Bruno Grasser
Bruno Grasser travaille autour d’œuvres fortes et évocatrices. Ses œuvres protéiformes s'attachent à poétiser la catastrophe. Que ce soit pour explorer les paysages ou se résigner à disparaitre.
Diplômé des Beaux arts de Montpellier et des Arts Décoratifs de Strasbourg, il développe désormais ses projets aux ateliers du Bastion 14 à Strasbourg.
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Mayday
Tôles, mâts de lampadaire, luminaire et led, panneau solaire, terre
450cm X 350cm environ“MAYDAY” est une oeuvre installée dans l’espace vert de la cité Adeline à Lisieux. Ainsi, au cœur du lotissement d’immeubles,
un module semblant être tombé du ciel gît sur la pelouse, un lampadaire arraché à ces pieds.
La capsule spatiale en forme d’obus, inspirée d’une gravure d’Emile Bayard pour le roman de Jules Verne intitulé
“Autour de la lune”, évoque à la fois les nombreux bombardements qui ont ravagé la ville durant la Seconde Guerre mondiale
et fonctionne également comme une fiction potentielle. A la manière d’une fin de partie beckettienne présentant uniquement la pièce à conviction, “MAYDAY” joue de sa théâtralité, entre poésies, mystère et absurdité.
Autant accident de conquête spatiale que prophétie technologique en panne sèche, l’œuvre joue avec notre imaginaire
du banal et du futur. Elle peut être vue comme un reboot du film “Asphalte” de Samuel Benchtrit, où un astronaute
américain crashe sa capsule spatiale au beau milieu d’une cité, le tout dans une déconcertante normalité.
L’œuvre inscrit un scénario de science-fiction dans un environnement quotidien tout à fait banal. Et malgré son
caractère incroyable, elle laisse apparaitre un sentiment irrationnel de “déjà vue”.
Elle présente un élément rétro futuriste en ruine, un retour au sol inéluctable du module spatial comme une surface de
projection de notre propre finitude. Artefact d’une exploration d’un autre espace, de fantasmes nourrissant de nouvelles possibilités “MAYDAY” pourrait alors être un message de détresse adressé à nos imaginaires. -
Le rebord
Livre d’artiste, 42 images sérigraphiées sur papier canson 300gr 26,5x19cm
Fonctionnant comme une sorte de palimpseste, je réécris l’action de Neddy Merrill, personnage de fiction du le film ‘The swimmer’ de Franck Perry, qui se persuade de rentrer chez lui en plongeant de piscines en piscines pour remonter un cours d’eau artificiel. J’ai reproduis cette action/fiction,
pour l’objectif de l’appareil photo, dans les piscines de mes amis.
Les images se confondent entre la réalité de la prise de vue et les images du film, réactivant ce regard à la fois romantique et désabusé du rêve américain. -
Under the dome
Vidéo, 3,44’
A la manière d’une déambulation virtuelle dans google street view, Under the dome est une promenade fictive
dans un village apparemment sans vie. Un personnage errant demeure néanmoins dans ce paysage fantomatique.
Un remake de la cartographie du réel qu’est google street view dans un scénario de science fiction. -
Applause
‘Applause’ est une sculpture en fer, ampoules et câbles présentant l’érosion d’une forme numérique par sa reproduction matérielle. Le mot applause est composé de la typographie ‘futuristic typeface minimal font’ trouvée et copiée sur Internet.
Il s’agit d’un abécédaire JPEG de mauvaise qualité. Plutôt que de chercher à la redessiner pour obtenir une ligne
parfaite du lettrage, je l’ai copié avec ces défauts d’images.
En l’agrandissant et en projetant le pixel sur la tôle, j’ai sculpté une copie non conforme de la police de caractère.
Cette reproduction artisanale en trois dimensions du pixel numérique de mauvaise qualité génère une nouvelle image.
Une opération qui vient perturber le caractère futuriste de la typographie d’origine, la déplaçant ainsi vers une enseigne
lumineuse de maison hantée de fête foraine.
La possibilité infinie de reproduire les informations s’accompagnent nécessairement d’une grande fragilité
des supports. La sculpture devient une sorte de ruine issue de ces
opérations de reproductibilité.‘Applause’ est un médium message également, une sculpture chauffeur de salle. L’applaudissement est une forme antique de média de masse, pouvant composer un groupe social par contagion. Plus il y a d’applaudissements, plus les individus auraient envie de se joindre à eux, et ce peu importe la qualité de ce qu’ils perçoivent.
La présence spectrale du mot en volume orné d’ampoules qui crépitent sur un rythme aléatoire oscille entre sa fonction
d’animateur et sa quête de sens dans l’espace d’exposition. -
Ghost Trap
Aluminium sablé, tissu polyester,
émulsion photosensible, néons 170 X 90 X 25 cm