Alexandra Serrano
Née en 1988, vit et travaille en région Parisienne.
Alexandra Serrano est photographe plasticienne. Elle est diplômée d’un Master en Photographie obtenu à Londres à l’université de Westminster, ainsi que d’un Master en Esthétique et Histoire des Arts Plastiques de l’université de Paris 8. Sa pratique du médium photographique repose essentiellement sur des procédés argentiques ou alternatifs qui interrogent le support et la matière de l’image. Sa démarche résolument sensible et poétique, tente de rendre visible nos usages intimes du monde. A travers ses œuvres, Alexandra interroge l’histoire, la mémoire et l’identité de différents types de territoires construits et investis par l’homme et dans lesquels la nature occupe souvent une place centrale. A travers l’usage de différentes techniques photographiques son travail consiste à collecter méthodiquement objets, récits et traces, comme autant de pièces à conviction qui deviendront par la suite la matière première de ses œuvres.
Les travaux d’Alexandra Serrano travaux figurent dans de nombreuses publications et expositions individuelles et collectives en France et à l’étranger, notamment au Festival Circulation(s) à Paris ainsi qu’au festival Fotoleggendo à Rome, à la Biennale Internationale de Photographie du Bangladesh, à Toronto, Portland et Boston dans le cadre du festival Flash Forward mais également aux Rencontres de la Jeune Photographie à Niort et aux Magasins Généraux à Pantin. Sa pratique se déploie à travers des résidences de création mais également atour de commandes pour la presse (le Monde, Télérama, Liberation) et de commandes publiques. Ainsi, elle réalise en 2021 l’œuvre "Forêt Métropolitaine", acquise par le Fonds National d’Art Contemporain, dans le cadre des Regards du Grand Paris ou encore "Grandeur Nature", projet réalisé en 2023 grâce au fonds de dotation du Grand Paris Express avec le soutien de la Métropole du Grand Paris et de l’association COAL. Lauréate du soutien à la photographie documentaire du CNAP en 2022, Alexandra travaille actuellement sur un projet qui retrace l’exil collectif de républicains espagnols depuis la France vers le Mexique entre 1937 et 1940.
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Herbier Pandémique
L’ensemble des 56 cyanotypes que constituent cette œuvre, oscille entre document botanique, document historique et témoignage sociétal sur la gestion d’une crise sanitaire mondiale. En superposant végétaux et coupures de presse relatant l’actualité de la pandémie de Covid-19 à différentes échelles et à travers les mots de la presse locale, régionale et internationale, ce travail questionne la possible construction d’une mémoire collective.
Les planches de cet herbier immatériel constituent des objets photographiques uniques dans lesquels les empreintes solaires de végétaux éclairent avec douceur l’histoire planétaire d’un virus invisible. Harmonisées par la technique du cyanotype, l’angoisse et l’inquiétude suscitées par la presse journalière se dissipent peu à peu dans l’abstraction du papier bleuté au profit d’une certaine sérénité. Filtrés par les formes tranquilles de la nature, seuls quelques mots et bribes de phrases surgissent, révélant ainsi une actualité fragmentée.
Formées progressivement au contact du soleil, les planches de cet herbier renouent avec la matérialité de l’image, le hasard et la notion de temporalité si intrinsèque au médium photographique et qui pourtant n’a cessé de s’estomper avec le numérique. Un retour à la lenteur qui contraste avec l’extrême productivité et instantanéité des images de notre époque, et dont l’écho se fait ressentir aussi bien à travers les durées d’exposition qui s’écourtent progressivement avec l’arrivée des beaux jours, qu’avec le changement de végétation qu’amène le printemps.
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Grandeur Nature
Ce travail est constitué d'une série de tirages photographiques réalisées avec la technique de l'Anthotypie, formant un herbier immatériel de la flore spontanée présente au sein de l’espace public des villes de Bobigny et Bondy dans le but de valoriser le type de végétation qui s’acclimate au milieu urbain : pissenlit, ortie, chélidoine, luzerne…tant d’espèces communes qui poussent à leur gré dans les interstices des trottoirs, au pied des immeubles, dans les jardins publics ou dans les friches. Souvent condamnées à l’arrachage ou à l’éradication chimique, ces plantes ont pourtant de nombreuses fonctions écologiques favorisant notamment l'installation et le maintien de la biodiversité en ville.
Les planches de cet herbier reposent sur l’émulsion photosensible du jus de feuilles de Renouée du Japon, plante invasive prélevée directement sur les berges du Canal de l’Ourcq ainsi qu’au long de la voie ferrée qui traverse la ville de Bobigny. Parce qu’ils reposent sur l’utilisation d’une substance entièrement naturelle, ces anthotypes sont des épreuves non fixées. Vivants, ils se transforment au fil du temps et s’estompent s' ils se trouvent en contact prolongé avec la lumière UV. C’est pourquoi l’artiste a fait le choix de les présenter dans des boîtes en bois, assurant ainsi une conservation durable. L’ouverture des boîtes par le spectateur place ce dernier dans une position active, le sensibilisant à la fragilité de ces images qui témoignent de la précarité du vivant et de celle de notre écosystème actuel.
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Forêt Métropolitaine
Projet réalisé en collaboration avec l'artiste sonore Simon Pochet.
"Forêt Métropolitaine" est le résultat d’une enquête artistique sur l’histoire, la mémoire et l’avenir d’un lieu à l’identité particulière : la plaine de Pierrelaye-Bessancourt située dans le département du Val d’Oise, à 25 kilomètres au nord-ouest de Paris. Ancienne plaine maraîchère et zone d’épandage des eaux usées de la capitale, aujourd’hui fortement polluée aux métaux lourds, la plaine accueille depuis novembre 2019 une immense opération de reforestation, soit 1 million d’arbres plantés à l’horizon 2030.
Ce projet de création dresse un état des lieux subjectif de ce territoire, évoquant ses multiples temporalités à travers une réappropriation plastique et sonore du terrain. S’appuyant sur les rapports sanitaires de la Direction Départementale Territoriale du Val-d’Oise, et sur les coordonnées GPS de différents prélèvements signalant la pollution des sols, Alexandra Serrano et Simon Pochet ont arpenté la plaine pour y collecter images et sons.
La création photographique de cette installation est le fruit d’un protocole rigoureux comprenant la prise de vue à différents points géographiques de la plaine, suivi de l’enfouissement durant plusieurs semaines, des épreuves photographiques sur le même site. Avec le temps, le tirage devient objet archéologique, imprégnant le paysage dans la matière même de l’image. Il devient témoin de la nature du sol, tel un organisme qui réagit et entre en interaction avec son environnement. Jour après jour, la faune, la flore, la pollution et les aléas climatiques ont altéré les images de façons différentes, donnant lieu à chaque fois, à des résultats uniques.
La création sonore, issue d’une collecte d’enregistrements de terrain de différents registres, prend la forme d’une composition hybride, construisant une narration et un imaginaire sonore qui dialogue avec les photographies. Cette dimension sonore se décompose en une multiplicité de sources déclenchées de manière aléatoire, laissant entendre bribes de voix, bruits de pas et bruits de pioche mais également chants d’oiseaux et bruissement de feuilles. Ces sons constituent tout autant une archéologie du paysage qu’un témoignage du vivant et des activités humaines de la plaine.
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Histoire(s) à Creuser
Histoire(s) à Creuser est un projet pluridisciplinaire mêlant photographie et son. Réalisé auprès d’une équipe d’archéologues, dans le quotidien des
prospections menées sur le site d’Aurignac en septembre 2020, ce travail interroge les problématiques liées à l’archéologie ainsi que l’imaginaire suscité par cette discipline.Entre abstraction et documentation, Histoire(s) à creuser, est un projet hybride, croisant différents registres d’images et de sons : interviews, captations sonores du sol et de la roche, images d’archives, photographie numérique et argentique. Une transversalité des médiums qui à pour but de donner à voir et à entendre la part invisible et inaudible de ce qui nous entoure et qui pourtant constitue les traces de notre Histoire.