EBCY
Formée dans le domaine des Sciences du langage, mes recherches sur le non verbal dans la communication se prolongent aujourd’hui dans l’activité artistique que j’ai développée en autodidactique et en parallèle, mais avec une grande intensité depuis presque une vingtaine d’années. J’ai eu la chance de séjourner à l’étranger sur de longues périodes et de rencontrer des cultures et des façons de voir très différentes. Je suis venue à la sculpture naturellement pour continuer d’explorer l’hybridation, la mise en perspective de matériaux, d’univers, d’images, de langages.
L’expression artistique est devenue ainsi pour moi au fur et à mesure de plusieurs expériences un outil pédagogique, mis au service d’autres fins qu’elle même, et au-delà de l’enseignement des langues sur lequel je me suis longtemps penchée, à titre de chercheuse et d’enseignante. Aujourd’hui, en tant qu’artiste cette fois, je continue de vouloir établir des ponts entre tous ces éléments, que ce soit tournée vers l’éducation générale, la formation professionnelle, les jeunes et moins jeunes, l’intergénérationnel.
Mon travail interroge généralement notre environnement à partir des objets recyclés que je mobilise pour prendre du recul vis-à-vis de nos attitudes, de nos comportements, et plus largement encore de nos représentations. L’humain, l’animal, le végétal, les milieux, les rapports visibles et invisibles de l’un à l’autre, des uns aux autres, conscients ou inconscients, assumés ou déniés, mais que j’explore sous une forme décalée et ludique.
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Drawin's angel
Un ange, avec des mains en guise d’aile, s’est-il penché à l’oreille de Darwin l’un de ces jours où il cherchait à chasser cette idée les poissons devait sans doute avoir des pieds, tout comme lui ? Lui a-t-il conseillé d’attendre de recueillir plus de preuves pour avancer sur un terrain si glissant ? Oui, la science lui donnerait un jour raison, et la fiction dépasserait bientôt la réalité. Aujourd’hui, et puisqu’ils ont en effet des pieds, on ne refuse plus aux poissons le privilège de porter des chaussures.
Mobile en assemblage d’objets, résine moulée et plexiglas, H 65 x 65 x 50 cm, Chypre, 2007
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Piédator
Piédator : n.m. (zoologie) : nom vulgaire du Falcatus ineptus, représentant de l’espèce des Falcatae, une famille de poissons cartilagineux de l'ordre des Symmoriida.
Piédatoriser : nuire à son environnement par ignorance, inadvertance, arrogance, de manière délibérée ou non.
Mobile en assemblage d’objets à partir de chaussures, 100 x 75 x 15cm, France, 2004
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Une famille de poissons
Une famille de poissons, qui n’est pas sans nous faire penser, sous certains aspects, à ses très lointains descendants humains…
Ces sculptures-assemblages naissent d’objets familiers qui interrogent de manière ludique sur notre passé. Quelle est la relation entre nos origines, ces poissons et ces accessoires, tantôt indispensables, tantôt asphyxiants, appelés communément « chaussures » et que nous portons pour envelopper et protéger nos petons ?
Qu’en est-il de cette vie intra-utérine effacée, de l’évolution des espèces dont nous gardons des traces bien refoulées ?
Et si les questions relatives à une genèse oubliée ne trouvent pas forcément réponse, elles pourront peut-être participer d’une réflexion sur notre présent et sur notre avenir. Où nos groles nous mènent-elles ? Quelles correspondances et résonances provoquent-ils au regard de notre humanité ?Mobiles, assemblage d’objets à partir de chaussures, différentes dimensions (une centaine de pièces)
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Cavalcade
L’empreinte de l’Homme dans ce qu’elle a de grandiose et d’effrayant. La trace de ses pas sur l’environnement. A pied ou à cheval, celui-ci ne songe qu’à aller toujours plus loin et toujours plus vite, à ne jamais rien laisser en place et à sa place. Il ne sait pas se faire petit et, au-delà des merveilles, il crée aussi des monstres, qui jamais pourtant ne lui feront oublier ce lien si particulier avec l’une de ses plus grandes conquêtes.
Toujours la course, le cheval a-t-il un avis sur la fusion des corps ? Et vous-même ?Sculpture en assemblage d’objets et ferronnerie, H 50 x 42 x 11, France, 2013
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Cercle de Jeu
La forme primitive du cercle, récurrente dans le jeu : vertige du tourniquet et du manège, défi lancé au hasard pour la roue de la fortune et la roulette du casino, équilibre du cerceau, clôture de la règle du jeu…
La démarche de particularisation est comparable ici à une sorte de roue de la fortune hybridée, envisagée avant la stylisation à outrance qui aujourd’hui l’associe presque exclusivement à la notion de gain d’argent, pour ne réduire la fortune qu’à une dimension qui ne retient que peu de la vie, au lieu de renvoyer à tous ses autres arcanes.
Cette roue de la fortune très spéciale est évidemment truquée. Elle n’a pas le côté lisse et « équitable », ou tout du moins proportionné que peut l’être un diagramme sous forme de « camembert » . Contrairement à la roue du pur joueur, la répartition du poids semble pouvoir favoriser ou défavoriser le joueur. L’aléatoire persiste. Car, en matière de chance, qui peut dire ce qu’il en est vraiment.Bas-relief sur bois, diamètre 100 cm
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Echec et art (Roi blanc)
Des pièces noires et blanches. Des figures et des pions, tous travestis pour se singulariser. Les uns appliqués à paraître civilisés, les autres que la modernité ne semble pas avoir atteints, comme enracinés. Tous concernés cependant par un même mouvement de transmutation.
Nous voici dans l’univers du symbolique et dans celui du jeu. Devant des joueurs et des spectateurs qui prennent réalité pour virtualité, des êtres inhumanisés pourtant prêts à se laisser transporter dans l’imaginaire, à se projeter dans une partie où il n’y aurait, souhaitons-le, que des gagnants…avec toujours la peur de notre propre inconnu !Détail d’une pièce d’un échiquier géant, installé à Autrey-les-Gray en 2004