Gaëtan Trovato
Le travail de Gaétan Trovato s’attache à investir le champ du soudain. Sublimer et saisir le chevauchement des époques, la bascule des temps et leurs contradictions. Reconnecter et comprendre l’injustice d’une image. Écrire, décrire, faire et refaire pour habiter le son et les images. Ses recherches s’articulent autour d’une mythologie personnelle par la redistribution du rôle d'images souvent existantes. Il « installe » des fragments de cinéma comme mécanismes révélateurs de poésie, d’acte de mémoire. Déployées dans l’espace, les âmes de ce qui a été saisi sont là pour le sublimer et mettre en perspective la fabrication, la mise en scène du souvenir.
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TROIS ORMEAUX
TROIS ORMEAUX | 2013 HD, couleur, 3 min 34 En 1996 Michelangelo Antonioni et Wim Wenders tournent à Aix-en-Provence Par-delà les nuages, un long métrage mettant en scène quatre histoires d’amour à travers le regard d’un cinéaste. En 1968, François Truffaut y tourne La sirène du Mississippi avec Jean-Paul Belmondo et Catherine Deneuve. Ces deux films comportent des scènes tournées dans le centre d’Aix-en-Provence, un lieux que je parcours presque quotidiennement et que j’ai toujours perçu comme un décor de cinéma idéal. Je suis donc retourné sur les lieux exacts de tournage de ces deux séquences, pour capturer, à l’identique, les plans de ces films. J’y ai ensuite intégré les personnages des long-métrages originaux. Tels des spectres de cinéma, ils déambulent librement et secrètement aux cotés des passants du monde présent issus de mes plans. L’idée ici est de remettre en scène ces fragments de cinéma et de les confronter à une nouvelle temporalité ainsi qu’à de nouveaux espaces. La vidéo Trois Ormeaux, c’est aussi une histoire du lien, de raccord entre les images. En interrogeant la mémoire cinématographique d’un lieu, en l’occurrence l’espace de toute une ville, l’idée est de superposer des images qui ne devraient pas se rencontrer. Par la re-mise en scène de la mémoire, il s’agit d’interroger la manière dont l’esprit sublime parfois le souvenir, et comment il en modifie l’espace, les couleurs, et les sons.
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TELO MARTIUS
RESIDENCE AU THEATRE LIBERTE
du 16 au 31 janvier 2016
Exposition SMART CITY
avec la participation de Charles BerlingUn objet cinématographique autonome. A partir d'une maquette réalisée avec Julien Ferrato une nouvelle version est née avec l'idée d'évoquer des fragments memoriels de la ville de Toulon. Une ville du futur est d'abord une ville qui a conscience de son passé. J'ai donc intégré des images de films ayant été tournés à Toulon Pierrot le fou (Jean Luc Godard, 1965) ainsi que des images d'archives suite au bombardement. J'ai ensuite proposé à Charles Berling (directeur du théâtre liberté) de rejouer une réplique de Pierrot le fou emplifiant l'idée que l'histoire se répète toujours, se rejoue. C'est l'essence même de ma recherche. Comment travaille la mémoire et comment le souvenir se modifie avec le temps. Cette vision fictive évoque aussi l'aliénation lente que provoque la vie en ville. Comment les evenements se répètent ? Une vision fictive d'image prend possession de celle-ci. L'ensemble tente de montrer les mécanismes de fabrication de l'image. La voiture fait référence au vieux trucage des premiers films hollywoodiens. Elle montre mon parcours quotidien pour arriver jusqu'au théâtre. La structure en carton agit comme un zoom dans la maquette. Le spectateur filmé avec un retard de 5 secondes se retrouve donc au coeur de cette ville et en devient l'acteur, il s'opère un jeu de mise en abyme et de lien entre espace inerieur et extérieur. L'ensemble se parcours, s'éprouve et révèle la place que le citoyen peut avoir dans des espaces qui le dépassent.