Lise DUA
Lise Dua, née en 1989 à Chambéry, est diplômée d’une licence en Arts Plastiques en 2010 et de l’École de la Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 2013.
Elle s'intéresse à ce qui fait famille, à la petite échelle des humains, comme à la grande échelle des vivants. C'est souvent sur des détails, photographiés ou prélevés dans des images d'archives, qu'elle attire notre attention et tente de faire lumière. Le travail de Lise Dua se déploie sur une temporalité longue, et c'est par l'association d'images que son discours se construit. Souvent présentées sous la forme de livres, ses images prennent vie, au ryhtme de répétitions et des mises en perspectives.
Son travail a bénéficié d’une exposition personnelle à La Conserverie, un lieu d’archives (Metz) et a été exposé lors d’expositions collectives à la Galerie des Filles du Calvaire (Paris), au Bleu du Ciel (Lyon), aux Rencontres de la Photographie (Arles), à Jeune création au 104 (Paris), à ManifestO (Toulouse), en Suisse lors de la Nuit de la Photo (La Chaux-de-Fonds).
Son second livre, Les loyautés, a reçu le le prix HiP dans la catégorie auto-édition pour le mois de juillet 2023. Son premier livre a été nominé pour le prix révélations du livre d’artiste, organisé par l’ADGAP et le salon Multiple Art Days.
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Les loyautés
Les loyautés se présente sous la forme d'un corpus de photographies, de tracés et de découpes sur papier. À partir d'albums de famille, je me suis intéressée aux gestes que je voyais se répéter d’un album à l’autre, d’une génération à l’autre. Me sont apparus des détails, des fragments que j'ai recadré, recomposant ainsi de nouvelles images.
Ces images, ensuite assemblées sous la forme de diptyques, mettent en relation deux corps à travers les années. Entre le noir et blanc et la couleur, le passé et le présent, ces photographies nous interrogent sur la transmission, ce qui nous lie. La multiplicité des vécus se retrouve fusionnée en un seul corps qui traverse les époques et les individus : le corps familial. Ce corps familial, j'ai voulu en dessiner les contours, en tracer la silhouette à partir de photographies de groupe. Figés sur le papier, ces postures évoquent les alliances ou les distances qui s'opèrent inconsciemment au sein d'une famille.
Dans ce corpus d'images existent aussi des photographies solitaires, qui en elles seules condensent l'inconscient de nos relations familiales. La photographie a su saisir, à ce moment là, l'apparition de nos loyautés : pactes scellés d'un individu à un autre ou renoncement des corps à exprimer leur individualité. -
Les loyautés - livre
Ce qui nous lie n’apparaît pas toujours au grand jour, et ce d’autant plus quand des alliances improbables traversent les époques. Nonobstant, par de judicieuses associations et recoupements visuels de photographies issues d’albums de famille
– les siens et ceux d’anonymes –, Lise Dua révèle les liens indicibles qui unissent les êtres ; questionnant le besoin universel de transmission, elle redessine tout en douceur et en subtilité les contours de cercles inter- et intrafamiliaux ; autour d’une table, d’un corps, d’un souvenir naissant. Ses Loyautés – décrites tels des
pactes scellés – se conjuguent alors simultanément, sous nos yeux incrédules, aux présent et passé composés. De la taille d’un carnet de réflexions, son ouvrage se parcourt ainsi à double sens, inlassablement, au gré d’histoires parallèles éclairantes. Celles-ci sont habilement rassemblées au moyen d’une reliure
spirale – indécelable le livre fermé –, comme autant d’anneaux, témoins d’immuables alliances insoupçonnées. Au-delà d’un livre de photographie vernaculaire, Les loyautés constitue le fragile écrin d’existences entremêlées, célébrant la puissance intime et charnelle
du vivre ensemble.
Gérald Vidamment, Compétences photo -
Une vie
« Une vie, une série davantage centrée sur la question des ressemblances et des dissemblances liées au temps, s’appuie sur une collection de soixante portraits d’une même personne. La succession des photographies est consacrée au seul visage d’une femme depuis sa petite enfance jusqu’à un âge avancé. Chaque portrait constitue une interruption dans la continuité d’une vie, un arrêt sur image dans le film du temps. Lise Dua cultive cette métaphore cinétique en accolant chaque épreuve les unes à la suite des autres dans un livre dépliant qui prend la forme d’un leporello. Ce dispositif oblige à attribuer une identité constante à des faciès de plus en plus différents, à saisir dans une continuité étrange des modifications irréversibles qui altèrent progressivement une même personnalité.
Ici, la recherche de Lise Dua est guidée par la volonté de produire une approche visuelle du temps. En ce sens, sa démarche va plus loin que son intérêt pour la photo de famille, elle confère un nouveau statut à la création photographique en lui assignant la puissance d’être une externalisation de la conscience intime du temps.»Robert Pujade, L’épreuve photographique du temps, 2023
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Je n'écris plus pour moi seule
‘Pendant dix ans, Lise Dua a photographié sa sœur cadette, la regardant grandir. En 2018, l’artiste commence à confronter cet ensemble à ses propres photographies d’enfance, prises par son père. Elle découvre alors un jeu d’échos et de résonances entre les photographies dont elle est l’autrice, représentant sa sœur, et celles de son père la représentant elle. Répétées de manière inconsciente, ces images questionnent le lien entretenu entre différentes générations d’une même famille, les écarts et les rapprochements qui font le lien filial et sororal. Lise Dua réalise un montage anachronique, mettant ainsi l’accent sur ce qui nous lie au-delà des années.’
Nina Ferrer-Gleize -
Je n'écris plus pour moi seule - livre
‘Je n’écris plus pour moi seule, livre autoédité de Lise Dua, très réussi graphiquement, est une merveille de sensibilité confrontant avec beaucoup de douceur des photographies prises par l’auteure de sa sœur cadette Clara pendant dix ans, et des portraits d’elle-même effectués par son père durant son enfance.
Qui est l’une ? Qui est l’autre ?
Qu’est-ce qu’une famille lancée dans l’aventure du temps ?
À qui appartiennent vraiment les traits de notre visage ?’extrait du texte, Une famille par Fabien Ribery
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Parentés
Ces images proposent un retour à un état de présence au monde et aux espèces qui nous entourent. Cette expérience à commencé pour moi il y a quelques années dans mon jardin. Ce jardin qui n’était alors à mes yeux qu’un décor, est devenu un espace riche, peuplé d’êtres singuliers qui
avaient chacun leurs habitudes, leurs expériences du lieu, leurs vies propres. Chaque jour, je me suis mise à observer les déplacements de chacun.e.s, leurs interactions et à les photographier. Au sein de ce petit territoire, mon regard sur le vivant est devenu un regard amoureux, vigilant et attentionné.
Peu à peu, s’est constituée une série d’images qui proposent une expérience corporelle, sensorielle et affective aux autres espèces. Le recours au fragment me permet d’abolir les notions d’échelle et de hiérarchie entre les vivants. Le tout devient aussi important que le détail, le petit aussi signifiant que le grand. Les images deviennent équivalentes les unes aux autres, les parentés nous apparaissent entre espèces. Chaque image est la métamorphose de celle qui l’a précédée et annonce la suivante, dans une continuité temporelle.