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Artistes

Ji soo YOO

Je suis une artiste pluridisciplinaire franco-coréenne née à Séoul, Corée du Sud en 1990. Diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy en 2018 et du Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains en 2023. Mon travail a été présenté dans de nombreux lieux à Paris comme en région, tels que le Centquatre, La Villette, le Palais de l’Institut de France, le Musée d’art et d’Histoire de Saint-Denis, Les Abattoirs (Toulouse), Les Magasins généraux (Pantin), la Cité internationale des Arts, Les Grandes Serres (Pantin). J’ai été invité à plusieurs festivals d’arts de rue comme le Festival de La Villette, les festivals d’Aurillac, de Mulhouse et de Séoul. J’ai été lauréate du programme Création en Cours piloté par les Ateliers Médicis avec le soutien du ministère de la Culture en 2019 et de la bourse FoRTE (Fonds Régional pour les Talents Émergents) piloté par la région Île-de-France en 2020, et du prix du jury 2022 de la 18e biennale d’Art contemporain. J’ai également été lauréate du prix Bic (2017) et nominée pour les prix Pierre David-Weill (2018 et 2021), Icart (2019) ainsi qu’au Talents Contemporains de la Fondation François Schneider (2020).

À travers une pratique variée mêlant dessins, sculptures, installations et performances, je développe un univers autour des notions de frontières entre le visible et l’invisible, du déplacement et de l’identité. Je crée par des mises en scène faisant écho au monde de l’enfance parfois peuplées de monstres, une échappée poétique, politique et critique, loin des assignations identitaires normatives de nos sociétés contemporaines. Je m’intéresse en effet à toutes les barrières - en tant que notions et formes - héritées ou érigées par nos idées reçues.

La maison, les objets du foyer, les meubles, les vêtements se détournent de leurs usages pour devenir oniriques, légers et parfois angoissants. Une espace familier et protecteur devient alors instable, fragile et fantomatique. Dans mon travail, la maison ou la chambre ne sont pas seulement une architecture ou un espace de vie, ils sont aussi le symbole de limites à l’échelle du quotidien. Ce sont des espaces qui reflètent l’identité individuelle ou sociale, l’espace psychologique et plus encore. La maison illustre les contours d’un individu, forgés par son quotidien. A l’échelle d’une habitation, les limites sont celles de la propriété ; à l’échelle d’un pays, les limites territoriales sont formées par les frontières. Mais cette notion peut aussi concerner une idéol- ogie, l’esprit d’un individu – son âme, autrement dit. À travers le prisme de la rêverie ou du détournement, mes travaux sont autant de métaphores des difficultés de l’identité confrontées aux poids sociaux et aux « systèmes intérieurs ». L’idée du “chez soi” a été conçue dans les limites de notre perception. Le “chez soi” est partout et nulle part. Les matériaux fragiles, instables et légers que j’utilise pour mes performances et mon installation nous rappellent la fragilité et l’incertitude du quotidien. L’apparence inquiétante prend racine dans la confusion des valeurs du quotidien, mettant en lumière tous les moments de l’existence qui peuvent nous fourvoyer sur les vérités ainsi que sur les mensonges.

En tant que femme, homosexuelle, migrante, artiste, être humain, j’ai été confrontée à beaucoup de frontières religieuses, sociales, politiques et psychologiques, et cela de façon quotidienne. Je suis très intéressée par les phénomènes par lesquels toutes ces frontières (personnelles, nationales, psychologiques) surgissent, se renforcent, évoluent, parfois disparaissent selon nos croyances et nos perspectives. Ce qui m’intéresse vraiment, c’est questionner la nature de ces frontières et observer l’évolution de nos perspectives et de nos positions à chaque instant. Cette question peut être observée selon un cadre social, politique, mais aussi psychologique, philosophique, spirituel et poétique. Vivre selon une certaine norme, un schéma, avec des frontières particulières, est à la fois une réalité et une illusion. Ce sont des choses qui changent, qui s’effondrent et se rétablissent perpétuellement, en fonction de nos besoins, de nos intérêts et de nos relations. À travers mon travail, je voudrais rappeler la fragilité de nos croyances et de ce que nous craignons de voir disparaître. Je souhaiterais également remettre en question nos certitudes participer à réajuster notre pensée du monde en l’envisageant davantage comme quelque chose qui n’est ni naturel, ni nécessaire, ni fixe. Je suis intéressée à créer une poésie loin de la mièvrerie, une interrogation de ce que dissimule notre quotidien.