Nathalie Borowski
“Remarquée au Salon de Montrouge en 2008, elle expose régulièrement depuis (Grand Palais à Paris, Palais des Beaux-arts à Bruxelles etc.). Nominée pour le Prix des jeunes plasticiens (2011), lauréate du Prix du Public (2013), et du Prix du Jury à la Biennale d’Art Contemporain de Cachan (2018).
Nathalie Borowski tente d’établir des rapprochements entre science et schémas sociétaux. “Et si l’organisation de la société, ses mouvements, ses réseaux, sa communication n’étaient que le reflet de notre constitution et modélisation cellulaire ?“
En se fondant sur des faits scientifiques établis, elle oriente sa recherche vers un univers onirique, allégorique et compose des analogies avec le monde extérieur. Cellules, gènes, chromosomes, migrations cellulaires, systèmes de communication sont autant de prétextes à une réflexion sur le thème de l’ADN. Tel un organisme vivant en perpétuelle évolution, son travail tente d’en déployer les signes et les codes.
Ruyer concevait la spatialité chez Bergson comme une «parfaite extériorité des parties les unes par rapport aux autres, en une indépendance réciproque complète» (R. Ruyer, La Conscience et le corps – 1937). C’est dans cette veine que l’œuvre de Nathalie Borowski - qui décline ses obsessions - travaille la répétition et la multiplication des signes. Rien n’est mécanique dans sa création : la variation de la taille des cercles, des découpes, des matériaux utilisés comme support - et la réflexion sur l’agencement de l’espace dans lequel ces formes sont répétées - contribuent à interroger l’observateur sur le sens de ce qui nous compose.
L’artiste évoque à travers ses paysages imaginaires les migrations cellulaires. Ses créations s’inscrivent dans un temps long qui n’est pas sans rappeler le lent déplacement des cellules et questionner notre rapport au temps. A l’instar d’une géographie en perpétuel et imperceptible mouvement, son travail se compose de dessins et signes répétitifs. Il y est question de géométrisation d’un paysage, de communication, d’animalité… Le signe plastique parle de lui-même, courbe finie ou infinie, espace clos, le cercle symbolise par essence un perpétuel recommencement. A l’aune de Sisyphe, qu’Albert Camus imaginait heureux d’accomplir chaque jour la même tâche, et qui à force de l’accomplir en percevait mieux le sens, l’approche répétitive de l’artiste prend toute sa signification.“
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Escaping the cells
Plaques de polyuréthane - 2mx1m chaque
Formes découpées : environ 60 x 80cmCette installation est la libre représentation de nos cellules humaines dans laquelle les « corps humains » sont ici représentés par des mousses de Polyéthylène.
En jouant avec l’idée de l’évasion et de l’autonomie de nos cellules, échappées de leur cadre originel, j’ai voulu leur conférer une identité propre. Zoomorphes, anthropomorphes, abstraites, combatives, amorphes, mais indissociables de leur point d’origine.
Formes qui échappent à la gravitation, les figures se concentrent et semblent dériver en toute liberté dans un espace défini. Les structures, de forme géométrique, renforcent le sentiment de flottement. Formes ludiques et organiques, ombres et lumières, paysage de l’enfance passant du noir au blanc. Les formes peuvent être présentées loin de leur cadre originel, semblant s’échapper, discernables sans pour autant être cernées. -
Les grands Fonds
Dessin sur papier BFK Rives - 56x76cm
Les coordonnées GPS correspondent à un point réel et précis, le dessin est imaginaire.
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Tectonique des plaques
Prix du jury Biennale de Cachan 2018
Peinture acrylique sur bois - verresL’écorce terrestre n’est pas «homogène». Elle est constituée de plaques qui «flottent» à la surface et qui dérivent en se frottant les unes contre les autres. La tectonique des plaques est la théorie qui décrit et explique l’évolution géographique de la surface de la terre, notamment les positions des continents.
A l’image d’une dérive des continents, je crée une allégorie cellulaire en utilisant les codes des cartes IGN. Placées et déplacées dans l’espace ces cellules développent une identité propre, évoquant un renouvellement toujours actif de notre activité cellulaire.
Reprenant la théorie de la dérive des continents, j’ai conçu une installation in situ évoquant les transformations traduites par le découpage de l’écorce terrestre en un certain nombre de plaques et par extension et analogie fait référence aux migrations cellulaires.
Partant de l’idée de transformation du paysage, induite par les phénomènes géologiques, j’ai extrait de l’observation de cartographies. Le temps de réalisation de mon travail rappelle le lent déplacement des plaques. A l’instar d’une géographie en perpétuel et imperceptible mouvement et d’un déplacement cellulaire incessant, mon travail se compose de dessins/signes répétitifs de forme circulaire se développant dans l’espace. Ici il y est question de géométrisation d’un paysage. Par définition sans aucun angle, le cercle n’a pas de “sens“, ni haut ni bas.
En utilisant la forme du cercle dessiné pour représenter un paysage imaginaire, le signe plastique parle de lui même, courbe finie ou infinie, espace intérieur clos par une ligne, le cercle impose un rythme. Tel un Sisyphe, qu’Albert Camus imagine heureux d’accomplir chaque jour la même tâche, a priori insignifiante et qui à force de l’accomplir en perçoit de mieux en mieux le sens. Ce qui semblait absurde devient fondamental. La répétition pousse par ailleurs à évoquer la notion de l’espace-temps. Lenteur du processus, renouvellement du signe envahissant l’espace.
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Ping-pong de l'ADN
1 - Découpes de balles de ping-pong (sans laser) écriture cellulaire,
boîte entomologique - 39x26cm2 - Boîte oeufs - Balles découpées (sans laser)
Le support matériel de notre information génétique est l’ADN. Au sens strict, le génome de chaque être humain est unique (à l’exception de ceux, identiques, de vrais jumeaux).
Sur chaque cellule, ici matérialisée par une balle de ping-pong, dont la symbolique du rebond lui confère une dimension de mouvement, est dessinée une forme imaginaire et unique dont la création hybride rappelle une « chimère ».
En génétique, une « chimère » est un organisme animal issu d’une double ou multiple fécondation. Elle renvoie d’une certaine façon aux mythes grecs d’une créature fantastique hybride et symbolique d’un « multiple » d’êtres possédant les attributs de plusieurs animaux.
Posée sur un support ou suspendue dans l’air, arrêtée dans son mouvement, la fonction ainsi travestie de la balle me permet d’arrêter le temps et de jouer avec le ou les sens de la vie. En la détournant de sa finalité originelle du jeu, en la disséquant, je lui confère une autonomie retranscrite par le détachement de son « cocon ».
Ce matériau de celluloïd donne à l’objet découpé une allure de petite forme solide mais d’apparence fragile. Travestissant une réalité imaginaire, je donne à voir à l’instar d’insectes étudiés, disséqués, et exposés, des découpes de balles conférant ainsi une dimension animale aux cellules.