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RÉSIDENCE INTERNATIONALE 2024 – Sol Miraglia et son projet: RICARDO MARTINEZ PAZ

Le projet de résidence de Sol Miraglia a été initié l’an dernier, lors d’un voyage de l’artiste à Paris souhaitant redécouvrir les archives de Ricardo Martinez Paz

Né en 1940, à Coronel Pringles, en Argentine, Ricardo Martinez Paz est un performer, styliste de mode et photographe qui vit et travaille à Paris. Lorsqu’il arrive dans la ville des Lumières en 1977, Ricardo ne se doutait pas qu’elle allait devenir le théâtre de sa vie fascinante. Entre photographie, mode, théâtre et performance, ce créateur multidisciplinaire a laissé une empreinte sur chaque domaine qu’il a touché.

Ce parcours pluridisciplinaire est rythmé par de nombreuses rencontres fortuites. Parmi elles, Ricardo raconte notamment celle qui lui ouvrit les portes de la photographie. Un jour, alors qu’il distribuait des journaux sur les Champs-Élysées – à la suite d’une rencontre avec une amie hôtesse – son élégance attira l’attention d’une bande d’amis dans un café. « Tu as une image superbe ! » lui dirent-ils. Ce groupe l’invita alors à une fête chez eux où Ricardo se fit photographier pour la première foiselques jours plus tard, il décide avec cet ami photographe de réaliser un book, avec pour ambition de travailler dans la publicité.

Peu à peu, ses photographies attirèrent l’attention et plusieurs personnes commencèrent à l’appeler. « Je ne savais pas ce que je voulais faire ici, » avoue-t-il. Ses amis comédiens l’invitèrent à rejoindre une pièce de théâtre dans la banlieue parisienne. Bien qu’il n’eût pas l’intention de devenir comédien, il accepta un rôle en coulisses, une opportunité qui lui ouvrit de nouvelles portes. Lors de la première de la pièce policière « Étoile du Nord », il fait la connaissance d’Ingrid Bergman et d’Anne-Marie Muñoz. Ces nouvelles connexions lui permirent d’entrer dansrcles sociaux influents, marquant un tournant dans sa sociabilité parisienne, avec de multiples soirées mondaines au Palace, un haut lieu de la fête parisienne.

Sa vie prit un tournant décisif lorsqu’il commença à collaborer avec un journal de Barcelone, LIB. Il devient alors journaliste, couvrant la vie nocturne parisienne dans les cabarets, spectacles musicaux et soirées mondaines. « Je me suis transformé en journaliste tout à coup », raconte-t-il, évoquant notamment ses premières expériences au cabaret Paradis Latin.

Son premier reportage l’amena à Milan, puis à Barcelone. Il y découvrit le fonctionnement d’une rédaction et devint rapidement un élément clé, représentant le journal de mode, I Moda, en France. « Comme j’étais un Argentin qui n’habitait pas à Barcelone, les gens étaient curieux » se souvient-il, rappelant comment à cette époque, après le régime de Franco, il était difficile de voyager pour les Espagnols

À Paris, grâce à I-Moda, il rencontre des créateurs comme Gaultier et Margiela, qui par ailleurs, appréciaient beaucoup la revue notamment pour la qualité de ses images. Cette expérience renforce sa position dans le monde de la mode.

Son réseau s’élargit lorsqu’il devient directeur artistique pour l’agence Kipa, puis pour Sigma, où il habille des stars du cinéma et travaille avec des photographes renommés. Parmi ses nombreuses anecdotes, Ricardo raconte comment le succès d’une photographie de Carla Bruni qu’il avait habillée en smoking Dior l’avait amené à être invité par la maison prestigieuse et à recevoir en guise de remerciement un costume Dior.

Tout au long de sa carrière, Ricardo a conservé précieusement des archives des moments marquants de sa vie, des souvenirs préservés dans des photographies, des carnets retraçant ses journées.

« J’ai déjà commencé là-bas, à Buenos Aires, » explique-t-il, évoquant son besoin de se documenter et de se construire une identité à travers la photographie. « Je disais à ma mère adoptive que je ne me sentais pas une personne… j’avais envie d’être une photo encadrée en noir et blanc. ».

Cette archive est aujourd’hui le sujet de recherche de Sol Miraglia. Dans l’appartement de Ricardo, l’artiste a trouvé 20 000 diapositives, 100 boîtes de négatifs 35 mm, des archives des nuits parisiennes des années 80, des souvenirs, et plus de 1000 polaroïds.

Après une carrière si riche et singulière, Ricardo est une vraie source d’inspiration pour tous ceux et celles qui ont la chance de croiser sa route.

Le projet de Sol Miraglia réinvestit l’histoire, le parcours, la vie de ce personnage solaire.
Ses archives et ses souvenirs sont réactivés par l’artiste qui, à son tour, invite Ricardo à prendre part à de nouvelles mises en scène dans les lieux emblématiques de la ville lumière.

« Unforgettable Nights : Ricardo Martínez Paz Archive » est en ce sens un projet artistique commun. C’est un travail de mémoire mené conjointement par Ricardo, archiviste, sujet et modèle, et Sol, artiste, chercheuse. Ensemble, ils donnent un nouveau souffle à l’archive de toute une vie.