Marie Castagnola
Marie Castagnola née en 1995 originaire de Marseille.
Diplômée depuis 2020 de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles. Elle participe en 2019 à un programme d’échange international à la Rodchenko Art School de Moscou. Elle réalise durant cette année de césure États Anesthésiques, un ensemble de photographies et vidéos proposant une lecture personnelle des limites des relations et de contrôle que les hommes établissent et entretiennent avec le monde. Évoluant en Russie et par la suite en Ukraine, qu’elle habite depuis 2020 et qu’elle doit quitter en février 2022 pour Berlin. De ce temps vécut à Kyiv nait la série À mes amis – Ukraine 2022, comme un hommage intimiste face à la guerre. Marie développe une recherche visuelle sur les représentations possibles de la société contemporaine au travers d’images fixes et en mouvement. Son travail se concentre sur la notion de domination et ses symptômes au travers du corps humain, animal et architectural.
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À MES AMIS - UKRAINE 2022
Que peut-on encore montrer qui ne soit déjà retransmis, publié, débattu depuis le début du désastre ? Il faut faire un pas de côté. Ces images, plutôt comme un retour en arrière, prennent un effet étrange : c’est le lot des choses qui glissent entre nos doigts. Elles ne disent pas un état de ce qui est ; mais ce qui, au milieu du bruit de la Grande Histoire, forme la mémoire de ce qui est en train de disparaître. Dans un silence, un murmure qui n’est pas le spectaculaire journalistique, les images de Marie Castagnola sont des anecdotes, des petites histoires, des oiseaux de passages comme le témoin modeste d’une incertitude pourtant immense. Incertitude tombée comme une condamnation absurde sur tous ceux dont Marie Castagnola peint le portrait, sur cette Ukraine dont on compte les jours avec impuissance. La question ici n’est pas de formuler des prédictions sur ce qu’il adviendra, mais plutôt de dire la douleur de la séparation, d’en appeler au souvenir, et dans ce souvenir espérer se retrouver de nouveau. Le portrait au centre de cette mosaïque de lieux, d’amis, de détails poétiques, est celui de Valeriia Sniesar portant une Balaclava noire. Valeriia, inondée de lumière, se transforme en une Olga de Kyiv sacrée - son histoire est celle d’une victoire sur la brutalité du monde, d’une force extraordinaire. La balaclava, portée de nouveau mille ans plus tard, rejoue cette icône symbolique qui est celle de la résistance. À mes amis serait le titre, simple comme un leitmotiv, de cette série ; prenant aujourd’hui le goût amer de l’absence. Fonctionnant par petites séquences, par constellations, les images composent le lieu à garder près de soi, le lieu peut être disparu, le souvenir fragile mais précieux d’une forme de vie. Et même si en photographie il est trop évident de dire, ça-a-été, on ne peut s’empêcher de l’entendre chuchoter ici, balayant chaque corps, chaque visage, chaque geste, soufflant sur les façades de Kyiv, ça a été.
Marie Hervé, Turin, mars 2022.
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À MES AMIS - UKRAINE 2022
Que peut-on encore montrer qui ne soit déjà retransmis, publié, débattu depuis le début du désastre ? Il faut faire un pas de côté. Ces images, plutôt comme un retour en arrière, prennent un effet étrange : c’est le lot des choses qui glissent entre nos doigts. Elles ne disent pas un état de ce qui est ; mais ce qui, au milieu du bruit de la Grande Histoire, forme la mémoire de ce qui est en train de disparaître. Dans un silence, un murmure qui n’est pas le spectaculaire journalistique, les images de Marie Castagnola sont des anecdotes, des petites histoires, des oiseaux de passages comme le témoin modeste d’une incertitude pourtant immense. Incertitude tombée comme une condamnation absurde sur tous ceux dont Marie Castagnola peint le portrait, sur cette Ukraine dont on compte les jours avec impuissance. La question ici n’est pas de formuler des prédictions sur ce qu’il adviendra, mais plutôt de dire la douleur de la séparation, d’en appeler au souvenir, et dans ce souvenir espérer se retrouver de nouveau. Le portrait au centre de cette mosaïque de lieux, d’amis, de détails poétiques, est celui de Valeriia Sniesar portant une Balaclava noire. Valeriia, inondée de lumière, se transforme en une Olga de Kyiv sacrée - son histoire est celle d’une victoire sur la brutalité du monde, d’une force extraordinaire. La balaclava, portée de nouveau mille ans plus tard, rejoue cette icône symbolique qui est celle de la résistance. À mes amis serait le titre, simple comme un leitmotiv, de cette série ; prenant aujourd’hui le goût amer de l’absence. Fonctionnant par petites séquences, par constellations, les images composent le lieu à garder près de soi, le lieu peut être disparu, le souvenir fragile mais précieux d’une forme de vie. Et même si en photographie il est trop évident de dire, ça-a-été, on ne peut s’empêcher de l’entendre chuchoter ici, balayant chaque corps, chaque visage, chaque geste, soufflant sur les façades de Kyiv, ça a été.
Marie Hervé, Turin, mars 2022.
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ÉTATS ANESTHÉSIQUES 2020
États Anesthésiques est un ensemble de photographies et de vidéos réalisées au cours de plusieurs mois passés en Russie. Le flux narratif est en permanence réévalué; le 'montage' de la série ne cesse d’être défait, s’adaptant ainsi aux différentes interprétations possibles. États Anesthésiques propose une lecture personnelle des limites des relations de contrôles et de domination que les hommes établissent et entretiennent avec le monde : une investigation, qui tend à s’émanciper des codes de représentation du documentaire et entreprend le morcellement de ce que nous pouvons percevoir du paysage, l’abrège, jusqu’à effacer la frontière entre intensités des faits et projections mentales. La temporalité, elle, est dissoute ; et le cadrage s’emploie à broyer l’arrière-plan. Les scènes restituées attestent toutes d’une volonté d’organisation d’un espace donné. Mais les démarches d’apprivoisement du monde ne renvoient qu’à l’effondrement de celui-ci. Cette proposition tente de mettre en lumière un vivant muselé et rendu mutique. États Anesthésiques dépeint alors une communication contemporaine difficile, rompue entre les hommes, les animaux et la nature.
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ÉTATS ANESTHÉSIQUES 2020
États Anesthésiques est un ensemble de photographies et de vidéos réalisées au cours de plusieurs mois passés en Russie. Le flux narratif est en permanence réévalué; le 'montage' de la série ne cesse d’être défait, s’adaptant ainsi aux différentes interprétations possibles. États Anesthésiques propose une lecture personnelle des limites des relations de contrôles et de domination que les hommes établissent et entretiennent avec le monde : une investigation, qui tend à s’émanciper des codes de représentation du documentaire et entreprend le morcellement de ce que nous pouvons percevoir du paysage, l’abrège, jusqu’à effacer la frontière entre intensités des faits et projections mentales. La temporalité, elle, est dissoute ; et le cadrage s’emploie à broyer l’arrière-plan. Les scènes restituées attestent toutes d’une volonté d’organisation d’un espace donné. Mais les démarches d’apprivoisement du monde ne renvoient qu’à l’effondrement de celui-ci. Cette proposition tente de mettre en lumière un vivant muselé et rendu mutique. États Anesthésiques dépeint alors une communication contemporaine difficile, rompue entre les hommes, les animaux et la nature.