Darta Sidere
Darta Sidere est née en 1990, à Riga en Lettonie. Actuellement elle vit à Paris et travaille à Saint-Denis.
Elle crée des paysages aux formes futuristes, en questionnant la temporalité de la création naturelle, mécanique et manuelle. Elle s’intéresse à l’aspect haptique (vision par le toucher), en changeant la perception de son matériau de prédilection : la pierre. Ses installations suspendues ou mobiles sont
une fusion de paysages naturels et urbains, avec lesquels elle cherche à définir ce que pourrait être un espace du toucher.
Diplomée des Beaux-Arts de Paris en 2019, Darta Sidere a participé à des expositions en France et à l’étranger (Irlande, Japon entre autres) : Belonging à Limerick, TOPOS festival de sculpture à Saint-Denis, L’eau et les rêves au Palais des Beaux-Arts de Paris, tesselles//pixels au musée du Louvre, The Whole and the Part à Tokyo.
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En transit
En transit, 2019
grès de Luxembourg, acide nitrique, inox, roulettes
dimensions variablesEIB art collection
vue de l’installation : fin du programme de développement des artistes, EIB, Luxembourg
En transit est une installation de sculpture sur pierre, réalisée avec neuf grès provenant des carrières d’Erzen au Luxembourg. La surface est travaillée avec de l’acide nitrique, ce qui la rend plus poreuse comme si la pierre était en passe de se détruire. Les effets visibles peuvent également s’observer sur des bâtiments, des ponts ou encore la célèbre forteresse de Luxembourg. Ils sont les traces du temps et des évènements. L’acide nitrique est utilisé dans différentes techniques d’estampe depuis le 15ème siècle. Les artistes ont, par exemple, développé l’eau-forte pour la gravure, l’acide nitrique attaquant le métal, et aussi plus récemment, la lithographie au 19ème siècle : une technique pour dessiner sur des pierres. En choisissant de le poser sur des sculptures en pierre, j’ai mimé une accélération du temps. Tristan Garcia dans “The Life Intense: A Modern Obsession” analyse cette condition contemporaine de recherche de plus d’intensité et de plus d’électricité dans nos vies.
En mettant des pierres sur des barres métalliques et des roues, pour un possible mouvement, je cherche à changer la perception et à apporter une légèreté aux sculptures comme si elles s’adaptaient à ces nouvelles conditions contemporaines. -
Submergé dans la berceuse
Submergé dans la berceuse, 11/2018 - en continue
bronze, zinc, acier, laiton, aquariumsvue d’exposition : Topos, Studio Périféeries 2028, Saint-Denis
Submergé dans la berceuse est un travail initié en 2018. Il s’agit d’un processus continu. Dans chaque aquarium, il y a des sculptures plongées dans un mélange d’eau, de vinaigre et de sel, qui va accélérer la corrosion des différents métaux. Le premier aquarium contient deux genoux en bronze, le second, une tête en acier, le troisième, quatre mollets en zinc et le plus récent, une partie de la peau en laiton. C’est un travail en perpétuelle évolution dans la mesure où l’eau est ajoutée à chaque présentation, ainsi, des cristaux de sel tombent et repoussent, de nouvelles images apparaissent sur les parois et les sculptures changent de forme.
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Sous-face du paysage
Sous-face du paysage, 2022
pierre calcaire de St,Maximin, acier
205x140x175cmà l’arrière: Halldora Magnusdottir, Reproverse, 2022
vue d'exposition : Mesa Lendit, 6B, Saint-Denis
Sous-face du paysage est une installation en pierre calcaire St Maximin suspendue à une structure en métal. Elle fait 175 cm de hauteur, 205 cm de largeur et 140 cm de longueur. Les éléments de pierre sont colorés avec des pastels à l’huile. Ils sont accrochés à des barres en acier forgé, elles- mêmes suspendues.
Il s’agit d’une représentation de la carte géologique de Saint-Denis. Le contour et les couleurs renvoient à des informations réelles relatives à ce type de carte. Par exemple, le jaune désigne des zones où se trouvent des marnes, des masses de gypse et du calcaire Noisy-le-Sec. Le relief correspond à l’interprétation du temps géologique. Les parties les plus hautes sont les endroits les plus jeunes (20 millions d’années) et les plus basses sont les plus anciens (45 millions d’années) de l’ère Cénozoique.
Ce travail est la continuité de ma recherche de définition d’un espace du toucher. Sous-face est une face intérieure, dans ce cas, du paysage que l’on ne voit pas mais qui est sous nos pieds. -
Matrioshka brain
Matrioshka brain, 2021
fonte d’aluminium
130x60cmvue d’exposition : Des trous dans les murs, Espace Claude Forêt, Chagny
Matrioshka brain est une sculpture en aluminium. J’ai travaillé tout d’abord le polystyrène au cutter et à l’air comprimé pour garder l’aspect de la surface de ce matériau léger. Puis, quand le modèle fut prêt, j’ai collaboré avec une fonderie pour fabriquer des moules. Nous avons coulé l’aluminium qui a brûlé le polystyrène et est venu prendre sa place. Matrioshka brain est un concept proposé par Robert Bradbury pour les futures ressources énergétiques : une mégastructure qui réutilisera l’énergie autour de la Terre à plusieurs niveaux comme une poupée russe. Cette sculpture est aussi pour moi une sorte d’hommage à la Terre, elle représente ses trois couches principales et le plus petit élément a la forme d’un vaisseau spatial, qui évoque le futur proche dans l’espace.
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Ode mécanique
Ode mécanique, 2021
pierre calcaire, acide nitrique, acier, galetsvue d'exposition : Le vert sur l'arcade, Galerie du Crous de Paris
L’installation Ode mécanique est faite de deux pierres calcaires taillées et plongées ensuite dans un bain d’acide nitrique pour faire ressortir les traces de fossiles. Elles sont posées sur des pieds en métal avec des galets qui permettent un potentiel roulement sur des IPN forgés.
Ode est un poème de célébration, ici, destiné à la mécanique : l’étude du mouvement et de la construction. Les pierres sont taillées en forme de vagues pour rappeler les ondes mécaniques qui sont une oscillation de la matière. Les IPN deviennent des rails sans fin ni début. L’installation présente un moment fixe où la pierre est prise entre plusieurs temporalités : le temps long de sa création naturelle, son accélération avec la construction du roulement et sa destruction avec les acides qui la rongent. -
Drying dry weight/(h)altère
Drying dry weight, 2021
tuf, acier
100x180x30cm(h)altère, 2021
laine de Solčava
165x120x6cm; 180x120x6cmvue de l’installation : fin de résidence à Gornji Grad
Est-il possible de toucher une montagne ? Pendant la résidence d’artiste à Gornji Grad (Slovénie), je cherchais des moyens de rapprocher le paysage.
Inspirée par l’environnement local, j’ai travaillé avec différents matériaux que j’ai trouvés dans la région, comme la laine de Solčava et la pierre de tuf.
ALT est le titre de cette présentation finale, correspondant à la touche sur le clavier de l’ordinateur qui est une touche alternative.
Le titre de la première sculpture est (h)altère, qui peut être compris en français de deux manières : haltère, pour l ́haltérophilie et altère, la distorsion. J’ai utilisé la laine pour créer deux sculptures évoquant le paysage montagneux et les blocs de béton utilisés en bord de route pour délimiter la montagne et se protéger de l’éboulement.
La seconde œuvre Drying dry weight est une pierre suspendue sur une structure métallique, inspirée de l’élément architectural des granges locales – le râtelier à foin utilisé en agriculture pour le séchage. Avec l ́installation sculpturale ALT, je cherchais une perception inversée du poids, où la laine devient plus lourde et la pierre plus légère.