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C H A N G E avec Tereza Lochmann
L’idée de « rencontre » est l’un des moteurs du travail de Tereza Lochmann. Au sens propre comme au sens figuré, cette dimension de rencontre se retrouve par la combinaison de divers matériaux visibles dans le corpus d’œuvre aujourd’hui présentée dans le catalogue de l’exposition C H A N G E. Ainsi l’œuvre Le cœur volant, qui lie une méthode de gravure sur bois et d’acrylique sur papier journaux, illustre cette volonté de l’artiste. Mais cette idée de « rencontre » s’inspire aussi de fragments de légende pour construire des formes singulières, en prise avec l’actualité. Comme dans l’œuvre Lady Godiva sur son poney, où se rencontrent une légende médiévale et une mise en scène d’une quasi femen en lutte.
Enfin, à travers un détournement du processus classique, elle use de la gravure sur bois et de l’impression comme outils pour peindre. Dans ses œuvres, la gravure tend à dépasser son application traditionnelle et devient un médium contemporain, vivant et variable, comme dans l’œuvre Expérience (2017).
Née en 1990 à Prague, Tereza Lochmann se forme dès l’âge de 15 ans de façon intensive à toutes les techniques artistiques au Lycée des Arts Plastiques Vaclav Hollar. Elle y développe un goût pour la gravure. Par la suite, elle est diplômée de l’École Supérieure des Arts Appliquées de Prague. Elle décide de venir à Paris, tout d’abord lors d’un séjour Erasmus à l’École Nationale Supérieur des Arts Décoratifs de Paris puis elle continue ses études à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Depuis son arrivée en France en 2014, elle multiplie les collaborations, par l’édition de ses carnets de dessin jusqu’à des expositions aussi bien collectives ou personnelles, comme à l’Espace Canopy de Paris (2019).
Le travail de Tereza Lochmann est l’aboutissement d’un processus singulier de combinaison entre différentes pratiques : de la gravure en grand format sur des planches en bois récupéré, en passant par la peinture, le collage, jusqu’au dessin. Son travail s’articule autour des moments de la transgression, des situations de seuil. Elle explore la ligne fine qui sépare l’humanité et l’animalité, la civilisation et la sauvagerie. Pour cela, elle met en scène les parentés entre l’homme et l’animal : ce moment où l’animal se comporte en humain, et l’humain en animal. Au croisement de ces techniques picturales, l’artiste reconstitue de façon presque chirurgicale des images mentales liées aux rêves. En s’attachant à cet instant précis de perte de l’innocence. L’œuvre de Tereza Lochmann est constituée de forts contrastes, entre humour et gravité, entre maîtrise technique et notion d’imperfection assumée … mais c’est ce qui en fait sa force et sa singularité.
