Raphaël Faon
Raphaël Faon vit et travaille à Paris.
Il propose de dévoiler la construction de la réalité par un monde d'images, plutôt que de produire des images d'un monde dit « réel ». À partir d'archives, de captations de flux et d'objets manufacturés, ses travaux privilégient la photographie, les installations et les projets numériques. Il travaille souvent en collaboration avec le vidéaste Andres Salgado.
Diplômé de l'École Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy (ENSAPC), il poursuit actuellement ses recherches à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS). En 2016, ses travaux ont notamment été présentés au sein de l'exposition du festival Hors-Pistes "l'art de la révolte" au centre Pompidou (MNAM) ainsi qu'au Musée de la Chasse et de la Nature à l'occasion de la nuit européenne des musées.
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Bataille d'enfants
RAPHAËL FAON & ANDRES SALGADO, sculpture, 2016.
L'oeuvre s’inspire d’une sculpture publique disparue « Bataille d’enfants ». Cette statue en bronze de Joseph-Louis Enderlin représente dans un style néo-classique des enfants nus chahutant. Créée en 1886, elle fut installée dans le square de Grenelle (actuel square Violet) dans le XVe arrondissement de Paris jusqu’en 1942, année de sa destruction. Cette dernière fait suite à une loi du régime de Vichy sur l’enlèvement de statues et de monuments publics en alliages cuivreux afin d’en extraire les métaux. Le duo d’artistes s’inspire d’images d’archives qu’ils ont de cette sculpture pour la ressusciter au moment de sa disparition et de sa liquéfaction. Ils créent une fiction à partir d’archives en passant de l’image à une forme sculpturale en trois dimensions, tout en imaginant la manière dont la sculpture s’est altérée lors de sa fonte. Les artistes confrontent ainsi cette représentation innocente aux techniques industrialisées de la guerre qui ont mené à sa destruction.
Ce projet fait partie des finalistes du Prix MAIF pour la sculpture 2016.
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Released
RAPHAËL FAON & ANDRES SALGADO, vidéo 16', 2016.
En s'inspirant de "l'art de la révolte" de Geoffroy de Lagasnerie, philosophe et sociologue, Raphaël Faon et Andres Salgado, proposent une œuvre sur les rapports entre les fuites d’informations confidentielles, les transferts de données de serveurs en serveurs à travers le globe, et la fuite d’État en État des lanceurs d’alertes contraints de demander l’asile. Les deux artistes matérialisent ces échanges grâce à un algorithme informatique recomposant un planisphère, tout en détournant l’affichage caractéristique des fils d’actualités télévisés qui diffusent ici les alertes de WikiLeaks. L’œuvre conteste ainsi les représentations du monde et les frontières des Etats à l’ère des flux d’informations numériques.
Cette oeuvre a été présenté dans l’exposition l’Art de la révolte organisée par le festival Hors-Pistes au Centre Pompidou.
Un extrait de la vidéo est disponible ici :
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Demain les chiens
RAPHAËL FAON & ANDRES SALGADO, vidéo 6'30", 2016.
En s’inspirant du recueil de nouvelles de Clifford D. Simak, demain les chiens, où les hommes finissent par quitter la terre et l’abandonner aux chiens, nous avons réalisé cette vidéo qui présente un studio de journal télévisé désert, et dont toutes les nouvelles qui défilent au bas de l’écran sont de véritables titres diffusés dans les médias à la suite de faits divers impliquant des chiens.
Demain les chiens propose de faire basculer ces titres dans la fiction par une accumulation qui créé un sentiment d’inquiétante étrangeté et par une succession graduelle où les chiens semblent s’organiser collectivement contre la domination de l’homme, et s’en prendre particulièrement aux figures d’autorités, comme les policiers, dont il est question dans la plupart des nouvelles réunies. Il s’agit pour nous, à travers cette révolte des chiens, de questionner les rapports entre l’homme et les animaux ainsi que les procédés de montage qui transforment le sens des messages diffusés dans les dispositifs d’information.
Un extrait de la vidéo est disponible ici :
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Crise des migrants
RAPHAËL FAON, série photographique, 2015-2016.
Les images de cette série ont été produites à partir des images de chaines d'actualités au sujet de la crise des migrants. La prise de vue lente et le calme des images s'opposent aux flux des marées, des populations, et des informations ; elle fait apparaître de manière spectrale les embarcations et leurs occupants, comme pour rappeler tous ceux qu'on ne voit pas, qui meurent en mer et dont on ne fait pas le deuil.
D'autres images de la série sont visibles ici :
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Le nouveau monde
RAPHAËL FAON, programme informatique, 2016.
Le nouveau monde est un programme informatique qui tente de refaire le monde, ou tout du moins, sa mise en images cartographique. À partir d’un planisphère photographique produit par satellite, il redistribue les continents et les océans, formant des archipels sous une mer de nuages. Les zones nouvelles apparaissent aléatoirement sur la carte à une vitesse variable. Le réagencement qui imite le chargement des données cartographiques ne prend jamais fin, ce qui rend le programme à la fois utopique et déceptif, ouvrant les frontières du monde à de nouvelles formes insaisissables.
Une captation du programme en fonctionnement est disponible ici :
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Windows on the World
RAPHAËL FAON, six cyanotypes sur papier, 120 x 80 cm, 2014.
Les images de cette série sont en apparence calmes et banales ; elles présentent un restaurant où les gens sont paisiblement attablés. Si le lieu est le même, les images proviennent de sources diverses, qu’il s’agisse d’archives publicitaires ou de photos souvenirs privées ; elles ont été collectées, recadrées et rassemblées, et ce n’est qu’à la lecture du titre que l’on reconnait l’endroit : le Windows on the World, restaurant en haut d’une des tours du World Trade Center ; cette identification vient troubler les images, dans une sorte de projection rétrospective, et leur donne une atmosphère de catastrophe imminente, où les figures bleutées deviennent spectrales, et semblent face aux grandes baies vitrées, être dans un état de perpétuelle attente. Les accidents du cyanotype, comme les traces liquides de la solution réactive et les coups de pinceaux, mais également ceux formés par les calques et les plaques de verres qui forment autant de cadres dans l’image, et enfin les aléas du processus de révélation permettent de renouer avec des formes picturales dans la photographie, et semblent dans un lieu qui n’est plus, annoncer les flammes et le démantèlement par une catastrophe qui contraste avec le calme apparent du lieu et des personnages.
D'autres images de la série sont visibles ici :