Masahiro Suzuki
Né en 1985 à Tokyo.
En 2015, obtenir DNSEP à l'École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence.
Vit et travaille à Aix-en-Provence et à Rome.
"C’était six ans avant son diplôme, dans les environs de Sadskà en République Tchèque. Masahiro Susuki écrivait dans son journal cette phrase où l’innocence resplendit, déconcertante et vivifiante : « N’oublier jamais que je suis dans la vie. » En fait, il pleuvait des cordes, il avait été réveillé en pleine nuit parce que sa tente commençait à flotter sur l’eau.
Quand vous voyez Masahiro, il semble toujours joyeux, mais l’apparence n’occulte pas les difficultés du voyage. Masahiro les a connu, et il voyage encore et toujours, toujours joyeux, coûte que coûte, quoiqu’il arrive, traversant en 2009 toute l’Europe. Ce n’est pas pour rien s’il a le livre de Zarathoustra dans son sac à dos. On dirait que les torrents de terre ocre qu’il a traversés sur les chemins, vibrent encore dans sa peinture.
Et il pousse sa peinture vers le volume. Pour qu’elle devienne paysage. Le paysage est aussi bien sûr une toile accrochée au mur (comme une vibration énigmatique) que dans des stèles, des blocs de sensations de taille humaine, et des tubes en carton debout, autant de monuments au mouvement des couleurs, avec quelques figures qui surgissent là et là. Les parallélépipèdes rectilignes, massifs : la couleur fait-elle évanouir leurs bords droits ?
Ils expriment paradoxalement une audace, une liberté hors du commun. Mais on peut aussi y voir la dislocation du paysage japonais, habitué aux séismes et aux tsunamis. Le 11 mars 2011 est la date de la catastrophe de Fukushima, dont on ne parle guère aujourd’hui comme le rappelle dernièrement Stéphane Thibierge dans le numéro 423 d'Artpress en juin 2015. "
Texte: Paul-Emmanuel ODIN, le catalogue de Nouveaux Regards 2015, P.7
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Un paysage de peintures N° 4
Ce travail a été réalisé dans le cadre d’une exposition au Pavillon
du Vendôme à Aix-en-Provence.
D’abord, j’ai commencé à capturer l’atmosphère de cette pièce :
ressentir, regarder, dessiner, et simplement consacrer du temps
au lieu. À parti de ce prélude, j’ai élaboré une nouvelle forme de
peinture avec la nouvelle palette de cette ambiance (les meubles,
la tapisserie, le parquet au sol etc.) en harmonie. La peinture est
accrochée comme une cascade et opère un contraste dynamique
entre une parti tendue et une parti froissée. Par l’ombre des plis, un jeu apparaît entre le volume et la peinture. La toile évoque la transformation du dieu Râ, le changement perpétuel d’une journée. Le regard se pose d’abord en bas de la toile et continue jusqu’en haut ; métaphoriquement, cela commence dès l’aube,puis le matin, le midi, au crépuscule, le soir, et finalement la nuit. La couleur de la
partie de la nuit, sur le dessus de la toile peinte, bien qu’elle soit
invisible comme le subconscient, se reflète très légèrement au mur, comme un rêve.Huile sur toile, 700×400cm, 2015
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Un paysage de peintures N° 2
L’occupation de l’espace par les peintures me questionne : comment s’élabore la peinture dans un espace? Je compose différents formats de peinture et ce geste est comme de peindre dans l’espace, ce qui reconstruit un paysage, ainsi la série « Un paysage de peintures ».
Huile sur toile et techniques mixtes, 2015
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Dans la peinture N° 1
Ce travail a été réalisé dans le cadre d’une exposition à l’Atelier Cézanne à Aix-en-Provence.
La couleur ocre du sol dans la petite salle d’exposition m’a inspiré pour créer un espace à la peinture. J’ai peint le mur avec une couleur comme la roche de Roussillon et au-dessus avec la couleur comme le sable au pied de la montagne Saint-Victoire. Dans cette salle, on se sent dans une forêt, grâce à l’essence de térébenthine constituée de sève d’arbres et mélangée avec des pigments froids, ceux qui ont pénétré dans la toile accrochée au plafond à travers laquelle brille la lumière, c’est comme regarder le ciel sous l’eau. Une toile enroulée en forme de cylindre sur laquelle est dessinée une figure humaine pousse le sol et le plafond en même temps. Le cylindre (la peinture enroulée sur le tube en carton) est une déformation d’un corps humain qui ressemble à un tronc d’arbre.
On se rappellera la lettre de Cézanne à Emile Bernard qui fait de lui le précurseur cubisme et sa magnifique observation de la nature. La toile est détendue et froissée par cette colonne, et on dirait qu’elle serait les nuages, les feuilles ou les vagues de la mer.Huile sur toile et techniques mixtes, 250×250×470cm, 2015
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Hors cadre N° 2
Ma recherche des couleurs ne s’exprime pas seulement par la peinture à l’huile, l’acrylique, l’aquarelle, la laque, le crayon, le stylo, le fusain et le pastel, mais aussi par la gravure, la photographie, les collages avec du papier, du tissu et des morceaux de photos. Ainsi, chaque matériau, chaque médium permet une forme d’expression caractéristique. A priori, cela semble être un témoignage des matières, comme si la substance devait montrer son essence, et faire un retour sur ce qu’elle est matériellement. Ainsi, cette série d’oeuvres appelée « Hors Cadre » est une expression essentielle de la représentation matérielle. De façon aléatoire, la composition se construit par différents matériaux de multiples formes qui fonctionnent tel un assemblage dans l’espace. Dans ce cas-là,
je me pose la question de la réaction des spectateurs vis-à-vis d’images connues ou banales. L’oeuvre ne se présente pas comme une simple composition matérielle, elle incarne une impression naturelle tels les matériaux de la nature, qui se montrent en harmonie et résonnent intérieurement , là où se trouvent leurs différentes substances.
Ainsi cette interrogation des matériaux se pose obligatoirement auprès de chaque perception.Installation (techniques mixtes), 600×530×300cm, 2013
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Assemblage N° 4 (série)
Retourner à l’origine de la création. D’où vient cette volonté? Je me rappelle quand j’avais sept ans, j’ai habité pendant un an chez mes grands-parents avec ma famille. Tout les jour, je devais rentrer sur le longue chemin de l’école jusqu’à chez moi à pied pendant une heure et demie. En marchant, je faisais des assemblages avec des déchets que je trouvais sur la route du retour. Au final, je les jetais dans le regard d’égout où se trouvait une collection de mes oeuvres. Ce parcours improvisé était très amusent pour découvrir un sens à la routine quotidienne, et cette sensation a vécu (ou est restée) longtemps en moi.
Installation (techniques mixtes), 2015
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Hors cadre N° 11
Une composition complexe avec des éléments différents me fait sentir comme dans une forêt, les éléments résonnent tous ensemble. Ce travail se construit avec des matériaux différents qui sont aussi présentés dans la série « Assemblage ». Je les considère comme des couleurs de la peinture, dégages hors du cadre et collectés dans mon environnement.
Installation (techniques mixtes), 200×360×120cm, 2015