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C H A N G E avec Nour Awada

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L’objet du corps et de son utilisation est un sujet incontournable dans le travail plastique de Nour Awada. Dans le corpus d’œuvres aujourd’hui présenté dans l’exposition C H A N G E, et que l’on retrouve dans le catalogue, le corps de la femme se dévoile en fragment ou dans son entièreté, à travers diverses créations artistiques, toutes éclectiques. En choisissant ce thème du corps, elle fait d’elle un sujet d’expérience. Chacune de ses pièces « porte[nt] l’indice d’un évènement qui m’est propre, témoignage discret de ma réalité ». L’œuvre D’entre les brèches jaillit l’écume (2015), illustre parfaitement cette expérience d’elle-même à travers un travail de la faïence. Réalisant cette œuvre, durant ses mois de grossesse, Nour Awada immortalise cet évènement par cet œuf, ce ventre, un monde qui s’ouvre pour laisser place à la vie. Ainsi, la destruction n’est pas synonyme d’impasse mais de renouveau, vers des possibilités infinies.

Les œuvres organiques et minérales que sont Reliques de la barbe bleuet Figure III revendiquent un corps libre et expérimenté de la femme. Par la représentation des seins et des contours d’une tête, nous sommes face à des figures hybrides entre la représentation humaine et mythologique, d’une force de la nature au passé assumé.

Son travail de la faïence, rejoint les vidéos performatives Bleue et Noire réalisées par Nour Awada. Ces dernières invitent à observer deux entités : d’une part une figure quasi sculpturale et de l’autre un paysage étrange, habité par la puissance de l’eau. Deux vidéos qui illustrent encore le corps face à son environnement dans une volonté de symbiose avec cette nature dans Bleue, tout en travaillant sur notre moi intérieur en conflit avec notre moi de raison dans la seconde vidéo : un équilibre essentiel à trouver.

 

Nourrie d’une double culture, libanaise et française, Nour Awada est née à Beyrouth en 1985. Diplômée en 2012 des Beaux-Arts de Paris, elle obtient la même année le prix Talent Contemporain 2012 de la Fondation François Schneider, pour son œuvre vidéo ‘Les Ruisselantes’.  En 2018, elle est lauréate du prix Concours International Françoise pour l’œuvre contemporaine de la Fondation Francès. Durant la même année, elle fonde le LAP (Laboratoire des Arts de la Performance), un espace de recherche collective dédié exclusivement à la performance, cette année en résidence à Paris 1 Panthéon Sorbonne. De nombreux projets sont encore en préparation pour Nour Awada, comme l’ouverture d’une résidence de création à Khiam, un village du Sud-Liban, en automne 2021. Face à la frontière israélienne, ce village emblématique, occupé et détruit de nombreuses fois par la guerre accueillera des artistes français et libanais.

 

Son travail est profondément marqué par ses origines libanaises mais aussi par une réflexion profondément féministe, enseigné par son père. Née au Liban durant la guerre civile, elle y vit durant une grande partie de sa vie, dans une société complètement déconnectée des arts. Elle a eu la sensation d’être constamment dans l’éprouvement du corps. Chaque famille porte sur son dos une histoire tragique, où il n’y a pas de place pour la contemplation. Le temps manque, et la frénésie de la vie impose le corps comme roi. La sculpture, l’architecture, la notion d’espace sont des éléments liés à un passé ou à la destruction et à la ruine. C’est la raison pour laquelle l’objet du corps devient un sujet inévitable dans le travail plastique de Nour Awada. La représentation figurative ne l’intéresse que très peu. Au contraire, son travail a cette volonté de raconter l’histoire autrement, par l’éprouvement.

 

Télécharger le catalogue de l’exposition C H A N G E