Mathis Benestebe
Mathis Benestebe est un photographe de 21 ans. Né à Saint-Nazaire, il habite à Toulouse et obtient en 2023 sa licence de photographie à l’ETPA avec mention du jury. Son travail tourne autour de l’intime, de l’autobiographie et du manque. Il souhaite notamment témoigner de l’importance du souvenir dans la construction identitaire.
Pour Mathis, la photographie agit comme une preuve tangible de sa propre réalité. Il est un photographe du contrôle, il aime penser et prévoir. Comme pour matérialiser au plus juste des symboles impalpables, il choisit avec attention chaque élément de ses images. C’est un rédacteur jaloux du poète, s’efforçant de trouver l’émotion là où elle se cache.
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Black-out
À la manière d’une recherche dans un grenier interdit, « Black-out » explore ma sortie d’amnésie traumatique.
Perte de mémoire générée par un niveau de stress intense, ce mécanisme neuro-psychologique est caractérisé par une déconnexion entre l’amygdale et l’hippocampe lors d’un événement traumatisant. Les informations émotionnelles sont alors dissociées du circuit de la mémoire, entraînant un gel des souvenirs.
En explorant mon inconscient à la lumière UV, je tente de parvenir à ces événements inaccessibles. Composé de plusieurs chapitres, « Black-out » débute par des images d’archives provenant de mes premiers tâtonnements photographiques entre mes cinq et dix ans. -
Black-out - La maison
À la manière d’une recherche dans un grenier interdit, « Black-out » explore ma sortie d’amnésie traumatique.
Perte de mémoire générée par un niveau de stress intense, ce mécanisme neuro-psychologique est caractérisé par une déconnexion entre l’amygdale et l’hippocampe lors d’un événement traumatisant. Les informations émotionnelles sont alors dissociées du circuit de la mémoire, entraînant un gel des souvenirs.
En explorant mon inconscient à la lumière UV, je tente de parvenir à ces événements inaccessibles. Composé de plusieurs chapitres, « Black-out » débute par des images d’archives provenant de mes premiers tâtonnements photographiques entre mes cinq et dix ans. -
Am Stram
Il ne me reste que très peu de souvenirs de mon enfance. Mais ce qu’il me reste en revanche, ce sont des photos et vidéos que mon père a soigneusement gardées. C’est à partir de ces images que j’ai pu, au fil du temps, construire ma mémoire autobiographique. Dans les archives familiales, il y a toujours la question de ce que l’on garde et de ce que l’on oublie. De la création du mythe familial. Mais partant de ce principe, je dois bien avouer que la mémoire que j’ai fabriquée de mon enfance n’est pas la mienne, mais celle que ma famille a choisis de raconter.
A quoi ressembleraient mes souvenirs si ces archives étaient différentes ?
C’est avec des captures d’écran de cassettes numérisées que j’ai construit cet album de famille alternatif, racontant tout l’inverse de l’original. En remplaçant les anciens tirages par les nouveaux, je crée un récit contraire au premier. Il peut s’entendre comme le négatif photographique de l’album. -
Erinlé
Erinlé est un récit autobiographique autour de la difficulté de se construire sans modèle. Le premier chapitre explore l’absence de représentation et l’impossibilité de se projeter dans une quelconque figure.
Naît alors ce besoin urgent : découvrir les visages de ceux dont le parcours est similaire au mien.
Le deuxième chapitre se présente comme les possibilités infinies d’histoires personnelles et de vécus ayant pour point commun la transition de genre. Chaque personne forme un nouveau modèle d’épanouissement, et une nouvelle rencontre inespérée.
La venue du rouge écarlate annonce cependant les prémices de la violence que provoque cette nouvelle identité sociale.Dans les traditions religieuses Yoruba d’Afrique de l’ouest, Erinlé est une divinité, maître de la pêche, guerrier et chasseur. D’apparence androgyne, son culte vient du peuple Ilobu situé dans l’actuel Nigéria et se retrouve dans les villes de l’ancien empire d’Oyo.
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Ventricule gauche
J’aimerai comprendre pourquoi tu trouves mon visage neutre si malheureux.
Peut-être que tu y vois l’ennui de celui qui s’ignore.
Un jour peut-être, je ressentirai cette déception d'être absent.Je t’ai offert une tulipe pour nos trois ans.
Si je tombe ce masque de fer, est-ce que tu me reconnaîtrais ?
Ces dernières années, mes rares larmes portaient ton nom.
Et avant, je ne sais pas.Il en faut du temps pour sortir de cette apnée.
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Trois jours d'escale
C’est étrange d’entrer dans une clinique avec le sourire, au milieu des gens inquiets et des
réunions de famille. Noah m’a accompagné lundi, puis il est parti le soir, vers 19h. Il pleuvait des
cordes dehors, mais moi j’étais à l’abri. J’ai bu la soupe et ensuite j’ai mangé les haricots que l’on
m’avait apportés.Le lendemain, j’ai patiemment attendu jusqu’à 16h30 dans une robe bleu roi et des chaussons
transparents. Il faisait chaud dans la chambre, plus chaud qu’à la maison. La dame est venue me
chercher et m’a roulé jusqu’à l’endroit. Vingt minutes plus tard, j’étais allongé et trois personnes
s’occupaient de moi. Leurs machines étaient intrigantes mais je n’ai pas pu les observer très
longtemps.Je me suis réveillé vers 19h30, je le sais car l’infirmière avait fini son service et attendait de me
ramener avant de partir. Peu de temps après, j’ai retrouvé mon lit et j’ai envoyé un message à
Noah : « Coucou mon amour, tout va bien, je suis heureux, je viens de rentrer dans la chambre ».