Sophie Chir
Artiste autodidacte, Sophie Chir vit et travaille à Paris.
L’artiste explore la relation intime entre la musique et la couleur, car Sophie est synesthète (1) comme un grand nombre de peintres, musiciens ou écrivains, tel(l)s que Vassily Kandinsky, Vincent Van Gogh, Leoanard de Vinci, Georgia O'Keeffe, Joan Mitchell, David Hockney, Robert Delaunay, Charles Baudelaire, Victor Hugo, Vladimir Nabokov, Frederic Chopin, Franz Litz, Duke Ellington, Miles Davis, Pharrell Williams, Lady Gaga...
Les œuvres de Sophie Chir sont musique, danse, mais aussi reportage, car elles nous font partager l'expérience sensorielle fascinante de la synesthésie «Sons-Couleurs».
Sa synesthésie Sons-couleurs lui a permis de développer une écriture gestuelle, dont le fondement est la traduction chromatique et chorégraphique d'une musique.
Au hasard d'une écoute, une musique interpelle l'artiste, la happe et s'empare d'elle de façon incontrôlable.
Commence alors pour l'artiste, l'analyse consciencieuse de la structure de la pièce musicale, de sa construction harmonique et de son essence musicale.
Durant cette phase, qui peut durer des jours voire des semaines, Sophie acquiert une grande connaissance et une grande compréhension de la musique, et surtout elle en intègre les couleurs.
On pourrait dire que c'est la partie « structurante » de son travail.
Après cette phase de préparation, Sophie dépose sur sa toile - devenue palette - les couleurs de la musique.
Ensuite, elle mets la musique et telle une chef d'orchestre bat la mesure en frappant avec un couteau ou une baguette les tas de peinture.
Elle transpose le caractère du morceau, les nuances et attends les départs de certains instruments.
Avec un sens inné de l’ordre, pour parvenir au but qui est l’interprétation de la partition, l'artiste organise la collision (2) des couleurs qui créent une infinité de détails colorés, de reliefs et de contrastes.
La répétitivité du motif, le graphisme énergique, les couleurs gaies, la matière qui explore la 3ème dimension caractérisent son travail.
(1) La synesthésie est un phénomène neurologique rare qui connecte deux sens. Dans le cas de Sophie, les sons sont transformés en couleurs
(2) Sophie nomme ses toiles "Colliding". Ce nom est inspiré par sa technique. L'artiste en profite également pour rendre hommage à Jackson Pollock, en faisant un clin d'oeil à ses "Dripping" (Le verbe anglais "to collide" se traduit par "entrer en collision" en français).
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COLLIDING
Galerie Menouar - Paris 75003 // 2017
Peinture acrylique sur toile et laque"Synesthète et Chorégraphe de la couleur"
Texte de Marion Zilio
Critique d'Art, Curateur, Docteur en Esthétique, Sciences et Technologies des ArtsLe geste pictural de Sophie Chir tient à la fois de l’abstraction lyrique, dont elle retient la volonté d’expression pure et la forme intuitive, et d’un art informel qui laisse toute sa liberté à l’imprévu des collisions entre les couleurs et les matières.
Ses compositions électriques produisent, par l’alternance d’empâtements et de zones de transparence, une expérience sensorielle, autant rythmique que sensuelle, qui nous immerge littéralement dans la peinture. Cette propension à l’immersion, Sophie la tient de sa capacité à associer, de manière involontaire et automatique, un son à une couleur ; car Sophie est synesthète (1), comme le furent Wassily Kandinsky ou Arthur Rimbaud, pour ne citer qu’eux. Ce phénomène neurologique rare connecte en effet deux sens. Ici la musique – nécessaire au processus de création de l’artiste – est transformée en couleur. Cette traduction du son en touches colorées relève d’un mécanisme qui fait le lien entre un corps percevant et un réel se trouvant, de fait, interprété dans une forme singulière et multimodale. Sophie Chir nous en livre une chorégraphie visuelle riche en couleurs, mais aussi teintée d’une sensibilité accrue pour l’organisation de l’espace de la toile.
La série Colliding, par exemple, se forme par petits tas de couleurs se percutant au gré de la musique, et aménageant une esthétique « informelle » virant à l’abstraction. Mais à l’opposé du dripping de Pollock, son geste ne consiste pas à « laisser goutter » la peinture, elle est bien davantage fouettée, frappée, projetée au couteau, afin d’organiser des rencontres colorées. Telle une balle lancée, la peinture voltige, rebondit, se juxtapose, ou se superpose, créant une infinité de détails, mais aussi de reliefs et de contrastes aménageant plans et profondeurs. Bien que dépassant les limites du cadre, sa peinture ne vise pas non plus à recouvrir toute la surface du tableau. Sophie prend soin, au contraire, d’aménager des espaces vides, de s’extraire du motif, ou de l’aspect plat et répétitif du all-over. Car il y a chez cette artiste la volonté d’expérimenter une autre dimension. Une sorte d’a-pesenteur qui se déploie dans toute sa puissance dans la série zéro-g. Réalisées sur des plaques de plexiglas et suspendues à plusieurs centimètres du mur, ses compositions semblent perdre toute gravité, nous confondant d’opacités en transparences, d’égarement en absorption. Les lignes de forces s’incarnent alors sur un rapport de matérialité et d’immatérialité, de visible et d’invisible, de pleins et de vides.
Recouvrant par la suite ses tableaux d’une résine lisse et translucide – issue de la technique de la laque chinoise –, Sophie réactive une certaine esthétique des fluides qui n’est pas sans rappeler le maniérisme japonais. Influencée par l‘univers des mangas, pour ses couleurs flashy, et de manière plus générale, par la tradition orientale, pour l’équilibre de ses compositions, ses toiles dégagent une véritable énergie abstraite et potentielle. Comme dans la culture nippone, la fixité est toujours mouvement, puissance de vie ou élan vital. Le vide habite le plein, et inversement, cependant que les effets de surface, presque miroïques de ces tableaux, renvoient à des variations sans fin qui captent le regard, plan après plan, et éveillent un sentiment de douce plénitude. En ce sens, son œuvre semble plus proche du paysage que de l’abstraction, fût-il un paysage intérieur.
(1) Le terme synesthésie provient du grec syn qui signifie « avec » (union), et de aesthesis qui désigne la « sensation »
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COLLIDING
Galerie Menouar - Paris 75003 // 2017
Peinture acrylique sur toile et laque"Synesthète et Chorégraphe de la couleur"
Texte de Marion Zilio
Critique d'art, Curateur, Docteur en Esthétique, Sciences et Technologies des ArtsLe geste pictural de Sophie Chir tient à la fois de l’abstraction lyrique, dont elle retient la volonté d’expression pure et la forme intuitive, et d’un art informel qui laisse toute sa liberté à l’imprévu des collisions entre les couleurs et les matières.
Ses compositions électriques produisent, par l’alternance d’empâtements et de zones de transparence, une expérience sensorielle, autant rythmique que sensuelle, qui nous immerge littéralement dans la peinture. Cette propension à l’immersion, Sophie la tient de sa capacité à associer, de manière involontaire et automatique, un son à une couleur ; car Sophie est synesthète (1), comme le furent Wassily Kandinsky ou Arthur Rimbaud, pour ne citer qu’eux. Ce phénomène neurologique rare connecte en effet deux sens. Ici la musique – nécessaire au processus de création de l’artiste – est transformée en couleur. Cette traduction du son en touches colorées relève d’un mécanisme qui fait le lien entre un corps percevant et un réel se trouvant, de fait, interprété dans une forme singulière et multimodale. Sophie Chir nous en livre une chorégraphie visuelle riche en couleurs, mais aussi teintée d’une sensibilité accrue pour l’organisation de l’espace de la toile.
La série Colliding, par exemple, se forme par petits tas de couleurs se percutant au gré de la musique, et aménageant une esthétique « informelle » virant à l’abstraction. Mais à l’opposé du dripping de Pollock, son geste ne consiste pas à « laisser goutter » la peinture, elle est bien davantage fouettée, frappée, projetée au couteau, afin d’organiser des rencontres colorées. Telle une balle lancée, la peinture voltige, rebondit, se juxtapose, ou se superpose, créant une infinité de détails, mais aussi de reliefs et de contrastes aménageant plans et profondeurs. Bien que dépassant les limites du cadre, sa peinture ne vise pas non plus à recouvrir toute la surface du tableau. Sophie prend soin, au contraire, d’aménager des espaces vides, de s’extraire du motif, ou de l’aspect plat et répétitif du all-over. Car il y a chez cette artiste la volonté d’expérimenter une autre dimension. Une sorte d’a-pesenteur qui se déploie dans toute sa puissance dans la série zéro-g. Réalisées sur des plaques de plexiglas et suspendues à plusieurs centimètres du mur, ses compositions semblent perdre toute gravité, nous confondant d’opacités en transparences, d’égarement en absorption. Les lignes de forces s’incarnent alors sur un rapport de matérialité et d’immatérialité, de visible et d’invisible, de pleins et de vides.
Recouvrant par la suite ses tableaux d’une résine lisse et translucide – issue de la technique de la laque chinoise –, Sophie réactive une certaine esthétique des fluides qui n’est pas sans rappeler le maniérisme japonais. Influencée par l‘univers des mangas, pour ses couleurs flashy, et de manière plus générale, par la tradition orientale, pour l’équilibre de ses compositions, ses toiles dégagent une véritable énergie abstraite et potentielle. Comme dans la culture nippone, la fixité est toujours mouvement, puissance de vie ou élan vital. Le vide habite le plein, et inversement, cependant que les effets de surface, presque miroïques de ces tableaux, renvoient à des variations sans fin qui captent le regard, plan après plan, et éveillent un sentiment de douce plénitude. En ce sens, son œuvre semble plus proche du paysage que de l’abstraction, fût-il un paysage intérieur.
(1) Le terme synesthésie provient du grec syn qui signifie « avec » (union), et de aesthesis qui désigne la « sensation »
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COLLIDING
Galerie Marciano - Paris 75001 // 2014
Peinture acrylique sur toile et laque -
COLLIDING
PriceWaterHouseCooper - Neuilly-sur-Seine, France // 2017
Peinture acrylique sur toile et laque