Fabrice Leroux
Lorsque vous regardez les œuvres de Fabrice Leroux, une certaine fascination émane de son ensemble.
Tout concourt, nonobstant la course effrénée du quotidien, à ce que vous plongiez dans les
créations de cet artiste. Peut-être que cela réside dans le fait que son sujet d’étude favori soit
l’être humain.
Si l’humain fait partie intégrante de ses œuvres, Fabrice en explore sa fragilité à
travers des mises en situation.
"J’oppose souvent la force et la fragilité. Il y a une fragilité dans la vie qui la rend précieuse.
Quand je rencontre des personnes sur mes expos, en quelques minutes, on se retrouve à parler de
choses intimes, de vie et de mort.
J’ai vécu des choses très dures avec certaines personnes qui se sont effondrées en voyant des
installations. J’ai vécu, ce que j’appellerais, de beaux moments de vie" assure-t-il.
En effet, que ce soit par la vidéo, la photographie ou encore la création matérielle,
Fabrice Leroux transforme, avec son filtre poétique, ce qu’il regarde ou vit pour mieux nous
emmener dans nos maisons intérieures. Pour lui, peu importe par quel biais le public arrive à
lui...
"Ce n’est pas la vidéo, la photographie ou encore la création qui me définissent,
c’est mon travail dans sa globalité. Cette multiplication de supports me permet aussi de dire
: Regarder derrière cette porte, le champ des possibles va être vaste J’aime rencontrer le public
car en parlant de mon travail, je sais que cela va m’éclairer."
Car ce qui lui importe est de rentrer en lien avec l’autre.
"Je suis persuadé que l’on n’appréhende pas mon œuvre de la même façon que si on ne me rencontre
pas. Si j’accompagne les gens, si je leur parle, il se passe autre chose. Bien sûr, certains
n’aimeront pas mais nous aurons discuté. Il y a quelque chose de performatif dans le tissage du
lien entre les œuvres, le public et moi."
Extrait de l’interview pour Ouvert au Publics Propos recueillis par Laurent Bourbousson
La cendre matériau récurrent dans ses réalisations, souvent associée au béton dans ce jeu
d’opposition entre le fort et le fragile.
Même inerte, elle est symbole de vie, l’inéluctable comme un moyen de se focaliser sur l’instant
présent.
Petit rituel quotidien (l’hiver) :
- Allumer le feu qui me chauffera avec des journaux de plus de sept ans
- Voir l’histoire bégayer
- Ajouter des textes intimes qui vont brûler dans le feu, petit supplément d’âme ?
- Une fois refroidie la cendre est récoltée et tamisée
Fabrice Leroux avoue avoir été fasciné, dans son enfance et son adolescence, par les Vanités du
XVIIe siècle, par sa découverte des horreurs de la Seconde guerre mondiale, du théâtre et de la
photographie. S’inscrivant dans une démarche existentialiste, il s’intéresse à l’opposition dialectique
entre libre arbitre et déterminisme social, géographique, linguistique ou philosophique…
Louis Doucet
Pour en savoir plus :
Regard porté sur Fabrice Leroux, artiste en résidence mission au Centre Hospitalier de Boulogne sur mer du 3 février au 27 mars 2020.
Réalisation Marine Place. Une production Heure Exquise ! avec le soutien de La Direction régionale des affaires culturelles Hauts-de-France (DRAC) & de L'Agence régionale de santé Hauts-de-France (ARS)
La vidéo est là https://fabriceleroux.com/chb-2020/
Portfolio en ligne https://fabriceleroux.com/wp-content/uploads/2020/12/Dossier_Artistique_FL.pdf/
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Vanités des vanités
Vanité des vanités, tout est vanité
Vanitas vanitatum omnia vanitas
2015 - Tirage 300cm x 250cm -
Too Much / Not enough
Deux horloges (normalement elles fonctionnent à 1.5v) mais ici : une alimentée à environ 5 v et l’autre à 1v (Trop et pas assez) et pourtant le résultat est le même.
Le temps n’avance plus la seconde tressaute éternellement. L’une vivement presque désespérément alors que l’autre survit dans un mouvement infime presque imperceptible. (regardez bien elle bouge)
Métaphore de notre énergie ? A trop vouloir en faire ou pas assez nous n’avançons plus.
L’inéluctable est là une fois de plus. Né de l’observation du quotidien, je pense aussi à Malou qui dans les derniers instants où tout semble figé et pourtant la vie est quand même là ou du moins ce qu’il en reste.
Dimensions : 2 horloges de 59 cm de diamètre
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Catharsis II
Catharsis II
Installation Bois, cendre, résine, verre et eau.Mode d’emploi
1 : Pensez au(x) mot(s) qui vous bloquent, qui sont un frein dans votre vie.
2 : Écrivez ce(s) mot(s) sur le papier transparent.
3 : Lâchez le papier dans le tourbillon.
4 : Observez plus léger
Le VortexJ’entends si souvent: je n’ai pas (plus) le temps.
Et si nous le prenions ce temps, pour soi pour s’interroger.
Revenir à l’essentiel, même si c’est symbolique, trouver le(s) mots juste(s). -
Temps Variable
Bois, verre, résine, cendre, dimensions variables.
La perception du temps est si variable.
Détourner l’objet de mesure de sa fonction.
Quand le sablier n’est plus fiable, qu’il ne s’écoule jamais à la même vitesse, comme une métaphore de notre rapport au temps, selon notre âge, notre humeur.
Et si c’était le grain de sable, l’accident qui était notre révélateur.
Ici c’est le cas c’est le sable qui permet l’écoulement sans lui la cendre serait figé. -
Il faut parfois tomber pour mieux se reconstruire
Entre métaphore de la construction d’une personnalité et de la création.
Tout part d’une colonne vertébrale, l’essence pour partir explorer.
Cela peut sembler fragile, mais là réside peut-être la « beauté du geste », dans la tentative, ce n’est pas le résultat seul qui compte, ce n’est pas la destination, mais bien le voyage en lui-même qui importe.
Et parfois c’est l’accident : à deux jours du vernissage alors que je pensais avoir fini. J’ai voulu aller plus loin, tendre vers l’extérieur sortir de cette alcôve, et là pour un tasseau de plus, c’est un grand craquement que j’entends, il faut alors maintenir sa structure, accepter qu’une partie chute, pour se relever et repartir.
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Enfances Perdues
Ici on parle de la vie, de la mort sous une forme très douce, comme emporté vers l’inévitable mais sans violence.
Nos jouets d’enfance s’envolent, flottent dans l’air.
Le miroir d’une grand-mère tant aimée sort du grenier.
Les ambiances sonores résonnent en nous et rendant vivant.
Comment préserver cette précieuse part d’enfance, cette innocence au monde, cette capacité d’émerveillement.
Lutter contre, accepter, composer avec?
Autant de questions qui avec le temps qui passe et qui nous rappelle que l’obsolescence programmée n’est pas uniquement pour les objets.
«Toute œuvre d’art reste un mystère, y compris pour son auteur»
Iouri Mamleïev