Caroline Bizalion
Arlésienne, diplômée de l'Ecole d'Art d'Aix en Provence, je travaille différents médiums dans l'intention de créer des installations.
Ce sont des collectes qui vont être à l’initiative de mes réalisations. Saisies dans les espaces que j’occupe, ces récoltes me permettent de constituer des collections. Je m’intéresse à la partie «hors-champs» de ces formes glanées, leurs dimensions non immédiatement visibles.
Ces ressources issus des territoires que je traverse sont variables. Objets désuets, résidus de nature, images vieillies... Ces prélèvements du quotidien apparaissent alors sous des modes différents. Réinterprétés en dessin, en volume avec différents médiums, présentées sous forme d’installation, ou supports lors de performance, ils s’inscrivent de façon sériel dans un nouveau récit.
Il est aussi question d’un geste méthodique de réalisation, une sorte d’itinéraire que je vais définir consciencieusement et qui instaure un dialogue entre chaque série.
Le choix des matériaux et des supports est en permanence renouvelé. Je les choisis selon des caractéristiques précises. Souvent fragiles et temporels, j’instaure une certaine mise en doute et en danger dans mes dispositifs. J’engage alors un travail dont je ne contrôle pas l’entièreté du processus. J’interroge les notions de sauvegarde et de pérennité - ce qui reste et ce qui disparait. Cette dimension aléatoire et la précarité de certains procédés nous rappellent ainsi, au gré des formes évoluant dans l’espace, à la vulnérabilité de nos propres existences.
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Noués
Coutures sur draps de coton chiffrés, 2014
« Voilà ce qu’on peut lire, ou deviner, sur ces tissus, issus de trousseaux de mariage. Ces draps de lit, ces torchons sont noués, comme jetés en boule. Ils restent figés de manière informe mais néanmoins compacte. Leurs volumes chiffonnés sont tenus, retenus car cousus, ligaturés par du fil rouge. Telles de fines écorchures reprisées qui constelleraient de tâches sanguines la blancheur des tissus. Ils conservent en eux-mêmes une histoire – celles de leurs propriétaires – enclosent sans doute des secrets de famille, étouffent quelques non-dits, des blessures peut- être. Ils parlent assurément du corps et d’identité, de ce qui nous enveloppe. Il est aussi question de forme(s) et de geste(s). » - Henri Duhamel
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Etrangisation
Gants de boxe usés et bandes de coton
« Comme si tous ces éléments ainsi enveloppés appelaient une protection pas tant pour réparer, soigner que pour amortir, langer, (s’)enfouir, (se) loger, (se) lover – avec toute la fragilité que recèlent ces actions. Ces secondes peaux offertes, ces nouvelles carapaces, bien loin d’étouffer, d’enfermer, permettent souvent une respiration, comme en témoignent les ouvertures et béances qu’elles engagent sur leur structure, parfois par porosité et transparence ou encore par des ouvertures expressément découpées par l’artiste sur l’enveloppe en vue de révéler cet intérieur. » - Henri Duhamel
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Nacre Froissé
Crayon sur papier froissé
« Certaines déjà ont donné naissance à de bien étranges continents, couchés sur le papier. L’artiste part librement de ces nacres pour ciseler au crayon leurs contours irréguliers et dentelés. Au premier regard, il semblerait qu’elle figure des feuilles de nénuphar rongées ou de larges pétales de fleurs de pavot. Ces formes, à la croisée du végétal et du minéral, sont découpées par le bord incisif de la feuille à dessin sur laquelle ils se sont apposés. Le graphisme est régulier car constitué d’une accumulation de petits traits comme posés les uns à côté des autres. Le motif d’ensemble naît de plusieurs paramètres. Bien que partant d’un nacre existant, le processus répétitif inhérent au graphisme engendre de nouvelles strates inattendues, comme si la coquille se formait naturellement devant les yeux de l’artiste. » - Henri Duhamel
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Territoires Altérés
Plâtre et fils
Suivant le principe d’ensevelissement, les fils sont intégrés dans le plâtre. C’est par un geste de récupération, avec une aiguille, qu’ils vont refaire surface. La plaque de plâtre fragilisée va fissurer sans jamais se casser. Les fils font lien et permettent le passage d’une surface plane à un volume.