Céline Tuloup
Céline Tuloup est née en 1980 à Vichy.
Elle vit et travaille à Saint-Denis, elle est résidente au 6B.
"Empruntant de multiples formes (objet-sculpture, broderie, dessin, photographie, installation), mon univers artistique puise dans la psychanalyse et questionne la sphère de l’intime. Il met en jeu les relations entre privé et public, mémoire individuelle et mémoire collective.
La broderie, prenant une part importante dans mes réalisations artistiques, se veut une référence à une activité domestique liée à l’histoire de la condition des femmes mais aussi à l’artisanat nécessitant un savoir-faire. Mon désir est à la fois de réactiver cette pratique en l’inscrivant dans une recherche plastique contemporaine et de la déplacer en la confrontant à des questionnements traversant notre actualité."
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Signes noirs
"Signes noirs" est une installation murale conçue en partie pour l'exposition "Vaisseau fantôme". Elle se compose de 25 éléments dont 23 broderies et 2 céramiques reliées entre elles par des fils.
Une partie de ces éléments s'inspire directement d'images puisées dans l'actualité comme "La traversée", broderie réalisée à partir d'une photographie de migrants sur un canot pneumatique ou "L'échouage" brodés à partir d'une photographie d'échouage massif de baleine sur les côtes. D'autres sont en liens directement avec l'imaginaire.
Cette installation se veut résolument ésotérique par les liens tissés entre ces différents "signes", sans rapport rationnel évident les uns avec les autres. La présence de la couleur "or" est par ailleurs est une référence aux icônes.
"Signes noirs" s'inspire des théories millénaristes ayant cours à notre époque et dans lesquels des événements totalement étrangers les uns aux autres sont reliés entre eux pour être interprétés comme des présages. -
Les pleurs de l'Aube
Les pleurs de l'Aube se compose d’une série de mouchoirs brodés de graffitis aux slogans politiques trouvés sur internet ou dans la rue. Ces messages représentent à la fois une époque et un désir de changement, de soulèvement par rapport à l’ordre établi : « Revolution is coming ».
L’installation Les pleurs de l'Aube constitue un hommage à ces appels au grand bouleversement. Si ces messages sont voués à être effacés, la broderie les pérennise mais aussi procède à un basculement de la sphère publique à la sphère privée. Ces appels au combat peuvent autant être lus comme une incitation à l’insurrection collective que comme des incantations personnelles Ils parlent à l’insurgé présent en chacun de nous et laissent à chacun le soin de se les approprier ou non.
Broder sur des mouchoirs, ces slogans représentent cette espérance, ce désir intime de changement et de révolte que parfois nous conservons en secret ou dés fois que nous préférons oublier. Le mouchoir est donc autant ici la mémoire de nos insurrections personnelles que l’étoffe recueillant nos pleurs et nos désillusions -
Psychic circles
L’installation Psychic Circles se compose de tambours à broder où sont reproduits les planches du test de Rorschard. Cet outil psychologique de type projectif consiste en une série de planches de taches d’encre symétriques, proposées à la libre interprétation d’un patient. Une fois analysées en profondeur, les réponses servent à évaluer les lignes de force qui organisent la personnalité du sujet.
Dans l’installation Psychic Circles, la symétrie des images du test de Rorschach est encore accentuée : celles-ci sont démultipliées, et organisées selon des motifs se situant entre le mandala et le kaléidoscope. Cette structure réconcilie des termes apparemment opposés tels que la concentration et la circulation, la permanence et le changement, l’identité et la différence. L’installation évoque aussi bien nos quêtes spirituelles individuelles que les visions hallucinatoires dans lesquelles chacun peut se perdre.
Si le test de Rorschach est aujourd’hui mondialement connu, les Psychic Circles renvoient également à des images archaïques parlant à l’inconscient. Ils se réfèrent donc tout autant à la théorie psychanalytique qu’aux visions générées, chez de nombreux peuples traditionnels, par les cérémonies chamaniques. -
Le dîner en famille
Le dîner en famille est une installation présentant la fin d'un repas. Elle est composée d’une nappe (La Nappe) dont les tâches sont rebrodées et de ses serviettes assorties (Les Restes). En rebrodant les tâches sur la nappe, l’historique des anciens repas réapparaît et par-delà, l’histoire de la famille. Sur les serviettes (Les restes), ont été brodées les planches du test de Rorschach, outil clinique d'évaluation psychologique de type projectif. Le titre Les restes se réfère à l’expression française « les restes » pour évoquer les résidus de nourriture après un repas. Ceux-ci sont, traditionnellement, transformés pour être consommés de nouveau. Mais le titre peut aussi être interprété sous un angle psychanalytique. Les restes sont alors les traces mnésiques de la vie en famille, de l’enfance. Pour la théorie psychanalytique, ces souvenirs sont à l’origine de névrose. Aussi, une fois adulte, que fait-on de ces restes, comment les transforme-t-on ?
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Les cellulas
Entres meubles et immeubles, les Cellulas se présentent au premier abord telles des constructions hermétiques. Pourtant, de petites ouvertures pratiquées dans ces structures - des œilletons - nous révèlent des scènes de vie quotidiennes. Réactivant l’art des théâtres en papier né au 19ème siècle, ces réalisations intègrent l’idée d’un spectacle mis en scène. Cependant, l’action est ici suspendue, laissant à chacun le soin d’inventer une fiction face à l’image. Jouant avec notre voyeurisme, ces constructions questionnent la relation entre espace privé et espace public, fiction et réalité.
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Dermographie
Les Dermographies, dessins de grand format (au minimum 2 x 2m), induisent un trouble au niveau de l'échelle chez le spectateur. S'agit-il d'un organisme minuscule vu au microscope ou, au contraire, d'un paysage immense que nous offrirait une vision satellite ? Une autre ambiguïté nait de la contemplation de ces cartes. Se présentant tels des morceaux de peau, elles dessinent des paysages entre univers organique et végétal. A l'heure de la manipulation du vivant, ces cartes semblent aussi représenter des tissus issus de greffes ou de mutations génétiques. Cette référence à l'univers médical et scientifique est renforcée par la présentation de ces dessins montés sur oeillets. De par leur aspect clinique, ils nous renvoient à l'univers aseptisé de la médecine mais aussi aux cartes murales scolaires que nous avons connues durant notre enfance.