Julie Larouer
Née en 1983 en région stéphanoise, et après une licence de Lettres Modernes à l’Université Jean Monnet de Saint- Etienne, Julie a l’âge de 25 ans pris la décision d’étudier les Arts Plastiques. Il était temps ! Résolue, elle déménagea pour pouvoir se former au sein de l’ESA Avignon où elle obtient, aux termes de ses 5 années de formation, son diplôme avec mention.
Fortement influencée par des artistes tels que Cindy Sherman, Esther Ferrer et par les actions du mouvement Fluxus, c’est tout naturellement qu’elle s’engage dans la pratique et la diffusion de l’art performatif. Actuellement, elle se consacre à ses recherches pour l’élaboration d’une notation « performatif » au sein du troisième cycle de l’ESA Avignon.
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Lire
LIRE :
J’arrive avec ma valise remplie de livres, je l’ouvre, m’assois par terre. Je prends un livre au hasard et l’ouvre sans regarder. Un extrait de la page donnée par le hasard sera lu à haute voix. Dès que je ferme le livre, je le place soit sous mes fesses, mon genou ou mon pied… L’action se termine lorsque tous les livres sont utilisés.
C’est, par conséquence, la monstration d’une double action antinomique. La contrainte d’un corps qui s’enchevêtre à la liberté de narration. Une image se met en place : celle d’un corps en équilibre sur le fil des mots. L'écoulement du temps et de la lecture marquent tout deux le passage de l’intérieur à l’extérieur et l’action elle-même. C’est la position d'un corps discret, instable : une écriture du monde. -
Récurer
Récurer : (photographies prises lors de la Performance du 21 Mai : Nuit Européenne des Musées 2016 : La Vigie à Nîmes)
Par le geste de nettoyer à genoux, je mets à mal le stéréotype de la femme au foyer. C’est contraindre un corps dans une posture qui est perçu comme négative, c’est transformer un corps en un outil hors norme. « Les gants -brosse à dents » imaginé pour cette action devient un prolongement du corps et son utilisation entraine une transformation. L’artiste devient un hybride. L’action tente de transformer un geste –cliché en une situation qui sort de l’ordinaire. (Performance in-situ) -
Saluer
Saluer : les participants tirent au hasard 3 cartes. Une qui dévoile le départ (chiffre), une pour l’arrivée (lettre) et la dernière indique le geste de salutation que l’on doit accomplir. Ensuite le performeur et les personnes du public sont invités à jouer sur le graphique. C’est comme un plateau de jeu. Le schéma au sol est générateur de performance. Il est l’exacte réplique de la notation de la construction de l’action.
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Subvocaliser
Subvocaliser
Cette performance consiste à faire passer par le regard le langage. En effet, je subvocalise un texte et pour partager cette action quotidienne avec un public un processus est mis en place. En effet, je regarde un certain temps la caméra et ces regards marquent la ponctuation. Un code basé sur le temps mesuré est donc mis en place par exemple le point est un regard caméra de 6 secondes . Le sens des mots s’efface pour laisser place à un silence « parlant ». Cette action ne peut être filmé ou photographié, les seules traces qu’on peut consulter est une video illustrant ce langage fait de regard ainsi que la notation (voir photo). -
Tisser: Ariane
Tisser est une série d’action:
« Au fil de l’eau », « Le fil d'Ariane », « la vie ne tient qu'à un fil »… nombre d’expressions nous désignent le fil et les fileuses comme étant vecteurs d’un imaginaire fertile. Les fileuses mythologiques ne sont pas d’inoffensives grand-mères filant au coin du feu. Alors que les unes filent le destin des hommes au bout de leur fuseau, telles les Parques, les Moires et les Nornes, les autres prennent les hommes dans les mailles de leurs filets. Les épouses vertueuses, quant à elles, filent en attendant l’hypothétique retour de leur époux, brandissant leurs métiers à tisser comme ceinture de chasteté, comme acte de résistance passive. Je suis attaché au mur par un dispositif et avec des mouvements circulaires des bras et des jambes, je déroule des bobines de fil jusqu’à ce que les fils cassent. La respiration se sonorise sous l'effort. Un geste répétitif et méditatif est mis en place. -
Tisser: Arachné
Deuxième action de la Série Tisser, elle a le même dispositif d’attache qu’Ariane. Mais dans ce cas présent, je suis toujours au sol et ma façon d’enrouler le fil est un croisement entre une énergie arachnéenne et une chorégraphie. Comme dans Ariane les fils découpent l'espace, un dessin en constance évolution est construit durant le temps de l'action .Pourquoi présenter, mettre en exergue une action qui est une variation d’une performance existante ?, devez-vous vous demander. Et bien tous simplement pour mettre en avant ma vision de la pratique performatif. Le geste est jamais figé et une action peut évoluer, jamais un artiste ne reproduit son action à l’identique. Seule la présence peut faire exister l’action. Et l’échange avec le public est l’élément indispensable qui la fait vivre. De plus cela permet la vision de la recherche du performeur et ne donne pas à voir « un produit » achevé.