Benjamin Julienne

Né à Agen en 1997, Benjamin Julienne vit et travaille entre Nantes et County Clare, en Irlande. À la suite d'un DNA obtenu à l'Institut supérieur des arts de Toulouse, il acquit un DNSEP avec mention en 2021 à l'École des beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire. L'essentiel de sa pratique consiste à peindre les fragments d'un labyrinthe, où le décor et les organismes qui le peuplent se rencontrent et s'associent de manière inattendue, jouant sur la polysémie des ornements, des symboles et des mythes qui traversent nos imaginaires.
Tour à tour assistant d'artiste auprès de Laurent Mareschal, Chérif Ndiaye et Lou-Andréa Lassalle-Villaroya, son intérêt pour l'art contemporain le mène à devenir rédacteur chez Unidivers, magazine culturel indépendant. La même année, en 2022, il cofonde l'association artistique Mush Room. Cette association organise des évènements culturels pour démocratiser l'accès à l'art contemporain, tout en promouvant de jeunes artistes émergents.
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8 (Mélusines)
Huile sur toile, 49 x 52cm, 2025
Je travaille actuellement sur une série de huit tableaux représentant des chapiteaux d'églises imaginaires. Ceux-ci représentent des chimères qui se dédoublent, avec une obsession pour la symétrie.
Ces créatures ne sont pas dépourvus d'un certain aspect érotique mais leur histoire est souvent plus complexe : faites de nombreuses traductions, trahisons et omissions. Par exemple, Mélusine, la sirène à double queue feuillue, est un motif à l'histoire alambiquée partagée entre la France et l'Allemagne. C'est avec les premières traductions en allemand de la légende de Mélusine, que la fée serpentine sera identifiée, à tort, par une sirène bicaudée, pour ensuite revenir sous cette apparence dans la sculpture française.
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Un trop petit bocal (intérieur faisan)
Huile sur toile, 25 x 34cm, 2025
Dans ma pratique picturale, je peins les fragments d’un labyrinthe. Chaque fragment donne à voir un nouveau pan de ce labyrinthe où se mélangent des décors, des chimères et leurs histoires réciproques. En fait, la notion de chimère est centrale dans ma peinture. À l’image de cette créature mythologique à la fois lion, chèvre et serpent, mes peintures mélangent des décors et des êtres variés. Ces hybridations créent des associations d’idées inattendues, et de nombreux sous-entendus. Ainsi, le labyrinthe se compose d’intérieurs d’église qui fusionnent avec des sanitaires et des bassins de piscine ou de pisciculture, le tout sous le regard des chimères – qui ne se tiennent jamais bien loin – sculptées sur des chapiteaux de colonnes.
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8 (Les sœurs ciseaux)
Huile sur toile, 49 x 52cm, 2025
«Dans les églises romanes, les chapiteaux qui surmontent les colonnes font souvent l'objet d'un investissement sculptural et ornemental particulier. C'est que le chapiteau est à la rencontre de deux forces architectoniques contraires : la force descendante de la voûte et la force montante du pilier. Mais, à l'époque romane, cette rencontre physique se double d'une collision symbolique, celle du spirituel et du matériel. Pas étonnant, dès lors, que les formes qui ornent les chapiteaux manifestent le mélange infini des ordres (végétal, animal, humain) qui composent l'univers.»
Thomas Golsenne, «L'ornement aujourd'hui», Images Re-vues 10