Jenny Feal
Jenny Feal est née en 1991 à La Havane, Cuba. Elle vit et travaille entre La Havane et Lyon. Feal a étudié à l'ISA (Cuba) et à l’ÉNSBA de Lyon. Ses œuvres ont été exposées dans des lieux d'importance tels que la Biennale de la Havane, La Villa Médicis à Rome, La Maison Européenne de la Photographie à Paris, La Green Art Gallery à Dubai, Centro de arte contemporáneo Wifredo Lam à La Havane, La Galerie Hangar à Lubumbashi (2018), la Biennale d'art contemporain de Lyon (2019) et la Fondation d'entreprise Martell à Cognac (2020).
Poétiques et fragiles, les œuvres de Jenny Feal parviennent à allier les hasards et les tragédies privées et publiques, personnelles et politiques. Si une certaine forme de tristesse flotte dans son travail, ces sentiments sombres n’existent que grâce à une poésie omniprésente que l’ironie et l’humour viennent augmenter. Chaque objet qui compose son travail agit avec le même protocole, ce sont les matérialisations de ces pensées et, en étant le fragment d’une histoire personnelle partiellement partagée, celle de l’artiste mais aussi celle des autres. Les objets deviennent les dépositaires d’une exploration mentale sans limite... Dans l’environnement cubain, l’eau est omniprésente, notamment en tant que frontière territoriale mais l’île est plus spécifiquement incarnée dans son œuvre par la terre et si l’eau et l’argile sont si présentes dans son œuvre, c’est précisément pour la relation qu’ils entretiennent et qui génère toute la tension qui imprègne son travail. La combinaison entre l’argile et l’eau est plus qu’un phénomène plastique, c’est une métaphore de la vie, avec son ambivalence intrinsèque qui réside dans l’absence de vie, c’est à dire la mort. (…) Matthieu Lelièvre
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Pienso que tus versos son flores que llenan tierras y tierras / Je pense que tes vers sont des fleurs qui remplissent les terres et les terres
Installation exposée dans le cadre de Là où les eaux se mêlent, 15e Biennale de Lyon, Musée d’art contemporain, Lyon, France
18.09.2019 – 05.01.2020Les installations de Jenny Feal traduisent sous des formes poétiques, parfois symboliques et parfois documentaires son expérience personnelle de l’histoire de Cuba, afin de témoigner des conditions d’existence et de la fragilité d’un quotidien conditionné par le régime politique d’un pays grippé entre l’idéologie et la réalité. En orchestrant une situation figée entre un passé fantasmé et un exil brutal douloureux, Jenny Feal propose une installation immersive qui combine différents modes de narration, oscillant entre récit historique et fiction nourrie par son expérience personnelle et le pouvoir du rêve. Agressés par la terre qui symbolise à la fois la vie et la mort, des murs teintés d’ocre rouge témoignent d’une violence historique, symbolique, politique et sociale exprimée par les pages d’un livre que l’on ne peut lire, tandis que, ça et là, des objets du quotidien participent d’un récit énigmatique.
Jenny Feal construit par touches et traces discrètes la scène d’un crime dont les acteurs principaux semblent être la mort et l’absence. (…) Jenny Feal façonne son propre paysage, qui n’est pas seulement celui qui se déroule devant nos yeux mais celui que l’on invente. Les traces de terre au mur sont issues d’un processus de dépose et de retrait, qui rappellent à l’artiste les murs des prisons. Poésie de la trace que l’on laisse sur un obstacle, qui marque la limite de sa liberté, physique ou mentale.
Matthieu Lelièvre & l’Equipe curatoriale de la Biennale de Lyon
(…) L’installation de Jenny Feal est présentée dans une seule et même pièce du premier étage du MAC Lyon. Elle est composée de trois éléments distincts. Au centre est installé une grand livre ouvert et retourné comme une toile de tente, dont les pages vides ne sont pas en papier mais en toile de jutes. Le mur de droite est entièrement recouvert d’une fresque en argile rouge, qui se dérobe par des portes coulissantes en bois non manipulables, empêchant le public de la contempler dans son ensemble. L’artiste a dessiné en enlevant de la matière, laissant donc apparaître des traces blanches sur le fond rouge, ainsi qu’une fleur-papillon, « Mariposa » sur la droite, accompagnée d’un grand vase brisé posé sur le sol.
(…) Le titre en espagnol peut se traduire comme « Je pense que tes vers sont des fleurs qui remplissent des terres et des terres ». Il est tiré d’un poème écrit par l’artiste.
L’artiste a entretenu une relation épistolaire, principalement composée de poèmes, avec son grand-père qu’elle imaginait habiter aux États-Unis. Elle découvrira après sa mort qu’il était en réalité prisonnier politique à Cuba pendant 17 ans, puis exilé aux États Unis. Emprisonné à cause de ses écrits, il n’évoquera jamais sa captivité dans les lettres et les poèmes envoyés à sa petite fille. L’artiste se rapproprie son histoire familiale en invitant les visiteurs à déambuler dans cette installation.
Le mur d’argile est peint grâce au retrait de la matière appliquée préalablement par l’artiste. Elle creuse pour faire ou voir apparaître une histoire, un dessin, comme cette « fleur papillon » associé à un vase cassé sur le mur. Les marques rappellent aussi douloureusement les traces que peuvent laisser des exécutions publiques sur des murs blancs. La fleur est également une référence à la dictature cubaine et la censure imposée aux habitant·e·s. Utilisées pour cacher des messages écrits, les femmes se paraient de ces fleurs, qui devenaient ainsi une cachette en cas de contrôle et de fouilles.
Les installations de Jenny Feal fonctionnent donc comme des narrations, des récits dans lesquels elle mélange son histoire personnelle et l’Histoire universelle de la guerre, de l’oppression et de l’exil. Comme dans la famille de l’artiste des morceaux sont manquants, le visiteur ne peut apercevoir la fresque en entier à cause des portes coulissantes, les pages du livre sont blanches et l’histoire racontée est incomplète. Le mur de droite est arrondi, rappelant que quelles que soient les histoires vécues par les hommes, la terre continue de tourner.
Par Lisa Emprin @ Biennale de Lyon
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Je pense que tes vers sont des fleurs qui remplissent les terres et les terres
Installation exposée dans le cadre de Là où les eaux se mêlent, 15e Biennale de Lyon, Musée d’art contemporain, Lyon, France
18.09.2019 – 05.01.2020Les installations de Jenny Feal traduisent sous des formes poétiques, parfois symboliques et parfois documentaires son expérience personnelle de l’histoire de Cuba, afin de témoigner des conditions d’existence et de la fragilité d’un quotidien conditionné par le régime politique d’un pays grippé entre l’idéologie et la réalité. En orchestrant une situation figée entre un passé fantasmé et un exil brutal douloureux, Jenny Feal propose une installation immersive qui combine différents modes de narration, oscillant entre récit historique et fiction nourrie par son expérience personnelle et le pouvoir du rêve. Agressés par la terre qui symbolise à la fois la vie et la mort, des murs teintés d’ocre rouge témoignent d’une violence historique, symbolique, politique et sociale exprimée par les pages d’un livre que l’on ne peut lire, tandis que, ça et là, des objets du quotidien participent d’un récit énigmatique.
Jenny Feal construit par touches et traces discrètes la scène d’un crime dont les acteurs principaux semblent être la mort et l’absence. Élément récurrent de son travail, le livre, entre journal intime et livre d’histoire, trahit par ailleurs des considérations historiques et sociales marquées par la censure et l’autocensure, le désir de liberté et le besoin de créer une histoire intuitive et sans mot. Dépossédée du langage, la poésie célèbre une liberté exprimée sous la forme d’une sensation incarnée par un livre saisie dans sa chute et traversée par la lumière. Jenny Feal façonne son propre paysage, qui n’est pas seulement celui qui se déroule devant nos yeux mais celui que l’on invente. Les traces de terre au mur sont issues d’un processus de dépose et de retrait, qui rappellent à l’artiste les murs des prisons. Poésie de la trace que l’on laisse sur un obstacle, qui marque la limite de sa liberté, physique ou mentale.
Matthieu Lelièvre & l’Equipe curatoriale de la Biennale de Lyon
L’installation de Jenny Feal est présentée dans une seule et même pièce du premier étage du MAC Lyon. Elle est composée de trois éléments distincts. Au centre est installé une grand livre ouvert et retourné comme une toile de tente, dont les pages vides ne sont pas en papier mais en toile de jutes. Le mur de droite est entièrement recouvert d’une fresque en argile rouge, qui se dérobe par des portes coulissantes en bois non manipulables, empêchant le public de la contempler dans son ensemble. L’artiste a dessiné en enlevant de la matière, laissant donc apparaître des traces blanches sur le fond rouge, ainsi qu’une fleur-papillon, « Mariposa » sur la droite, accompagnée d’un grand vase brisé posé sur le sol.
(…) Le titre en espagnol peut se traduire comme « Je pense que tes vers sont des fleurs qui remplissent des terres et des terres ». Il est tiré d’un poème écrit par l’artiste. (…) L’artiste a entretenu une relation épistolaire, principalement composée de poèmes, avec son grand-père qu’elle imaginait habiter aux États-Unis. Elle découvrira après sa mort qu’il était en réalité prisonnier politique à Cuba pendant 17 ans, puis exilé aux États Unis. Emprisonné à cause de ses écrits, il n’évoquera jamais sa captivité dans les lettres et les poèmes envoyés à sa petite fille. L’artiste se rapproprie son histoire familiale en invitant les visiteurs à déambuler dans cette installation.
Au centre, le livre aux pages blanches semble vomir de l’argile. Il représente un carnet de poèmes écrits par son grand-père. Dans ce carnet de poésies et journal intime, contraint par la censure et l’autocensure, les pages sont blanches et ne racontent aucune histoire. La personne manquante, au centre de la famille semble donc s’être volatilisé, laissant tomber un livre à l’échelle démesurée qui le mène à sa perte (…).
Les installations de Jenny Feal fonctionnent donc comme des narrations, des récits dans lesquels elle mélange son histoire personnelle et l’Histoire universelle de la guerre, de l’oppression et de l’exil. Comme dans la famille de l’artiste des morceaux sont manquants, le visiteur ne peut apercevoir la fresque en entier à cause des portes coulissantes, les pages du livre sont blanches et l’histoire racontée est incomplète. Le mur de droite est arrondi, rappelant que quelles que soient les histoires vécues par les hommes, la terre continue de tourner.
Par Lisa Emprin @ Biennale de Lyon
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Je pense que tes vers sont des fleurs qui remplissent les terres et les terres
Installation exposée dans le cadre de Là où les eaux se mêlent, 15e Biennale de Lyon, Musée d’art contemporain, Lyon, France
18.09.2019 – 05.01.2020Les installations de Jenny Feal traduisent sous des formes poétiques, parfois symboliques et parfois documentaires son expérience personnelle de l’histoire de Cuba, afin de témoigner des conditions d’existence et de la fragilité d’un quotidien conditionné par le régime politique d’un pays grippé entre l’idéologie et la réalité. En orchestrant une situation figée entre un passé fantasmé et un exil brutal douloureux, Jenny Feal propose une installation immersive qui combine différents modes de narration, oscillant entre récit historique et fiction nourrie par son expérience personnelle et le pouvoir du rêve. Agressés par la terre qui symbolise à la fois la vie et la mort, des murs teintés d’ocre rouge témoignent d’une violence historique, symbolique, politique et sociale exprimée par les pages d’un livre que l’on ne peut lire, tandis que, ça et là, des objets du quotidien participent d’un récit énigmatique.
Jenny Feal construit par touches et traces discrètes la scène d’un crime dont les acteurs principaux semblent être la mort et l’absence. Élément récurrent de son travail, le livre, entre journal intime et livre d’histoire, trahit par ailleurs des considérations historiques et sociales marquées par la censure et l’autocensure, le désir de liberté et le besoin de créer une histoire intuitive et sans mot. Dépossédée du langage, la poésie célèbre une liberté exprimée sous la forme d’une sensation incarnée par un livre saisie dans sa chute et traversée par la lumière. Jenny Feal façonne son propre paysage, qui n’est pas seulement celui qui se déroule devant nos yeux mais celui que l’on invente. Les traces de terre au mur sont issues d’un processus de dépose et de retrait, qui rappellent à l’artiste les murs des prisons. Poésie de la trace que l’on laisse sur un obstacle, qui marque la limite de sa liberté, physique ou mentale.
Matthieu Lelièvre & l’Equipe curatoriale de la Biennale de Lyon
L’installation de Jenny Feal est présentée dans une seule et même pièce du premier étage du MAC Lyon. Elle est composée de trois éléments distincts. Au centre est installé une grand livre ouvert et retourné comme une toile de tente, dont les pages vides ne sont pas en papier mais en toile de jutes. Le mur de droite est entièrement recouvert d’une fresque en argile rouge, qui se dérobe par des portes coulissantes en bois non manipulables, empêchant le public de la contempler dans son ensemble. L’artiste a dessiné en enlevant de la matière, laissant donc apparaître des traces blanches sur le fond rouge, ainsi qu’une fleur-papillon, « Mariposa » sur la droite, accompagnée d’un grand vase brisé posé sur le sol.
(…) Le titre en espagnol peut se traduire comme « Je pense que tes vers sont des fleurs qui remplissent des terres et des terres ». Il est tiré d’un poème écrit par l’artiste. (…) L’artiste a entretenu une relation épistolaire, principalement composée de poèmes, avec son grand-père qu’elle imaginait habiter aux États-Unis. Elle découvrira après sa mort qu’il était en réalité prisonnier politique à Cuba pendant 17 ans, puis exilé aux États Unis. Emprisonné à cause de ses écrits, il n’évoquera jamais sa captivité dans les lettres et les poèmes envoyés à sa petite fille. L’artiste se rapproprie son histoire familiale en invitant les visiteurs à déambuler dans cette installation.
Au centre, le livre aux pages blanches semble vomir de l’argile. Il représente un carnet de poèmes écrits par son grand-père. Dans ce carnet de poésies et journal intime, contraint par la censure et l’autocensure, les pages sont blanches et ne racontent aucune histoire. La personne manquante, au centre de la famille semble donc s’être volatilisé, laissant tomber un livre à l’échelle démesurée qui le mène à sa perte (…).
Les installations de Jenny Feal fonctionnent donc comme des narrations, des récits dans lesquels elle mélange son histoire personnelle et l’Histoire universelle de la guerre, de l’oppression et de l’exil. Comme dans la famille de l’artiste des morceaux sont manquants, le visiteur ne peut apercevoir la fresque en entier à cause des portes coulissantes, les pages du livre sont blanches et l’histoire racontée est incomplète. Le mur de droite est arrondi, rappelant que quelles que soient les histoires vécues par les hommes, la terre continue de tourner.
Par Lisa Emprin @ Biennale de Lyon
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Mamey
En passant le seuil de l’espace La Spirale du Toboggan, une sensation de désarroi s’installe en nous : une double impression de séduction et d’étrangeté face à une « situation » intangible, au premier abord. Les règles du jeu ne sont pas fournies au préalable ; peu à peu le visiteur doit les décoder et accepter son rôle actif et activateur, dans une œuvre immersive qui invite à la circulation, à l’implication participative et dont le sens ne se complète qu’en assumant les variantes antérieures.
En partant du nom d’un fruit endémique des Antilles (mamey), Jenny Feal nous invite à accepter le voyage à l’intérieur de sa pulpe, dans une combinaison d’expériences sensorielles, voire synesthésiques. Ses composants participent toutefois uniquement de manière allusive et parabolique, en créant un nouveau système de relations chronotopiques qui se distancie de la reproduction réaliste pour emprunter le chemin de la fiction. La pulpe se matérialise alors en un lac de glaise qui envahit la totalité de l’espace. Son noyau d’osier[1] suspendu en haut devient le petit coffre sacré contenant de ce qui reste inaccessible : l’existence fortuite d’un petit carnet d’annotations, doublement inatteignable par son matériau de constitution et par sa localisation, nous révèle cette incapacité.
L’expérience se complète en gravissant la spirale, en nous plaçant dans une nouvelle situation, dont la perspective en contreplongée nous oblige, comme dans une séquence cinématographique, à basculer notre angle de vue et à changer ainsi d’attitude. Notre position passive d’observation se transmute à travers l’apparition d’un objet insolite[2]. Un nouveau processus se met en marche, donnant lieu à un cycle où divers éléments et facteurs se donnent rendez-vous : le geste transformateur[3], l’eau comme agent activateur et la lumière naturelle comme trace d’une temporalité immanente. Et ce lac auparavant inamovible commence à muter dans le temps et dans son devenir, en se diluant dans cet état qui précède la création de l’œuvre en céramique – manifestation amplement explorée par l’artiste – fermant ainsi un cycle essentiellement vital. Un retour à la terre ?De la forêt vers la colline / Mille fruits exquis / Pour la déesse il apporte /
Il les prend un à un / La mère Vénus tendre / Et à la lèvre il les conduit /
Et il les déflore à peine / La bouche encore imprégnée / Du savoureux nectar /
Cupidon dépoitraillé / À la fin lui présente / Du délicieux mamey / l’essence parfumée.[4]Mamey[5] se révèle alors comme un “trou noir”, avec une gravité et des caractéristiques propres, dans sa vocation d’engendrer une infinité de possibles et d’horizons d’événements. Non sans risque ni sans incertitude, bien entendu. Traverser la subtile frontière entre ce nouvel univers de possibles dépend néanmoins du spectateur, de son acceptation du défi que représente l’aventure de l’expérience d’une œuvre d’art.
Sara Alonso Gómez, Bogota, 22 octobre 2017[1] L’osier est un matériau très résistant et élastique, qui permet l’aération et qui pour cette raison a été amplement utilisé dans la
confection de mobilier traditionnel dans les pays chauds.
[2] Le seau est typique des « bateyes » cubains, lieux de la campagne cubaine qui constituaient initialement les zones d’habitation des
esclaves dans les plantations sucrières de la période coloniale.
[3]Dans la culture populaire d’influence afro-cubaine, lancer de l’eau hors de l’espace domestique est une façon de purifier, de laver les limites du foyer et de repousser ainsi les mauvais esprits.
[4] Mamey, de Juan Clemente Zenea, écrivain cubain important de la seconde moitié du XIXe siècle.
[5] Le mamey est un fruit sempervirent de la famille des Calophyllaceae, fruits sucrés et comestibles. Il est probablement originaire des Antilles.Exposition personnelle Mamey, La Spirale, Toboggan, en Résonance avec la 14è Biennale de Lyon, Décines-Charpieu, France
Commissaire d’exposition : Sara Alonso Gómez
Avec le soutien de La Ville de Décines-Charpieu, le Toboggan, La Médiathèque, l’ADERA et le Collectif la Coulisse. -
Bibliothèques des grands-parents
céramique crue, métal, bois, papier
dimensions variables
2016
Deux bibliothèques qui reflètent deux systèmes de pensée opposés. L’une socialiste ou communiste et l’autre social-démocrate et chrétienne. Elles appartiennent à mes deux grands-pères qui ont vécu à Cuba pendant la révolution cubaine de 1959. L’un s’est battu pour sortir de la misère rurale avec l’espoir d’une meilleure répartition des richesses et des droits. L’autre, psychiatre cultivé, poète et compositeur, a soutenu financièrement les idéaux révolutionnaires à leurs débuts avant de s’en écarter lors du virage communiste décidé par les dirigeants. Il a ensuite été incarcéré pendant 17 ans en tant que prisonnier politique avant de s’exiler vers les États-Unis.
Cette installation reproduit l’intégralité de la bibliothèque socialiste de mon grand-père resté à Cuba, celle que j’ai connue en grandissant, confrontée à la bibliothèque de mon grand-père décédé à Miami, construite d’après les références et les échanges que j’ai pu avoir avec lui.
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Essayer de se coucher sans faire un pli
Tratando de acostarse sin hacer un pliego est une sculpture où un tas d’assiettes rouges entières ou en morceaux constituent le support d’un lit. Ce meuble propice au sommeil et au repos semble ici difficile à utiliser de par la fragilité et la dangerosité de son sommier. Son titre propose un défi: réussir à se coucher dans ce lit sans violenter d’un pli le drap. Les assiettes rouges représentent un objet domestique, fragile et banal mais incarnent aussi « les pots cassés » à payer par l’auteur « des faits commis ». Le drap représente quant à lui l’histoire tragique des familles incomplètes.
Photographies: Aurélien Mole
Exposition personnelle Mar oculto, Galerie Dohyang Lee, Paris, France. Avec le soutien aux galeries / exposition du Centre national des arts plastiques.