Pauline Lavogez
Pauline Lavogez, artiste plasticienne, s’est formée dans l’atelier de Jean-Luc Vilmouth à l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris, elle y a développé une pratique pluridisciplinaire. C’est à travers la performance, la vidéo et l’installation, qu’elle crée un langage viscéral. Dans ses créations se rencontrent et s’unissent différentes formes d’expression. Dans ses recherches, elle s’attache à repérer les mécanismes d’emprises individuels et collectifs qui prennent place dans les lieux et cercles qu’elle fréquente. Plus qu’une mise en scène frontale de ces violences intimes passées, présentes ou futures, elle questionne leurs origines, leurs complexités et leurs conséquences. Ces créations ont été présenté notamment à la Fondation d’entreprise Ricard, au Carreau du Temple à Paris, aux 62ème Salon de Montrouge, Penthouse Art Residence à Bruxelles, au Festival International d’Arts de rue d’Aurillac, au Festival Eté indien(s) d’Arles, Monolisboa à Lisbonne… Elle fera partie de la promotion 2020-2022 du Master EXERCE au centre chorégraphique de Montpellier.
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DE LA DOUCEUR
C’est par le son que De la douceur s’annonce. Des beats électros tonnent : entraînantes pour certains, proches d’un sentiment d’oppression pour d’autres, déstabilisantes pour tous. Elles sont synonymes d’une activité. Seulement, dans un premier temps, aucun mouvement ou aucune présence particulière n’est identifiable aux yeux de la plupart des personnes qui composent le public. Pauline Lavogez joue avec le spectateur et ses attentes en pensant des modalités de monstration dans l’espace, différentes pour chaque nouvelles présentations, et en se plaçant là où elle n’est bien souvent pas attendue.
Une fois les corps des performeurs identifiés, c’est une danse suspendue et lente, à contre temps du rythme des bass, à laquelle le regardeur assiste. Les mouvements traduisent en retenue les désirs et répulsions les plus vives. Une tension lie le couple qui semble constitué d’ennemis pourtant constamment et paradoxalement unis. Leur communion suivie de leur affrontement, froid mais aussi électrisant, laisse le spectateur face à une sensation trouble et hagarde qui pourrait bien l’amener à demander sous forme d’injection destinée à qui en voudra : De la douceur !
Mathilde HivertCréation musicale : Sacrifice Seul
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DE LA DOUCEUR II, suite pour 7 interprètes
Initialement créée pour un couple de performeurs, les étreintes agitées de la performance De la douceur, réalisées en 2019, se jouent à plusieurs dans De la douceur II, suite pour 7 interprètes depuis 2020. Pauline Lavogez en enregistre les mouvements en plan fixe, caméra posée sur le toit d’un bâtiment de la défense où est logé son atelier. Face à la rigidité et à la froideur formée par la combinaison du béton et du verre d’un immeuble de bureau, les corps mouvants des performeurs palpitent, se lient et se défient. Pas d’horizon, aucun point de fuite ne permettent d’échapper aux effusions de cette meute. L’atmosphère est étouffante, le son semblable à un pouls déchaîné.
Pauline Lavogez filme le désordre des humains face à l’ordre lisse des bâtiments érigés pour les héberger. Il n’est plus seulement question des agitations tumultueuses d’un couple mais de l’ensemble des relations qui se trament dans nos vies, à l’oeuvre derrière les vitres de ces tours ; de l’ambiguité et de la complexité du corps collectif uni, puis déchiré l’instant suivant. Par cette danse viscérale dont le centre de gravité est en perpétuel chavirement, Pauline Lavogez saisit l’humanité dans ses conflits et ses désirs.
Mathilde HivertCréation musicale : Sacrifice Seul. Interprètes : Alice Clabaut, Alexis Fammery, Alice Nikolaeva, Blanche Jandin, Pierre Houdayer, Raphaël Massart et Théo Médina.