C H A N G E avec Clément Borderie
Le dialogue créé entre l’art et le Vivant, illustrant la complexité du monde, est au cœur du travail de Clément Borderie depuis plus de trente ans. Caractéristique que l’on retrouve avec les différentes « matrices » créée entre 1999 et aujourd’hui, emblématique de sa pratique du « laisser faire ». Les toiles en coton brut tendues sur des structures en acier, sont élaborées durant un temps très long, de six à douze mois, afin de recueillir au mieux les traces de la Nature. Ces œuvres illustrent le passage du temps. Elles « ont pour mission de piéger la réalité espace-temps : l’idée étant de rendre visible le temps, de le cristalliser en une image », ainsi explique Clément Borderie. Nous sommes face à diverses temporalités : entre passé, ce que la Nature a produit sur la toile, présent (la matrice aujourd’hui visible par le regardeur) et en quelque sorte un certain futur, car la toile n’est pas à jamais fixée dans cet état.
Né en 1960 à Senlis, Clément Borderie est diplômé des Manufactures Nationales des Gobelins-Mobilier de Paris en 1983. Son travail a été visible à l’étranger comme à la Galerie Alberto Aquilino à New York, au Musée Kiscelli à Budapest et à la Galerie Enéa à Zurich. Mais aussi de nombreuses fois en France, comme durant deux années de suite à la Galerie Fernand Léger à Ivry sur Seine. Ses résidences artistiques ont été nombreuses, des États-Unis à la Hongrie, en passant par Cuba en 2006. Puis plus récemment en 2019, Clément Borderie est en résidence pour La Fabrique de l’Esprit au parc écologique de Senlis. Toujours dans cette recherche de la Nature comme processus de création.
Sans titre (toile produite par la matrice « Mère Supérieur »), Printemps-Eté-Automne 2002, Toile de coton brut, 145 x 145 cm, © courtesy de l’artiste. Prix de vente : 8 300 €
Clément Borderie crée des installations qui s’apparentent à l’art de la sculpture et de la peinture. Il veut capturer l’essence d’un lieu, créer sa carte d’identité spatio-temporelle, et révéler ce qui est imperceptible, c’est-à-dire ces petits détails qui nous échappent ordinairement. Dans la nature, il installe des structures métalliques de formes et de tailles variées, sur lesquelles il étire des toiles. Dans ce type d’installation, il laisse les toiles réagir avec les éléments (eau, poussière, pollens …) qui se traduisent par des motifs et des marquages uniques au fil du temps et de la transition des saisons. Désormais, ces toiles blanches deviennent un espace de création expérimentale. Ainsi, son œuvre se concentre sur le processus lui-même qu’elle présente et non sur l’excellence d’un talent. Celui qui produit l’art est l’environnement de la toile. En cela les créations artistiques de Clément Borderie n’apportent aucun jugement sur l’état final. Ces œuvres caractéristiquement modernes, font de l’expérience de création quelque chose d’indéniablement mystérieux, jusqu’à son état final : les « bosons de l’art » (titre de l’ouvrage écrit durant l’année 2020 par Ghislaine Rios sur le travail de Clément Borderie, à partir d’échanges avec l’artiste). C’est l’instant précis de l’arrêt de l’impact de la Nature sur la toile, un moment qui n’appartient qu’à l’artiste.
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Visuel : Clément Borderie, Toile produite par la matrice « Rouleau », printemps été 2004, Ivry-sur-Seine, toile de coton brut, 80 x 180 cm © Clément Borderie