Luke James
Luke James (né en 1990 à Dijon), vit et travaille entre Paris et Lyon. Il est diplômé de l’Ecole des Beaux-arts de Lyon en 2015. Son travail a récemment été exposé au 61ème Salon de Montrouge sous la direction d’Ami Barack et Marie Gauthier et à la Galerie Angèls. Homesession a présenté la première exposition personnelle de l’artiste. Il a travaillé pour des artistes comme Katinka Bock, Oscar Tuazon, Armando Andrade Tudela et dernièrement à la Skulpturenhalle, Fondation de l’artiste Thomas Schütte avec la galerie Pietro Spartà.
Dans son travail, Luke James s’attaque aux espaces d’exposition en territoires à conquérir, entre stratégies d’appropriation et entreprises de construction ou destruction.
-
Walled-In
Chaque geste inframince que je décide de faire doit agir comme un révélateur de sens et de sensibilité. Tout en relevant de cette économie de moyen que je recherche, Walled-In s’inscrit, je crois, dans une double filiation, a priori paradoxale (mais n’est-ce pas le lot de toute filiation ?) : celle d’une certaine histoire de la peinture abstraite d’une part, et d’une re-fabrication de l’espace d’exposition, héritière de la fameuse « critique institutionnelle » des années 1970, d’autre part.
Walled-In oblige le corps du spectateur à chercher la bonne distance, tantôt fouillant profondément dans la cavité bidimensionnelle ménagée ici, tantôt se reculant sous l’impression de resserrement de focale éprouvée – pareille à celle de l’obturateur d’un appareil photographique se refermant.
Walled-In opère une sorte de dématérialisation par la cristallisation d’un geste dans un environnement spécifique.2015, Verre, colle à carrelage, acier
-
Thanks to Black Bloc
Toute vitrine de banque portant la trace d’un choc est systématiquement déclarée et remplacée par une nouvelle. Ici le verre feuilleté fige la mémoire du coup qui l’a atteint, provoquant au premier regard, une sensation de danger imminent.
Posée sur des tubes en acier enveloppés dans du papier de banque, la vitrine est montrée dans un moment vécu comme instable.
Accident ou délit ? L’installation Thanks to Black Bloc retrace un réseau secret, qui relie différents acteurs d’un même système politique et économique.2016, Installation (Homesession/Barcelone) : verre, acier, papier de banque, bois, colle à carrelage. Dimensions variables
-
In Search of Simplicity
Découpée dans une cimaise, une simple ouverture de laquelle émane la lumière de néons, vient troubler notre mode de lecture de l’espace d’exposition. Le regard ne sait plus sur quel plan plutôt que l’autre se poser. Est-ce un trou, un mur ou encore ce qui joue dans l’interstice que l’on essaie de nous montrer ? Je soustrait la neutralité du lieu par une incohérence minimale que je place sur une surface, comme un beug survenu au hasard, par laquelle se
glisse une infinité de possibilités.2015, Installation in-situ : cimaise et néons. Dimension variable
-
Beware Human
Cette photographie, souvenir d’un voyage aux États Unis dans une ville fantomatique, montre un tas de rebuts abandonnées aux intempéries depuis une période inconnue à la manière d’un récit dystopique. Contrecollée, elle se fait lentement conquérir par la vie propre à l’acier, rejouant le processus de réappropriation de la nature sur la matière, ou du temps sur les images. Beware Human agit comme une mise en garde poétique, une vanité, sur le devenir de ce que nous détenons entre nos mains.
2014, Photographie numérique contrecollée sur acier, impression jet d’encre sur papier mat, 100x125 cm
-
Run M***** F***** Run
Il y est question de traversées, comme lors des road-trips auxquels je me livre. Comme celles que j’activent, réactivent et rendent à leur fixité les lieux abandonnés qui semblent me fasciner, et qui peuplent (paradoxalement) mes photographies. Dans mes installations, je met ainsi au jour les strates de matière, élève des murs de verre, ménage des percées, des meurtrières, des ouvertures dans les cimaises des espaces d’exposition, choisit des matériaux de surface dont on peut
éventuellement ôter un élément (tomettes, lattes de bois, etc.) Et parce qu’il s’agit aussi de tester la curiosité du regardeur, avec un sourire en coin, la traversée peut se faire gaguesque, à l’instar de Run M***** F***** Run où une palissade tourne sur elle-même comme dans un cartoon américain.2015, Installation : Bois, acier, aluminium, 362x200x5cm
-
Housewarming
« On se croit mèche, on n’est que suif » comme l’écrit Stendhal dans Le rouge et le noir.
Il y a dans Housewarming, une sorte de memento mori. L’objet de la tente était en fin de vie, je suis intervenu pour la réanimé. En
cherchant à comprendre certains maux de notre société grâce à certain lieu d’une manière ou d’une autre abandonné et je m’aide de
référent cinématographique pour ça comme Andreï Tarkovski. Ici, la métaphore du feu et de la nuit annonce une révolte continue et silencieuse contre une société spéculative.
Certains objets peuvent être vu comme la marque du refus d’une « société technico-bourgeoise », indifféremment capitaliste et
sédentaire puisqu’elle vise à la « stabilisation dans la propriété ».2015, Trace photographique numérique d’une installation, impression jet d’encre sur papier dibon, 40x60cm