues comme des éléments de «tableaux», ce sont des scénettes. Elles sont des fragments narratifs à travers lesquels je m’efforce d’établir un lien entre quelque chose d’apparent et quelque chose de caché, entre ce qui est présent et ce qui ne l’est pas.

Aussi j’ai un intérêt pour la question du regard haptique, j’essaie de transmettre dans mes pièces un lien entre le regard, le «toucher», le geste et la matière. Les matériaux que j’emploie, principalement la terre et la cire sont au centre des images que je façonne et permettent de leur donner tout leur sens, qui prend aussi effet dans les titres que je leur donne. Même si le propos premier est différent, en seconde lecture il s’agira toujours de la question de la manipulation et de la transformation de la matière due à la charge symbolique des matériaux qui est une mise en abyme de la création sculpturale. Le travail ancré dans une inertie, faisant souvent écho à la mort, à une temporalité passée ou incertaine, sous le poids de la question de la transformation d’une materia prima demande quelque-part à être animé et à vivre. Et si ce n’est de manière effective, à l’être au moins de manière imaginaire.