Hubert Mardi
Mon rôle d’Artiste-Chercheur est de formaliser l’ontophanie ( terme apparu en 1956 sous la plume de Mercia Eliade dans "Le Sacré et le Profane" , repris par Stephane Vial dans, "L’Etre et l’Ecran" en 2013 ) numérique, ou plus précisément, de révéler la manière dont les êtres vivants nous apparaissent à travers le médium numérique. Ce médium numérique est à présent suffisamment mature pour que nous puissions le considérer comme matière artistique.
Ma pratique fait écho au mouvement conceptuel en y intégrant le médium numérique. Vu comme le fond et la forme de ses productions, la technologie digitale est une source inépuisable de sujets. En y apposant différentes conceptions, je révèle la part d’humanité dans les machines, programmes et autres installations dans le but de nous renvoyer à notre contexte numérique.
Mon projet questionne la définition de l’homme contemporain rattaché à notre époque du tout numérique et de confronter au spectateur son alter-égo digital. Avec les technologies actuelles, ancrées dans notre réalité, telles que les intelligences artificielles, les nano-robots, les androïdes, les big-datas, le lien avec la biologie est indéniable.
Une biologie numérique émerge à notre époque dont je me considère comme un anthropologue artiste. Au travers de mes dispositifs, mon intention est de confondre des thématiques organiques ou métaphysiques se rapportant au vivant et des caractéristiques propres au numérique.
Mes travaux se situent au croisement de plusieurs disciplines et empruntent au lexique numérique : Installations, programmes, robots autonomes et interactifs, simulations, formes générées par la machine.
Durant mon parcours à l’école supérieure des Beaux-Arts de Nîmes, je me suis confronté à des problématiques liées aux contextes dans lequel mes oeuvres évoluées, l’omniprésence numérique et l’utopie qui en découle. Lors de mon séjour Erasmus en 2010 en Allemagne et particulièrement lors des ateliers de sérigraphie, je me suis concentré aux accidents et à la perte de contrôle lors du processus de production. J’établis un parallèle entre le vivant et ces formes involontaires. Lors de mon DNSEP, je présentais un ensemble de dispositif traitant de cette reproduction de l’unique remettant en cause le geste de création.
En 2015, une formation dans les langages de programmation web m’a permis de me plonger dans l’univers digital. Le numérique comme médium artistique multiplie les possibilités. Cette technologie, source inépuisable de sujets, permet de rendre mes oeuvres autonomes, vivantes et interactives et donc de mieux correspondre à mes intentions. Aujourd’hui je pars d’un nouveau postulat repoussant plus loin mes théories: les liens entre le vivant et la technologie numérique. Cette technologie se rapporte à l’homme, occupe et définit notre contexte. Elle connait une évolution rapide, visible et quantifiable à l’image d’une espèce.
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Copy-unique 2.0
Avril 2016
Présentée lors des expositions Biotopie - Galerie de l'Ourcq Blanc - Paris, 120 d'arts traditionnels - Galerie des Jésuites - NîmesDimensions : 590x590x1700 mm
Matériaux : Imprimante 3D, photocopieur, papier.Copy-Unique 2.0 combine une imprimante 3D et un photocopieur. Le mouvement produit par le mécanisme de l’imprimante, sur deux axes, fait bouger une feuille posée sur le plateau du photocopieur. Lorsque le visuel vient à bouger lors du scanne, le résultat est déformé de manière aléatoire sur chacun des tirages. Dans cette installation, il est question de produire un glitch / bug ou accident lors de production.
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Veines
Avril 2016
Durée 1h30
Cette vidéo illustre l’idée de notre passage et de nos mouvements. La vie est ici représentée par le chemin que nous empruntons. Les traits se dispersent, partent d’un élément commun : la naissance. Pendant notre voyage, on vire, on évite, on se surprend, on va tout droit. Nous suivons un chemin qui est propre à nous même, délimité selon nos choix et nos actes. Cette oeuvre s’inscrit comme oeuvre contextuelle. Pour mettre en scène cette métaphore, j’ai simulé par ordinateur 400 trajets partant de la gare du Nord à Paris, station de métro qui comptabilise le plus de voyageurs par jour, et se dispersant à travers les rues avoisinantes. La vidéo dure une heure trente, c’est approximativement le temps que mettent les plus longs trajets. Toutes les informations de la vue satellite ont été gommées pour ainsi former visuellement des veines.
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Monolith
Avril 2016
Présenté lors de l'exposition Biotopie - Galerie de l'Ourcq Blanc - ParisDimensions : 590x590x1970 mm
Matériaux : Verre, fer, aluminium, latex, câbles et matériaux divers.Le monolithe, en archéologie, est un monument en lien direct avec les dieux, il est érigé pour raccorder le divin au réel. Ce Monolith fait la liaison entre la toute puissante technologie numérique et notre monde réel. Cette représentation divine digitale se présente sous la forme d’une grande baie de serveurs, dans laquelle, au milieu d’une faible lueur, on distingue une forme organique pensée comme un muscle: le coeur de H.I.D. , respirant, haletant, étrange. Par curiosité, le coeur attire le spectateur. Le Monolith agit sur nous. Plus nous nous en approchons, plus nous sentons cette vibration émanante du bloc. Cette installation fait référence au monolithe de Kubrick dans 2001 l’Odyssée de l’Espace.
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Catalys
Avril 2016
Présenté lors de l'exposition Biotopie - Galerie de l'Ourcq Blanc - ParisDimensions : 1300x50x2100 mm
Matériaux : structure aluminium, écrans, ordinateurs.Dans le cadre de la résidence à Ourcq Blanc , j’ai produit, avec l’aide d’Alexis Bauchu, développeur PHP, un programme permettant de scraper ( collecter ) automatiquement des images sur le site Flickr. Catalys, nom donné à ce software, pioche aléatoirement des mots-clés dans une liste longue de 250.000 termes et effectue une recherche dans l’API de la plateforme sociale de photos. Si il y a concordance avec le titre ou les tags, le logiciel télécharge 10 images. L’intention derrière cette appli. , est de canaliser et d’archiver des informations ou « brides de conscience », qui font parties de notre réalité numérique.
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Décalages
Mars 2017
Dimensions : 80x90x50mm
Matériaux : plastique.Objets buggés produits par une imprimante 3D, accident lors du processus de fabrication.
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Consciences
Vidéo / Diapositives
Durée : variableL’ensemble de ces images ou brides de conscience, passées à grande vitesse, tente de formaliser une cartographie visuelle et mental de notre monde.
Les images du projet de vidéos "consciences" sont collectées par le programme Catalys*. Suivant une liste de mots clés, le programme va automatiquement enregistré les photos sur le disque dur.