Carlota Sandoval Lizarralde
Plasticienne colombienne, née en 1996 à Bath (UK), Carlota Sandoval Lizarralde vit et travaille à Paris (FR). Diplômée de l’ENSA de la Villa Arson (DNSEP) en 2021, son travail est le fruit d’un entrelacement entre histoire personnelle et matériel historique. Elle interroge son héritage et ses traditions, ainsi que la manière dont ils ont façonné sa vision du monde. Carlota évoque ses réflexions à travers des formes "plastiquement "responsables - écologiquement et socialement - et des récits qui invitent à la pensée critique.
Sa pratique explore la malléabilité et la porosité du concept de « nepantla ». En langue Nahuatl « nepantla » veut dire « au milieu », et dans la culture latino-américaine il est utilisé pour signifier « l’entre-deux ». Lieu liminal, interstice, marge, creux et silence, elle emploie ce concept pour désigner le Seuil et la Frontière comme des fictions ou des réalités dépassées, à réinventer et à redéfinir ensemble. La dislocation identitaire, le multiculturalisme et l'hybridité culturelle jalonnent sa recherche. Ses pièces évoquent le caractère souvent paradoxal et contradictoire de nos identités dissociées et démembrées, comme celui de nos subjectivités multiples et changeantes.
En 2022, elle a réalisé trois résidences autour de sa recherche « Our hybrid and plural identities » : à la Villa Belleville (Paris), à Lacoste Residency (Luberon) et à La Générale (Paris). Son travail a été présenté, entre autres, au Consulat Voltaire (2022, Paris), à la Villa Belleville (2022, Paris), au Centre d’Art de la Villa Arson (2022, Nice) et au Château du Marquis de Sade (2022, Lacoste). Carlota Sandoval Lizarralde est lauréate du prix Pierre Cardin en sculpture (2021) de l'Académie des beaux-arts (Institut de France). Elle est aussi un-e des huit artistes sélectionné-es par le programme Passerelles (2ème édition) de l’association Contemporaines (Paris). Aujourd'hui, elle poursuit sa recherche dans son atelier au Consulat Voltaire (Paris).
-
La frontera
2022
Pastel à l’huile sur papier déchiré
Formats variables
Série
Photo : Jean-Christophe Lett
___La frontera est une série de dessins qui évoque et interroge la notion de frontière à travers des paysages latino-américains. Mes dessins tentent d’incarner l’espace sensible où les cultures, langues, races, classes et genres s’entremêlent : l’entre-deux.
Cette série s’inspire du livre "Borderlands / La Frontera : The New Mestiza" de Gloria Anzaldúa (écrivaine, poétesse et militante chicana) qui fut publié en 1985. Ce projet fut réalisé lors d'une résidence à Lacoste (Luberon), avec le soutien de Rodrigo Basilicati Cardin.
-
Commentaire sur l'enfance
2022
Meubles, lampe, 250 tresses en chanvre naturel, dessin au pastel à l’huile sur papier déchiré, photo de mon enfance
123 x 124 x 66 cm
Pièce unique
Photo : Adèle Onnillon
___Je me rappelle de Adonaï, qui tressait mes cheveux avant de partir à l’école, comme aux fois où j’entrelaçais les cheveux de mes cousines, poupées ou ami-es. Je me souviens aussi d’avoir grandi dans un univers « tressé », dans lequel les paniers, chaises, lits, meubles, toits, sols puis les vêtements et les tissus, étaient le fruit d’un tressage en osier, palme, fique, vigne, feuilles de bananier, guadoua, blé, canne flèche, gynerium, paille, bambou...
Je me rappelle de l’exotisation des tresses dans les villes côtières et surtout dans les plages caribéennes, où des touristes mais pas que, se faisaient tresser les cheveux par des fxmmes racisé-es.
-
Le paradis des fleurs
2022
Pastel à l’huile et feutre sur papier
29,7 x 42 cm (chaque)
Série
Photo : Adèle Onnillon
___Le paradis des fleurs est une série de dessins représentant des fleurs mutantes. Inspirée par l’abondance qui caractérise la nature et les paysages colombiens, je crée un monde où je joue avec les stéréotypes et l’exotisation des Caraïbes.
-
Coatlicue – Cihuacoatl – Tlazolteotl – Tonantzin – Coatlalopeuh - Guadalupe
2022
Pastel à l’huile, crayon à papier et feutres sur papier blanc
50 x 69,5 cm (chaque)
Série
Photo : Jean-Christophe Lett
___Cette série sur Coatlalopeuh ou Coatlicue, « celle qui porte une jupe de serpents », représente la divinité Toltèque puis Aztèque, dont est issue l’actuelle figure de la Virgen de Guadalupe. Coatlalopeuh était un serpent et représentait, entre autres, la sexualité. Or, à l’époque coloniale, les espagnols lui ont enlevé ses qualités sexuelles et démoniaques pour la convertir en entité chaste et protectrice sous le nom d’une nouvelle vierge : Guadalupe. Coatlicue se montre avec quatre visages humains, mais aussi parfois avec un visage de serpent et un collier avec des têtes humaines.
-
Le lit de ma mère lorsqu’elle était enfant
2020
Bois de sapin récupéré, cannage de rotin naturel, coton, paille, chapelets colombiens
190 x 90 x 90
Pièce unique
Photo : Jean-Christophe Lett
___J’ai recréé le lit dans lequel ma mère dormait avant de devoir quitter sa ville natale Neiva (Colombia) à cause du conflit armé et des attaques des FARC. Une offrande de ma part et une manière de lui redonner son enfance volée.
Le lit est accompagné de ma collection de chapelets, que j’ai commencé en 2014 lors de mon arrivée en France. Tous les chapelets viennent de Colombie, je les récupère soit quand j’ai l’occasion de rentrer chez-moi, soit si quelqu’un-e de mes proches vient en Europe. C’est une pièce évolutive, chaque chapelet racontant la traversée d’un océan, un déplacement, une trajectoire.
-
Mama
2022
Pastel à l’huile sur différents types de papiers déchirés
Formats variables
Série
___Mamá, est un projet dans lequel je questionne la notion de la mère, à travers une suite de dessins qui deviennent des messages d’amour adressés à cette entité. La mère, qui est à la fois la terre (Pachamama), la langue, celleux qui nous font nous sentir chez nous, et l’espace-temps - réel ou fictif - auquel nous nous sentons appartenir.