Marcelline Bertin
Artiste photographe formée à l'École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles, Marcelline Bertin questionne les territoires et paysages dans lesquels nous vivons et donne à voir leurs histoires sous-jacentes. Elle propose une relecture de nos histoires partagées sous le prisme de l'intime, donnant la parole à autrui. La notion de paysage et de commun sont au centre de ses préoccupations. Elle développe un projet imagé et textuel autour d'une notion particulière qu'elle théorise ; "Le paysage quotidien".
Son intérêt pour la matérialité et la porosité de la photographie se manifeste dans sa façon de traiter l’image : travail du grain, expérimentations autour de la fragilité de la pellicule et des procédés de prise de vue. Elle donne à voir une photographie qui garde des traces de son usage, une preuve de la fabrication des images et de son rapport au vivant. Récemment, elle se questionne sur ses gestes photographiques et les impacts écologiques qui en découlent, en intégrant l’autre, végétal et animal, dans sa pratique.
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Crépusculaire
Crépusculaire est une photographie issue de la série Paysages du quotidien. À travers des récits photographiques et textuels autour des notions de commun, de quotidienneté, et de rapport à l'autre, Paysage du quotidien questionne l'espace du vivre-ensemble en tissant une histoire imagée à plusieurs voix.
"Pour moi quand j'entends le mot "paysage" ça me rappelle les vacances que j'ai passé avec mes grands-parents en bretagne. C'était vraiment beau, ça changeait de chez moi, et ça faisait du bien. Je me suis toujours dis que les paysages les plus extraordinaires étaient dans les bouquins, tu sais, comme quand tu regardes des brochures pour aller en vacances à l'autre coin du monde. Et puis là, tout a changé. Pour moi c'était ces paysages là; la bretagne, l'océan. Ca fait vingt ans que j'habite ici, et il fait bon vivre, on a pas à se plaindre mais pour moi c'est pas ce à quoi je pense quand j'entends le mot "paysage". C'est juste chez moi, c'est ma routine, c'est comme un décor dans lequel je vis."
Simone - 81 ans - Quartier Gambetta, Nîmes.2022, tirage argentique 35x27cm, 10 exemplaires.
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Porose
La série Poroses en cours de création est la somme des expérimentations plastiques autour de la notion de perméabilité de l’image et des différents temps de narration qu’elle contient. L'image raconte à la fois ce qu’elle montre, ce qu’elle rencontre, ce qu’elle absorbe. Elle se transforme et fermente sous nos yeux. À travers une démarche plus environnementale en ce qui concerne la fabrication des images, je recherche, à la fois sur le fond et la forme, a créer une relation intrinsèque entre l’image et le vivant.
2023, expérimentations bactériologiques sur négatifs argentiques.
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L'âge des fleuraisons
L'âge des fleuraisons est une image de la série Comme une ombre au petit matin qui se pense tel un haiku photographique autour de la notion de perte. Ces images se donnent comme des bornes à l’esthétique et à la temporalité floues, là où tout demeure à la fois figé et en mouvement. Profondément perdues entre deux mondes, -l’avant- et -l’après-, ces images reposent sur la quête du détail oublié. Elles vagabondent. Dans cet aller-retour entre la continuité de la vie et la failure que créé la mort, une ambiance singulière se comprend et permet aux images de vivre, à sa place, dans leur matérialité.
2020, tirage argentique 11x13cm, 10 exemplaires.
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Le soleil se lèvera-t'il ?
La combe noire ne survivra pas
L'odeur des lys
Le bleu des ombres
La sensation de perdreDu fade à la clarté
Les toits semblent parler
Bien plus que moi.------------------------------------------
Pendant plusieurs années, j'ai travaillé sur la ville où j'ai grandi; une ville de moyenne montagne au passé industriel lourd et à la topographie particulière.
À travers ce projet pluridisciplinaire, j'ai appris à redécouvrir cette ville où j'ai vécu 17 ans, et sur laquelle j'établis un constat, entre sentiments personnels et réalité brute. Une ville souvenir aux allures de maquette, qui n'existe que par l'histoire qu'on lui donne.
Un travail particulier de prise de vue a été mené grâce à la fabrication de lunettes photographiques me permettant de se faire chevaucher réalité et fantasme, tout en faisant référence directe à l'histoire lunettière du site. Le protocole de prise de vue s'établit sur une échelle et hauteur constante tout autour de la cuvette, en partant de la maison de mes parents. C'est un dialogue incessant entre hier et aujourd'hui, l'intime et le commun.Ce travail photographique s'accompagne de récits personnels, de vidéos éphémères mais aussi de sculptures autour de la perte du savoir-faire lunettier.
2020, tirage jet d'encre 150x111cm, 4 exemplaires.
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Santory
Santory fait partie d'un travail d'édition photographique et cartographique sur les périphéries versaillaises. Axé sur les lignes directives territoriales et mentales, ces images se construisent et semblent s'effacer dans un même temps, s'intégrant dans un héritage historique qu'elles semblent déconstruire.
Voici un extrait qui accompagne l'image :
"Les rues portent encore les noms de ses disciples, les routes royales fragmentent le territoire, les bois giboyeux encerclent la ville et l'organisation générale des quartiers de vie ainsi que d'usages n'a guère changé depuis ses prémisses. À l'instar des volontés de Louis XIV, la ville s'est simplement étendue s'adaptant à son époque et ses spécificités. Ville principalement résidentielle, noyée dans une multitude d'axes de transports reliant Paris à la province, se donne comme un espace de bornes et limites, urbaines et naturelles, physiques ou métaphysiques, historiques et usagères. Ces axes, creusant le territoire en délimitant ses limites, se donnent comme de véritables lignes directives amenant une compréhension globale de Versailles. Les nouveaux axes de transports s’accordent en écho aux tracés rectilignes originels prenant comme encrage le château de Versailles."
2023, tirage baryté unique 75x50cm.