Marcy Petit
Marcy Petit est une artiste française qui poursuit un travail plastique pluridisciplinaire. Vidéos, photographies, performances, enregistrements sonors, installations ...composent une pratique variée, allant de la notion d’art relationnel et narratif, jusqu’à la conception de mises en scènes actuelles et contemporaines à notre société. Les dispositifs qu’elle imagine et met en place cherchent à donner la parole aux personnes qui composent son entourage mais également le nôtre par des histoires à la fois individuelles et collectives.
Utilisant aussi la plupart du temps son propre corps comme médium et support dans ses performances et travaux, Marcy Petit a engendré une série d’oeuvres mettant en scène une posture à la fois féminine et engagée mais par ailleurs ironique.
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Aklumda part.1
“C’est l’intermittence qui est érotique, celle de la peau qui scintille entre deux pans ; c’est ce scintillement même qui séduit ou encore la mise en scène d’une apparition/disparition.”
Roland Barthes
Cette exposition réunit le travail de Natacha Lesueur et celui de Marcy Petit autour de la question du corps, de l’individu et de sa représentation au sein de la société.
Connue pour ses photographies mises en scène, Natacha Lesueur nous livre ici deux portraits combinant une facture plutôt classique et une inquiétante étrangeté. On y voit en effet deux femmes âgées, aux dents enduites de vernis, qui éclatent de rire. A la fois pleins de santé et effrayants, ces sourires hésitent entre spontanéité et crispation.
En écho à ces deux oeuvres, la vidéo de Marcy Petit relate, quant à elle, une perfor- mance dans laquelle on la voit se maquiller outrageusement jusqu’à saturation.
La maculation et la dégradation progressive de sa figure résonnent ici avec la soumis- sion de l’individu face au dictat de l’apparence, tout en déployant une pluralité de cri- tiques pouvant aller de la femme accaparée par l’industrie des cosmétiques à celle de l’individu qui se construit un masque social.Ces deux artistes, par leurs travaux, s’engagent dans une confrontation avec tout ce que le corps peut convoquer de fantasmes, de désirs, d’attirances et de répulsions, de fas- cinations et de peurs. Deux utilisations de l’apparat s’opposent ici ; s’il tend à accréditer une position de domination à l’instar des oeuvres de Natacha Lesueur, il traduit dans le même temps un assujettissement de l’individu dans le travail de Marcy Petit.
Collectif M
performance filmée et série de quatres images document issus de la vidéo, 2013
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Aklumda part.2
Aklumda (part.2) est une suite de performances où l’artiste, Marcy Petit, engage “la femme en elle” à marcher pendant plusieurs heures avec une paire de chaussures à talons hauts et un costume dans des environne- ments inappropriés et difficiles -un parc national dans le Yorkshire anglais, autour de l’île des Embiez et dans les Alpes Suisses.
Ce personnage, qui symbolise et représente un supposé model de féminité est tourné en ridicule par la situation. Tout en progressant dans sa marche, le personnage est confronté à un environnement qu’il ne reconnait pas et dont il doit surpasser les obstacles qu’elle rencontre sur son chemin.
Au fur et mesure, les pas se font moins assurés et de plus en plus douloureux; les chutes se font plus nombreuses; le visage et le corps se crispent. L’artiste prend également le risque de se blesser, mettant ainsi son corps à l’épreuve d’un symbole féminin, d’un dictat de la beauté.
Performance et vidéo, 8 min 01, 2018
Work in progress: Une vidéo supplémentaire sera réalisée dans l’optique d’une installation finale réunissant les quatres vidéos. -
Aklumda part.3
Cette oeuvre est la dernière de la série Aklumda, une suite de projets où l’artiste Marcy Petit s’engage dans représentation à la fois crue, exagérée, symbolique mais également absurde d’une certaine image de la féminité.
Récemment, les réseaux sociaux ont vu un nouveau mouvement apparaître. Des filles postaient des clichés d’elles-mêmes, abordant fièrement les poils de leurs aisselles teints en bleu, vert, rose et décorés de paillettes, assumant ainsi une pilosité habituellement rejetée.
Se moquant et encourageant à la fois ce mouvement, Marcy Petit se joue une nouvelle fois de cette pseudo image de liberté en manipulant son corps. Contrariant la tendance, elle pousse la situation à son paroxysme par le biais d’une réflexion à la fois amusant et ridicule.
Après avoir laissé pousser les poils de son corps, incluant ce qu’elle nomme les “poils de la honte”, Marcy Petit les teint à son tour afin de performer cette série photographique.
Teinture sur poils humains et sélection de 8 photographies numériques, dimensions variables, 2018
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[F] Le mur [m]: action perFormative en Faveur des murs
Cette oeuvre est née d’une discussion entre les artistes Funda Tokac et Marcy Petit au sujet des frontières qui continuent de s’étendre dans le monde. Funda était pessimiste face à se sujet, lorsque Marcy se montrait optimiste.
Elles ont donc choisi de faire de leurs divergences un matériau pour cette oeuvre.Sur la place de l’Opéra à Rennes, lors d’une performance, Funda construit un mur comme si les séparations physiques du monde n’allaient jamais cesser, lorsque Marcy tente de le détruire. Un combat idéologique se forme ainsi sous les yeux des citadins.
Qui prend le dessus ? De quel côté le public se positionne ? Cette oeuvre se joue finalement d’un sujet bien trop contemporain; la construction de frontières qui séparent toujours plus, territoires comme populations.
Performance et vidéo HD 23min 29sec
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THE LAST PROJECT : ROGER & MARCY (LA DERNIÈRE RENCONTRE)
Roger Petit était le grand père mais également le modèle préféré de l’artiste Marcy Petit, qui au fil des projets, avait fait de leur vie ensemble, un sujet central dans son travail.
Sachant qu’il restait peu de temps à vivre à son grand-père, l’artiste a imaginé une toute dernière oeuvre en commun avec ce dernier.
Filmée comme un échange silencieux, la première vidéo montre Roger Petit quelques jours avant sa mort, répondant aux dernières questions de sa petite fille, n’enregistrant volontairement pas le son pour ne capter que l’expression de son visage.Filmée dans l’intimité de leur appartement quelque temps après son décès, la deuxième vidéo montre l’artiste répondant à son tour aux questions que son grand-père avait préparé pour elle et qui étaient restées scellées.
Pour redonner une voix qui s’était tue chez les deux protagonistes, l’artiste a ainsi décidé de recréer une parole antéchronologique faite des sons, des témoignages et des bruits qui ont composé et accompagné le quotidien de leur vie ensemble durant toutes ces années.
Videos et enregistrements sonors, 13 min 22 sec, 2018