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Artistes

Robin Wen

Dans sa fonction sociale, la free party fait participer les protagonistes à des cérémonies, comme des rituels sacrés, dans une logique chamanique quasi religieuse. Des tribus anonymes, visages sous capuches, tentes et silhouettes kakis se fondent dans son décor. À l’écart de la société, dans l’obscurité, la free party prend place dans des lieux non habités; champs à perte de vue, terrains couverts d’arbres, jusqu’aux catacombes sombres, si bien qu’elles pourraient ne s’être jamais manifestées. Les lieux choisis sont hétérotopiques, éphémères: ce sont en quelque sorte des non lieux.

L’artiste évoque un monde de corps fins, nerveux, une jeunesse qui dort à l’abri des ventres des véhicules, avec les chiens. Des drapeaux pirates flottent dans le vent, des troupes dansent sous la résonance d’un rythme de tambour. Les manifestations sonores sont paradoxales, illégales, revendiquent une liberté musicale qui résonnerait dans le vide comme un cri silencieux.

Ces sound systems sont indépendants et véhiculent dans leur constitution un élan contestataire qui leur est propre. Leurs noms évoquent cette pensée : Erreur 404, Animaltek, System51, Les enfants sages, Requiem, Anonymes, Electrocution, CirkusAlien, Spiral Tribe...

Le travail de Robin Wen est constitué de scènes qu’il compose à l’aide d’images préexistantes et fabriquées. Trop souvent stigmatisées et caricaturées par les médias, ces images utilisent des métaphores et des codes qui leur sont propres, au sein desquelles les lieux et les participants revêtent des charges symboliques fortes. L’évocation de la peinture historique - drapés, natures mortes, scènes de chasse - amène un regard critique et poétique sur la représentation sociale actuelle des free parties.

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Le travail de Robin Wen est une représentation esthétique et poétique du mouvement des free party. La question du rassemblement dans son aspect social est au coeur de ses réflexions.

Le caractère tribal, presque sacré qui se manifeste au cours de ces manifestations illicites, et l’adhésion a une spiritualité syncrétique de la part de ses participants, débordent d’un archaïsme que l’artiste sublime et révèle dans ses peintures. On y voit la force animale, primaire que l’homme porte en lui, mais aussi des éléments qui peuvent nous rappeler d’anciens rites, en rapport avec la lumière, et le feu. Son travail présente un certain nombre de tensions et de contradictions. Des notions que l’on aurait plutôt tendance à opposer s’y côtoient; par exemple le silence et l’attention que requiert la contemplation d’une peinture viennent se heurter à la représentation qu’elle nous donne, celle d’une scène bruyante et agitée. D’autres paradoxes apparaissent également, comme le réalisme de la représentation, mélangé à des touches qui tirent plus vers l’abstraction.

Il y a comme une atmosphère pesante dans les travaux de Robin Wen, une menace sourde renforcée par la présence de chiens errants, de caissons abandonnés et de restes de feux de bois. Dans la série des lumières nocturnes, le noir viens rajouter à cette sensation oppressante et en même temps confortable, en nous immergeant dans un cocon sonore, comme si nous étions retourné à notre état pré-natal où la pulsation des basses nous parviendraient de façon atténuée et étouffée. Mais il nous ramène également à cette idée du rassemblement. Nous voici presque dans un état de recueillement, plongé dans l’obscurité, à l’affut d’éclairs lumineux comme des éclats de conscience et entouré de ces autres que l’on devine très proche de nous, animé par la même soif d’absolu et de catharsis.