Lauren Tortil
Le travail, à la fois formel et érudit, de Lauren Tortil part d’une recherche généalogique non exhaustive sur les «grandes oreilles», ces dispositifs militaires d’écoute à distance, hérités des technologies de guerre duXXe siècle. Leurs formes fascinantes renvoient à un imaginaire proche de la science- fiction et de l’espionnage, relevant d’un intérêt pour le rétrofuturisme, ces figures d’anticipation utopique du passé. Cette étude documentaire et théorique est à la base d’un travail plastique que l’artiste développe sous forme d’installations sonores, de films, d’éditions ou de sculptures. De fait, c’est d’abord la forme spécifique de ces reliques technologiques qui intrigue l’artiste et qui appelle une démarche iconographique fondée, un peu comme chez l’historien d’art Aby Warburg, sur des motifs formels. En résulte une collection personnelle, ni scientifique ni réellement chronologique, associant images militaires, peintures fantastiques, archéologie et projets scientifiques parfois improbables. Certains, comme ces immenses miroirs acoustiques en béton créés pour la Royal Air Force britannique pendant la Première Guerre mondiale, ont d’indéniables qualités sculpturales, entre abstraction géométrique, architectures utopiques et expérimentations formelles modernistes de type Bauhaus. Replaçant ces images dans un dispositif littéraire, son projet le plus récent déploie une correspondance fictive entre l’inventeur du stéthoscope au XIXe siècle, un agent de l’armée américaine durant la Guerre froide et un informaticien de la DGSE d’aujourd’hui. De fait, plutôt que de tenir un discours sur la surveillance, les oeuvres de Lauren Tortil immergent le spectateur dans des expériences sensorielles et frictionnelles. Pointant la part de mystère qui entoure aujourd’hui ces fossiles militaires et politiques abandonnés, elle propose un retournement de situation avec effet miroir : comme s’il s’agissait de surveiller les dispositifs de surveillance et d’écouter les capteurs sonores eux-mêmes a n qu’ils nous renvoient à leur tour les signaux fragmentés d’histoires transmises à distance, non plus géographique mais historique.
Texte écrit par Guillaume Désanges,
dans le catalogue de la 62ème édition du Salon de Montrouge, 2017
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En libre suspens
En libre suspens est une vidéo écrite par sa bande son, filmée et réalisée in-situ au Pôle Phenix, à Pleumeur-Bodou en Bretagne. La fiction, abordée comme une nouvelle traduction de l’expérience vécue du site, se propose d’élargir notre perception auditive de l’espace par l’utilisation de « Grandes oreilles » : une antenne parabolique pour la captation de bruits lunaires et un stéthoscope électronique révélant la présence du personnage par ses bruits intimes.
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En libre suspens
En libre suspens est une vidéo écrite par sa bande son, filmée et réalisée in-situ au Pôle Phenix, à Pleumeur-Bodou en Bretagne. La fiction, abordée comme une nouvelle traduction de l’expérience vécue du site, se propose d’élargir notre perception auditive de l’espace par l’utilisation de « Grandes oreilles » : une antenne parabolique pour la captation de bruits lunaires et un stéthoscope électronique révélant la présence du personnage par ses bruits intimes.
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Miroirs acoustiques, Camouflages Dazzle, Grandes oreilles
Le contenu de cette édition, accompagnée d'un poster, se décompose en trois parties autonomes élaborées à partir d'un même système : une collecte iconographique donnant à voir des dispositifs militaires désuets datant de la Première et Seconde Guerre mondiale, enveloppée d'un étui textuel. Soit deux livrets qui présentent, par une collecte d'images d'archives, le camouflage Dazzle et les grandes oreilles ; et un livret consacré à celui des miroirs acoustiques dont j’ai produit pour l'occasion les images, en 2016, sur l'ancien site de la Royal Air Force à Dungeness, dans le Kent, en Angleterre.
Réalisée en collaboration avec Jérémy Barrault.
Diffusée par Tombolo Press. -
Miroirs acoustiques, Camouflages Dazzle, Grandes oreilles
Le contenu de cette édition, accompagnée d'un poster, se décompose en trois parties autonomes élaborées à partir d'un même système : une collecte iconographique donnant à voir des dispositifs militaires désuets datant de la Première et Seconde Guerre mondiale, enveloppée d'un étui textuel. Soit deux livrets qui présentent, par une collecte d'images d'archives, le camouflage Dazzle et les grandes oreilles ; et un livret consacré à celui des miroirs acoustiques dont j’ai produit pour l'occasion les images, en 2016, sur l'ancien site de la Royal Air Force à Dungeness, dans le Kent, en Angleterre.
Réalisée en collaboration avec Jérémy Barrault.
Diffusée par Tombolo Press. -
Mise en silence
Si nous pensions le langage comme excès, le silence serait cet espace où advient le sens. Mise en silence est une performance collective et polylingue écrite par l’artiste et une trentaine d’adolescents allophones arrivés depuis peu en France. Munis de portevoix, ils se proposent de jouer avec les étendues de propagation du son au sein du Centre Pompidou, de composer un nouvel espace d’échange – dilaté – par voie acoustique afin d’y révéler la puissance du silence.