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Artistes

Renaud Porte

Né en 1987, je vis et fais sculpture hic et nunc.
Faire sculpture, c’est être corps avec la matière, refouler son épanchement dans le sens de son flux.
Mes gestes informent ce flux qui, en retour, révèle mon habitus en tant que mémoire.
Mes formes ont l’intensité d’un corps se battant contre son incarnation (devenir un objet) au péril de son animation (devenir une chose).
Faire sculpture, c’est lutter contre l’évacuation du corps comme référent absent.
Je fais avec la sculpture comme le temps fait avec mon corps. Je parle du temps comme d’un espace où mon corps se situe, se déplace, le renseignant ainsi différemment sur sa condition d’existant : particules, poussières étoiles, chair…
Plâtre, ciment, pâte à modeler, sont autant de matières, avec lesquels je fais sculpture. Les propositions sculpturales que je stabilise ne font pas du processus la finalité. La matière a son propre processus dans lequel mes gestes s’évertuent à faire corps.
L’être-là sculptural oscille entre chose et objet, écofact et artefact.
Ma pratique n’est pas conceptuelle, les concepts sont de matérialité.
Le flux-matière m’oblige à recourir à des gabarits que je nomme, avec dureté, des protocoles sculpturaux. Parfois, ils sont participatifs. Des tiers font sculpture avec moi, sédimentant ainsi leurs gestes aux miens. Faire sculpture, c’est être corps ensemble, aussi.
J’ai l’impression de faire une archéologie par le plein. L’archéologue communique à longue distance, dans ma sculpture tout se fait beaucoup plus vite mais cela ne signifie pas que la durée ne soit pas sensiblement la même.
Mon anthropologie est sculpturale.