Mathis Benestebe
Né en 2002 à Saint-Nazaire, Mathis Benestebe vit et travaille à Toulouse. Il a étudié la photographie à l’ETPA dont il est sorti diplômé en 2023.
Sa pratique prend forme dans la tension entre présence au monde et isolement.
La photographie et la vidéo y occupent une place centrale, souvent traversées par un travail sonore ou en volume. Se déploie alors une quête d’espaces d’accueil et de refuge, qu’ils soient psychiques, sociaux, réels ou fictifs.
À travers l’autofiction, le portrait ou la mise en scène d’objets, son travail explore les effets de la désolation, entre repli intérieur et expérience partagée.
Dans cette recherche, les gestes d’enveloppement, de recouvrement ou d’ensevelissement déploient une charge symbolique proche du rituel.
Son travail photographique et vidéo a été présenté dans plusieurs festivals tels que le festival Circulations (Paris), le Parcours de l’art (Avignon), le festival Lum (Seix), le Photo Festival Baie de Saint-Brieuc ou le festival d’art vidéo OVNi (Nice).
En binôme avec Noah Ambiehl, leur série “Chimères” est exposée en 2023 à la Galerie des Publics des Abattoirs (Toulouse).
Il a participé à des expositions collectives à La Fabrique (Toulouse), au Maine Museum of Photographic Arts (Portland), ou encore à la Cour de l’archevêché (Arles) en partenariat avec le magazine Fisheye.
Lauréat de la troisième édition du prix Utopi·e, son travail est présenté au centre Wallonie-Bruxelles (Paris) en septembre 2024, ainsi qu’aux galeries Les filles du calvaire (Paris) et Jousse Entreprise (Paris) en février 2025.
Il est actuellement en résidence à la Faculté des Sciences de Montpellier pour l’année 2024-2025.
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Black-out
Black-out est le résultat d’une enquête personnelle de deux ans autour de mon expérience de l’amnésie dissociative.
Perte de mémoire autobiographique provoquée par un stress intense, ce mécanisme de protection est caractérisé par une déconnexion entre l’amygdale et l’hippocampe lors d’un événement traumatique.
À la manière d’une recherche dans un grenier interdit, je tente de parvenir à ces souvenirs inaccessibles. Le récit évolue autour de la quête obsessionnelle de débloquer cette mémoire enfouie dans l’inconscient. Composé de plusieurs chapitres, il débute par des images d’archives provenant de mes premiers tâtonnements photographiques entre mes cinq et dix ans. -
Black-out - La maison
Black-out est le résultat d’une enquête personnelle de deux ans autour de mon expérience de l’amnésie dissociative.
Perte de mémoire autobiographique provoquée par un stress intense, ce mécanisme de protection est caractérisé par une déconnexion entre l’amygdale et l’hippocampe lors d’un événement traumatique.
À la manière d’une recherche dans un grenier interdit, je tente de parvenir à ces souvenirs inaccessibles. Le récit évolue autour de la quête obsessionnelle de débloquer cette mémoire enfouie dans l’inconscient. Composé de plusieurs chapitres, il débute par des images d’archives provenant de mes premiers tâtonnements photographiques entre mes cinq et dix ans. -
Erinlé
Dans le panthéon yoruba, Erinlé (éponyme de la rivière nigériane) est un orisha androgyne, guerrier et maître de la pêche. Son culte vient du peuple Ilobu et se retrouve dans l’ancien empire d’Oyo, au Brésil et à Cuba.
Erinlé est un récit autobiographique mettant en lumière les défis de se construire face à l’absence de modèle.
Telle une offrande à cette divinité des eaux, l’installation Là où l’eau douce rencontre l’eau salée révèle les difficultés de se projeter sans figures de référence.
Le second chapitre explore la richesse des trajectoires personnelles ayant pour point commun la transition de genre, chaque individu illustrant un sujet d’épanouissement. L’émergence du rouge écarlate annonce cependant les violences associées à ces nouvelles identités sociales. -
L’amour est un sentiment intérieur
J’aimerais comprendre pourquoi tu trouves mon visage neutre si malheureux.
Peut-être que tu y vois l’ennui de celui qui s’ignore.
Un jour peut-être, je ressentirai cette déception d’être absent.Je t’ai offert une tulipe pour nos trois ans.
Si je tombe ce masque de fer, est-ce que tu me reconnaîtrais ?
Ces dernières années, mes rares larmes portaient ton nom.
Et avant, je ne sais pas. -
Trois jours d'escale
C’est étrange d’entrer dans une clinique avec le sourire, au milieu des gens inquiets et de réunions de famille. Noah m’a accompagné lundi, puis il est parti le soir, vers 19h. Il pleuvait des cordes dehors, mais moi j’étais à l’abri. J’ai bu la soupe et ensuite j’ai mangé les haricots que l’on
m’avait apportés.
Le lendemain, j’ai patiemment attendu jusqu’à 16h30 dans une robe bleu roi et des chausson transparents. Il faisait chaud dans la chambre, plus chaud qu’à la maison. La dame est venue me chercher et m’a roulé jusqu’à l’endroit. Vingt minutes plus tard, j’étais allongé et trois personnes s’occupaient de moi. Leurs machines étaient intrigantes mais je n’ai pas pu les observer très
longtemps.
Je me suis réveillé vers 19h30, je le sais car l’infirmière avait fini son service et attendait de me ramener avant de partir. Peu de temps après, j’ai retrouvé mon lit et j’ai envoyé un message à Noah : « Coucou mon amour, tout va bien, je suis heureux, je viens de rentrer dans la chambre ».