Séverine Bourgeois
Séverine Bourgeois est née en 1988 dans le sud de la France, où elle travaille et réside encore actuellement.
Elle aime manier les mots, les Rotring et la mine de plomb pour donner vie à des univers hybrides où se mêlent poésie, introspection, réflexion. Sa préférence se porte sur le traitement de l’image en noir et blanc avec des outils et techniques traditionnels : stippling à l’encre de Chine, graphite, mine de plomb, etc.
Malvoyante depuis l’âge de douze ans, j’ai appris à voir autrement.
J’ai toujours questionné la notion du regard et la phénoménologie. Comment apparaît ce qui s’offre à ma vue ? Comment celle-ci interprète, déforme, bouscule le message ?
C’est au cœur de la vision que réside la première différence. Parce qu’à un moment ou à un autre, il y a un évènement. Quelque chose se produit, vient au monde par le biais de ma vision altérée. L’apparition.
Depuis toujours, je joue avec le corps, la nature, la perception.
Une poésie de la distorsion.
Je manie les mots et les images pour explorer les limites et créer des univers hybrides dans lesquels transparaît mon intérêt profond pour l’anatomie, la botanique et la zoologie. Je crée des paradoxes, des ajouts qui soustraient, des bouleversements et des décalages. J’invente des composites, modifie des échelles, malmène les frontières et les règles rigides de la perspective.
Le retour au corps sans recours au corps. Celui-ci est au centre de la réflexion même s’il est parfois absent, physiquement.
Du mot naît l’image.
Il y a en premier lieu le texte, preuve tangible de l’idée à explorer, et qui s’efface fréquemment derrière le dessin. L’encre est mon médium de prédilection, celui par lequel tout commence. D’autres techniques peuvent aider à soutenir le concept, mais le contraste brut et symbolique de l’encre sur le papier demeure une nécessité intrinsèque à mon processus de création artistique.
Mes explorations se traduisent rarement par une image unique. La multiplicité des expériences et des résultats participe pleinement au déroulement de transcription de l’idée. Je tend à établir des collections visuelles de points, lignes et aplats desquelles naissent mes propres perceptions.
J’aime tromper ma maladie, une méthode pour tenter de contrôler mon impuissance face à son inexorable dégradation.
Comme un défi, ma petite revanche.
S’amuser avec les dangers de la limite.
Je vis quelques instants dans le noir.
Je vois toujours dans le flou.
Corps troublé et vision trouble.
-
Zerfall • Premier Fracas
Encre de Chine et aquarelle or sur papier torchon - 420 x 600 mm
La rencontre et la confrontation de deux éléments qui semblent opposés.
D’une part, les débris de céramique, traces de l’activité humaine par l’objet manufacturé, et d’autre part des organismes hybrides, combinaison de plusieurs espèces et essences. Leur forme fictionnelle tire son origine dans la fusion entre les foraminifères, protozoaires au squelette minéral, et les bombyx, tisseurs de nouvelles architectures. Une forme proche du cocon annonciateur d’une transformation, de la chrysalide, réceptacle d’une évolution du vivant.Cette dualité un peu trop dichotomique est nuancée par les filets d’or, référence à la pratique du kintsugi : réparer en soulignant les cicatrices plutôt qu’en les cachant. Ces lignes colorées créent en filigrane la continuité de ce qui n’est pas offert à la vue par l’effet de la superposition, et imbriquent les formes organiques aux éclats de céramique.
Une articulation entre le principe de la phénoménologie et l’entropie.Un écho de notre société actuelle, témoin de la volonté de dépasser le traumatisme afin de tendre vers la reconstruction.
Une forme hybride qui naît du fracas.
-
Scories • Éclat II
Encre de Chine sur papier torchon - 420 x 600 mm
Porter au regard ce qui est insignifiant : des pierres oubliées, des roches inventées, des cailloux fantasmés.
Légères et fragmentées, les scories sont des éclats de roches volcaniques de petite taille. Ici, leurs dimensions sont amplifiées au point de les transfigurer en monolithes perturbants.
Une recherche entre ombres et lumières, volumes et textures. Des
chimères minérales qui puisent leur origine au cœur de la nature.
Exploiter les possibilités infinies du dessin afin de répertorier autant de formes et agencements, autant de points de vue que possible. Des bouleversements comme autant d’invitations à la contemplation. -
Galet • Specimen IV
Encre de Chine sur papier, Rotring 0.13
203 x 254 mmCabinet de curiosités et d’observation. Laboratoire des textures du vivant sur forme de minéraux.
Inventorier l’inconnu, offrir à l’improbable un espace d’existence.
Constituer un catalogue de chimères, un abécédaire de l’imaginaire.
Le volume simple et doux du galet est un témoin de l’érosion et du temps. Le prétexte d’établir un répertoire où fusionnent le vivant et l’inerte, des variations autour de matières et formes hybrides, où l’échelle de l’observation joue avec la perception par le biais de préceptes contrariés. -
Galet • Specimen VIII
Encre de Chine sur papier, Rotring 0.13
203 x 254 mmCabinet de curiosités et d’observation. Laboratoire des textures du vivant sur forme de minéraux.
Inventorier l’inconnu, offrir à l’improbable un espace d’existence.
Constituer un catalogue de chimères, un abécédaire de l’imaginaire.
Le volume simple et doux du galet est un témoin de l’érosion et du temps. Le prétexte d’établir un répertoire où fusionnent le vivant et l’inerte, des variations autour de matières et formes hybrides, où l’échelle de l’observation joue avec la perception par le biais de préceptes contrariés. -
Galet • Specimen XXII
Encre de Chine sur papier, Rotring 0.13
203 x 254 mmCabinet de curiosités et d’observation. Laboratoire des textures du vivant sur forme de minéraux.
Inventorier l’inconnu, offrir à l’improbable un espace d’existence.
Constituer un catalogue de chimères, un abécédaire de l’imaginaire.
Le volume simple et doux du galet est un témoin de l’érosion et du temps. Le prétexte d’établir un répertoire où fusionnent le vivant et l’inerte, des variations autour de matières et formes hybrides, où l’échelle de l’observation joue avec la perception par le biais de préceptes contrariés. -
Foraminifera • Échantillon 04
Telle une collection d'entomologie, les échantillons de Foraminifera recensent et épinglent des créatures hybrides et fictionnelles.
Les matériaux sélectionnés sont issus de la nature : argile, encre de Chine, bois.
Le contraste entre le noir brillant des volumes et le blanc mat des supports permet de créer une multitude de couleurs et reflets découlant de l'environnement de la sculpture.
Le champ d'investigation et d'expérimentation est appliqué à une technique en trois dimensions qui provoque une interaction nouvelle avec le spectateur.